Aucune femme, quelle que soit sa position socioprofessionnelle n'est à l'abri du cancer du sein, les femmes ministres aussi. C'est dans ce sens que les membres féminins du gouvernement marocain ont subi une mammographie à l'hôpital d'Oncologie Ibn Abdellah de Rabat. Avec des noeuds roses, symbole international de la lutte contre le cancer du sein, toutes les femmes ministres marocaines étaient au rendez-vous ce lundi 5 mai à l'hôpital Ibn Abdellah à Rabat. Quel est l'objectif de cette rencontre qui sort un peu de l'ordinaire? Ces femmes, membres du staff du gouvernement marocain, ont subi une mammographie au service radiographie. «Sensibiliser les femmes à l'importance du dépistage précoce et la surveillance régulière des seins, est le meilleur moyen pour lutter contre un fléau qui prend de l'ampleur au Maroc», tel est le crédo de ces responsables. Interrogée sur ce que peut signifier la présence de toutes les femmes ministres, dans un centre hospitalier, Latifa Abida, secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement scolaire s'explique : «tout d'abord, il faut signaler qu'il s'agit d'une grande première initiée par La princesse Lalla Salma. Le message est fort et simple. Il faut que toutes les femmes se soucient de leur santé pour ne pas perdre la vie sous silence à cause d'une maladie qu'elles ont ignorée». Elle a ajouté «Aucune femme, quelle que soit sa position socioprofessionnelle, n'est à l'abri du cancer du sein. En sus, les femmes ministres ne peuvent échapper à leur nature biophysique». Sensibilisation Ce ne sont pas ses consoeurs qui vont la contredire. La plupart des femmes ministres ont répété qu'anticiper, prévenir et sensibiliser, sont des actions qui permettent de limiter efficacement les conséquences de cette maladie. Elles font l'unanimité et sont l'objectif de cette campagne lancée par l'Association Lalla Salma tout au long du mois de mai. Les femmes marocaines sont invitées à prendre part durant tout ce mois aux campagnes d'information, de prévention et de lutte contre cette maladie. A peine prononcé, le mot cancer tétanise et sa réalité effraie. Et pour cause. Cette maladie représente l'une des premières causes de mortalité au monde. Pourquoi les femmes ont peur ? D'abord, les chiffres sont très alarmants au Maroc. Entre 12.000 et 15.000 femmes par an développent un cancer de sein. 53% en milieu urbain et 73% en milieu rural découvrent la maladie à un stade avancé. Ainsi, au Maroc, il demeure la principale cause de mortalité des femmes âgées entre 45 et 59 ans. Cela dit, cette maladie atteint de plus en plus de jeunes femmes. Une marocaine sur dix sera atteinte de cancer du sein au cours de sa vie et seulement 3000 sont diagnostiquées dont 1/3 est soigné. Ce risque est considéré en termes de santé publique, comme statistiquement le plus élevé. Le maître mot, est nul doute la prévention et le dépistage précoce. D'après les professeurs et les médecins, le diagnostic précoce, augmente les chances de guérison. Comme ils confirment que le meilleur moyen de lutter contre ce fléau est de parler des seins, afin de lever les tabous et inciter les femmes à prendre conscience du danger pouvant atteindre cet organe. La lutte incombe à tous Interrogée sur le suivi après le dépistage en cas de cancer, Latifa Abida a signalé que le rôle de l'Association prend de l'ampleur. A part l'action de sensibilisation des femmes, l'Association œuvre pour développer les centres d'oncologie à travers tout le royaume, à Fès, Mohammedia, Oujda, Agadir pour renforcer les centres de Rabat et Casablanca. Elle a ajouté qu'elle envisage la création à proximité, d'espaces d'hébergement temporaire pour les malades «Maison de vie» à Agadir et à Casablanca. Certes, leurs efforts sont louables, mais ils demeurent insuffisants en l'absence de l'implication des acteurs multiples. La situation et la réparation démographique du Maroc avec un habitat rural dispersé et important, laissent une partie exclue d'une surveillance attentive et/ou d'un soin intense et régulier. Ajoutons aussi que les femmes ayant fait l'objet de dépistage, ne peuvent pas toutes être prises en charge. Sachant que le traitement de chimiothérapie à base de Docetalexel qui est pris en charge, une question taraude l'esprit : quelle est la proportion des femmes qui bénéficient d'une mutuelle au Maroc ? Il est clair que la tâche difficile de lutte contre le cancer du sein n'incombe pas seulement à l'Association, mais plusieurs acteurs sont appelés à s'y mettre : Le ministère de la Santé, le système de couverture sociale, les ONG, les bienfaisants et les opérateurs économiques. Sur certaines pancartes on peut lire : «mobilisons nous contre le cancer du sein «, « le dépistage précoce peut sauver la vie», «luttons contre la cancer du sein», mais le slogan le plus significatif et le plus frappant est celui «Tous contre le cancer du sein».