C'est une première dans les annales des relations partenariales entre le patronat marocain et l'ONCF, qui ont organisé, le jeudi 27 mars à Tanger, une journée d'informations spécialement dédiée aux projets ferroviaires régionaux du rail érigeant, désormais ce dernier, en un acteur majeur du développement socioéconomique du Nord du Royaume. Les opérateurs économiques savent se montrer, sous la houlette fédératrice de leur confédération CGEM, volontaristes dans leur contribution à la dynamique soutenue et accélérée de développement global et intégrée du Nord du Royaume. Si le tourisme demeure le principal pourvoyeur d'emplois de la région, il n'en demeure pas moins que d'autres secteurs d'activités se mobilisent de plus en plus, confirmant, ce faisant, l'attractivité d'un territoire enfin devenu propice aux investissements, notamment les IDE. Le bilan du CRI (Centre régional d'investissements) pour les 6 premiers mois de 2007 est plus qu'encourageant, en déclinant plus de 120 projets d'investissements, générant près de 16 000 emplois dont plus de 12 320 uniquement pour le tourisme, correspondant à un saut remarquable de 62%, comparé à 2006. 10 milliards de DH d'investissements Cette même période a généré un montant global des investissements estimé à 9,5 milliards de DH destinés au BTP qui s'accaparent un peu plus de la moitié des projets au moment où le secteur touristique a attiré les plus gros fonds évalués à plus de 7 milliards de DH. La vitrine de l'Europe passe à la vitesse supérieure en multipliant les grands chantiers d'infrastructures et les investissements qui ont complètement métamorphosé une région de 6 millions d'habitants longtemps marginalisée en un poumon économique du Royaume dans son interface dynamique à la croisée des continents et des grandes routes maritimes, pour s'ériger en plate-forme de production, d'échanges et de logistique de dimension méditerranéenne. Sitôt le méga-chantier de Tanger-Med ayant mis en exploitation ses deux premiers quais à conteneurs concédés à des consortiums champions mondiaux, que le projet de Tanger-Med II, d'une capacité de trafic plus grande, est déjà bien avancé dans ses phases préliminaires et de préparation des concessions des futurs quais. Aussi, le foisonnement de projets et de réalisations, explique la présence du Souverain qui vient d'inaugurer la desserte autoroutière longue d'une cinquantaine de kilomètres et coûtant plus de 4milliards de DH du nouveau port. C'est dire l'importance d'un site qui gagnera en valeur ajoutée, en complétant bientôt le dispositif des voies de communication par l'achèvement en cours de finalisation dûe à la connexion ferroviaire de Tanger-Med. Une réalisation majeure, mobilisant plus de 3 milliards de DH sur une voie ferrée électrifiée pour y circuler à une vitesse de 160 km/h longue de 43 km, qui a séduit les nombreux opérateurs et dirigeants présents à la conférence donnée par le Directeur Général de l'ONCF sur les projets ferroviaires dans la région de Tanger-Tétouan. En effet, c'est à l'invitation de l'Union régionale du Nord de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), que le dirigeant cheminot a énuméré, le mardi 27 mars à l'hôtel Rif de la capitale du détroit, les principaux «Projets d'infrastructures ferroviaires et leur impact sur la région de Tanger-Tétouan», thème de la rencontre. Après une présentation sur l'évolution historique et la consistance du réseau ferroviaire national, le Directeur Général de l'Office a mis en relief les mutations profondes qui ont marqué la genèse récente du rail, depuis la restructuration entamée en 1994 à la libéralisation du secteur ferroviaire national encadrée par la Loi n° 52-03 réglementant l'organisation, la gestion et l'exploitation du réseau ferroviaire marocain, en passant par l'étape de la réorganisation de l'Office, en 2002, en unités d'affaires, consacrant le passage d'une logique de restructuration à celle du développement durable. Ce dernier a été étayé par des données appuyant la croissance dynamique et en hausse continue des activités ferroviaires, où les variations de trafics Voyageurs et Frêt se sont accrus, respectivement, de 77% et de 23% entre 2002 et 2007. Les résultats financiers ont obéi à la même logique de trend haussier, en marquant une croissance soutenue des principaux indicateurs. Ainsi, la Valeur ajoutée a progressé de 56% dans la même période considérée, l'excédent brut d'exploitation s'est amélioré de 95% et la capacité d'autofinancement a augmenté de 73%. La situation à fin 2007 montre, au registre de l'exécution du contrat-programme mobilisant un investissement de 17,2 milliards de DH dédiés au financement des projets de mise à niveau, d'augmentation de la capacité et d'extension du réseau, un taux de financements des projets engagé à hauteur de 94% correspondant à un taux de réalisation de 65% des chantiers. Concernant le Nord proprement dit, le Directeur Général de l'ONCF a rappelé la consistance actuelle du réseau régional comprenant 64 km de lignes entre Tanger et Asilah, une vingtaine d'ouvrages d'art, 2 tunnels et 13 passages à niveau. L'offre de transport est fournie à travers 4 gares ferroviaires réaménagées aux normes des espaces multiservices desservies par une dizaine de trains Voyageurs acheminant 6.000 personnes à la cadence de circulations quotidiennes espacées toutes les 3 heures. Le challenge de la grande vitesse ferroviaire Le trafic voyageurs par train dans cette région s'est considérablement accru en l'espace de 5 ans, passant de 870.000 personnes en 2002 à 2.000.000 de passagers en 2007. Les transports terminaux par autocars assurent 6 dessertes quotidiennes en mode rail-route à destination de Tétouan et de Nador. Au volet du fret, 2 convois de marchandises circulent tous les jours à l'aide d'un matériel diversifié et adapté qui a permis d'accroître le volume transporté de 50% pour s'établir à 173 044 tonnes à fin 2007. Ces performances connaîtront un saut substantiel avec la mise en œuvre d'ambitieux projets d'infrastructures ferroviaires pour la région du Nord du Royaume, dont le développement est en phase avec la politique des grands chantiers du gouvernement favorisant un positionnement du rail en qualité de vecteur de développement et d'aménagement du territoire, tout en améliorant progressivement l'offre et la compétitivité des produits commercialisés par l'ONCF. Ces projets permettront de renforcer la fluidité et la fréquence des circulations qui passeront à 18 trains/jour dans une première phase, avant d'atteindre 40 trains dans la suivante. Les temps de parcours seront améliorés respectivement de 1h 20 en tablant sur le transport de 4 millions de voyageurs, et ne durera que 2h 10 en deuxième étape avec une prévision de 8 millions de passagers. La cadence des circulations passera de 2 trains par jour actuellement, à 14 trains et le volume pressenti de trafic frêt s'annonce, également, très encourageant. Les investissements structurants engagés sur la période 2008-2009, mobilisent un budget de 5,3 milliards de DH pour l'achèvement de la connexion ferroviaire du nouveau port de Tanger-Med, le raccourci Sidi Yahia-Mechraâ bel Ksiri, le renouvellement des voies et des lignes électrifiées, la modernisation de la signalisation ainsi que la rénovation des gares et du matériel roulant. Les autres projets, à plus long terme, intéressent la plate-forme logistique, la construction d'une gare frêt et les embranchements particuliers, dont celui de l'industrie automobile Renault-Nissan, dont les études sont en cours. La phase suivante verra la mise en œuvre du TGV entre Casablanca et Tanger, dans son tronçon prioritaire pour boucler les 200 km séparant la capitale du détroit de Kénitra à la vitesse de 320 km/h, auquel est alloué un investissement de 20 milliards de DH.