Un collectif international a été créé le 15 mars dernier en France pour dénoncer la déportation des enfants Sahraouis vers Cuba. L'initiative vise à fédérer les ONG internationales pour faire cesser cette pratique inhumaine, contraire au droit international. À l'initiative de Mohamed Mraizika (Consultant/chercheur en Sciences Sociales et en Droit International Humanitaire/ Président d'Almohagir, Directeur de l'ICLH). Une réunion de sensibilisation et concertation sur la situation des enfants sahraouis envoyés à cuba, s'est tenue le 15 mars dernier à Paris au centre Maurice Ravel. L'initiative intervient pour soulever un douloureux problème. Des centaines d'enfants sahraouis sont séquestrés à Tindouf ou envoyés contre leur volonté à Cuba pour de longues années. Ils y subissent les formes d'humiliation, d'exploitation et de privation les plus insupportables. Selon Mohamed Mraizika : «Nous n'avons pas le droit de laisser ces enfants sahraouis vivre longtemps encore ce calvaire. Ce drame humain ; car il s'agit bien d'un drame humain, n'a que trop duré. Notre devoir aujourd'hui est d'alerter l'opinion publique internationale et de mobiliser toutes les ONG qui militent dans le champ des droits de l'Homme, afin d'exiger la libération inconditionnelle et rapide de ces enfants et demander leur retour à leur mère patrie et à leurs familles». C'est dans cette perspective, que la constitution d'un Collectif associatif international a été initié. Ce collectif aura pour vocation principale de mener une vaste campagne d'information et de sensibilisation sur le sort des enfants sahraouis marocains séquestrés à Tindouf ou envoyés à Cuba. Le mois de février dernier, le professeur Mraizika avait envoyé une lettre au président Cubain Raoul Castro. Dans sa lettre, Mohamed Mraizika, annonce que depuis des années, des enfants sahraouis marocains sont arrachés dès leur 8e ou 9e anniversaire à leur terre et à leurs familles et envoyés à Cuba, en particulier à l'Ile de la Jeunesse à partir des camps de Tindouf en Algérie. Ils y demeurent durant de longues années coupés de leurs racines historiques et affectives. Ils y sont envoyés officiellement pour la poursuite de leur éducation et de leur formation. Mais, en réalité, leur déportation n'a de but que d'exercer un contrôle étroit sur les camps de Tindouf et de pratiquer un chantage honteux sur les familles qui y sont retenues contre leur volonté. Leur formation n'a de contenu que la fabrication de bombes et le maniement des armes. L'enseignement qu'ils subissent n'a pour finalité que de «faire d'eux des propagandistes et des espions». Employés dans les usines de la Havane, ou dans les champs de tabac ou de canne à sucre des campagnes cubaines, ils sont victimes de formes d'exploitation les plus intolérables. Plusieurs de ces enfants sont morts à Cuba et leurs corps se trouvent toujours sur place, au grand désespoir de leurs familles installées de force à Tindouf. Mohamed El Hamraoui 3 questions à Mohamed Mraizika* «Ces enfants subissent des formes d'humiliation à Cuba» La Gazette du Maroc : Pourquoi un collectif pour la libération des enfants déportés à cuba ? Mohamed Mraizika : Dans le dossier du Sahara, il y a un volet qui ne semble pas occuper la place qu'il mérite : la situation des « enfants sahraouis séquestrés à Tindouf ou envoyés à Cuba ».Cette situation est dramatique. Il est aujourd'hui prouvé que des centaines d'enfants sahraouis sont séquestrés à Tindouf ou envoyés contre leur volonté à Cuba pour de longues et pénibles années. Ces enfants subissent dans les camps de Tindouf comme à Cuba, les formes d'humiliation, d'endoctrinement idéologique, d'exploitation et de privation des plus insupportables. Les instances internationales et les ONG les plus impliquées dans la défense des droits humains ont été à maintes occasions alertées, quant au sort et aux conditions de vie de ces enfants. La question a été évoquée au sein des instances européennes et même lors des sessions annuelles de la commission des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies, Malheureusement, cette situation dramatique perdure. La question qui mérite donc d'être posée ici est la suivante : avons-nous le droit de laisser ces enfants marocains vivre longtemps ce calvaire ? De cautionner ce silence ? Que proposez-vous concrètement face à cette situation ? Plus concrètement, nous avons décidé d'agir, de refuser de continuer à faire la « politique de l'autruche » et de dire très clairement et publiquement mille fois non. Il faut que ce drame humain cesse, que ces enfants retrouvent leur liberté, leurs familles et leur mère patrie. L'idée de créer un Collectif International procède essentiellement de cette volonté d'agir. Reste maintenant à doter ce Collectif d'un cadre adéquat et trouver les modalités de son organisation et de son action les plus sûres. La réunion qui a eu lieu à Paris le Samedi 15 mars et à laquelle ont participé de nombreuses délégations en provenance d'Italie, d'Espagne, de Luxembourg, des Pays Bas, de la France, de l'Angleterre, s'est fixée comme objectif de trouver des réponses claires à ces questions d'organisation et d'action. En somme, au cours de cette réunion, il a été décidé de poser les premiers jalons de ce Collectif associatif international qui aura pour tâche première de mener une vaste campagne d'information et de sensibilisation sur le sort des enfants sahraouis marocains séquestrés à Tindouf ou envoyés à Cuba. Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour dénoncer cette pratique pourtant exercée depuis des décennies ? En effet, le problème n'est pas récent. Ies premières déportations d'enfants sahraouis vers Cuba à partir des camps de Tindouf ont commencé dès la fin des années 70. Ces enfants ont quitté les camps sous couvert de passeports et de visas algériens. Ce qui a faussé les statistiques, la perception et le traitement même du problème. De nombreuses initiatives ont été prises depuis sous des formes diverses : dénonciation devant les instances internationales, articles, communiqués de presse, témoignages, manifestations ... J'ai moi-même écrit des articles sur le sujet. Plus récemment, j'ai adressé une lettre de protestation ouverte au Président de l'Université Paris X Nanterre, suite à l'organisation d'un Colloque au sein de cette Université par le « Polisario ». Cette lettre publiée sur des sites internet a été lue plus de 80 000 fois. Un droit de réponse nous a été « accordé » et nous sommes sur le point de finaliser le projet d'un Colloque dans cette même Université en collaboration avec des universités pour exposer la position marocaine. Dans le même esprit, j'ai adressé il y a quelques semaines une lettre au président Cubain Raoul Castro à l'occasion de sa nomination pour attirer son attention sur la question des enfants sahraouis marocains installés dans son pays et qui y subissent les privations et les formes d'exploitations les plus honteuses.