Le père meurt en 1988 et laisse derrière lui des lopins de terre dans la région d'Essaouira. Les héritiers, surtout Ahmed et Said, deux frères, entrent dans un circuit infernal, qui vise le partage, pendant 10 ans. Ahmed s'associe à son beau-frère Omar, pour abattre son propre frère qui faisait sa prière au bord de l'Oued. Si le père savait, il n'aurait laissé aucun gramme de terre ni une feuille d'olive à ses héritiers, surtout ses enfants. Mariés et pères d'enfants, Ahmed et Said ne laissaient passer aucune semaine, surtout en période de labour, sans créer un scandale au cours duquel ils s'échangeaient tant qu'ils pouvaient injures, insultes et coups de poings. Durant dix ans, membres de la famille, proches et mère faisaient l'intermédiaire pour que chaque querelle finisse par une réconciliation. La cause de ces scandales, était que Ahmed, le frère aîné, refusait le partage dans l'intérêt d'une famille qu'il voulait unie. Il refusait de saucissonner le petit héritage laissé par leur cher père, pour éviter qu'il ne se transforme en miettes. Mais Said n'en faisait qu'à sa tête, faisant du partage une idée fixe, au point qu'il considérait les appuis familiaux dont bénéficiait la vision d'Ahmed, comme injustes à son égard.Ahmed a eu l'idée de recourir, cette fois-ci, à l'appui d'Omar, son beau-frère, qu'il a vite embobiné pour que celui-ci le suive dans sa démarche. Négations en bloc Les après-midis, Said avait pris l'habitude de se rendre près de l'Oued qui traverse leur douar pour ramasser les feuilles qui tombaient des oliviers. Said était accompagné de son fils à peine âgé de 15 ans. Dans un premier temps, ils ont rodé autour des arbres et ont fait le tour des champs pour attendre le départ du fils. Au moment où Said accomplissait pleinement sa prière d'Al Maghrib, le frère et le beau-frère se jetèrent sur lui. Coups de pieds, coups de poings, coups de bâton…Said ne pouvait plus se relever. Pieds, rotules et bras étaient fracturés. Said criait de toutes ses forces et son fils Nourreddine l'a entendu. Lorsqu'il est revenu et s'est approché de la scène, il n'avait de choix que de courir de toutes ses forces prévenir les habitants du douar qui ont vu que Said était laissé pour mort. Bien qu'une ambulance ait tardé à venir, Said a été transporté à l'hôpital Mohamed Ibn Abdillah d'Essaouira. Sa femme a déposé une plainte et des instructions ont conduit les gendarmes à mener leur enquête. Ahmed et Omar ont nié en bloc les accusations qui leur étaient reprochées, prétendant ne pas être sortis de chez eux cet après-midi-là. Cependant, l'audition des épouses a révélé des contradictions flagrantes. Pour Omar, sa femme a déclaré que son mari était sorti dans l'après-midi et n'est revenu que pour le dîner, pâle et angoissé. La femme de Ahmed a déclaré pour sa part, que son mari avait quitté la maison cet après-midi là et lorsqu'il est revenu,il était dans un état hystérique, a enlevé ses vêtements entachés de sang et lui a demandé de les cacher dans un coffre en bois. La Cour a condamné chacun des accusés à dix ans de prison ferme, car Said a succombé à ses blessures.