Eviter la récession à l'économie mondiale est tellement important, qu'il ne saurait être laissé aux seuls dirigeants américains. e n'est pas difficile de s'inquiéter à propos de l'économie mondiale. S'ils ne vivent pas encore une récession, les Etats-Unis n'en sont certainement pas loin. Et les autres économies des pays riches s'affaiblissent à mesure que la crise des crédits s'étend. Dans ses nouvelles prévisions, le Fonds monétaire international (FMI), estime que la croissance mondiale devrait ralentir, passant de 4,9% à 4,1%. Les pays riches devraient enregistrer 1,8% seulement de croissance de leur PIB. Mais cela pourrait se montrer optimiste. Etant donné que cette régression vient d'une crise financière, les conséquences n'en sont qu'incertaines. Nul ne connait ni ce qui se cache derrière les calamités financières, ni à quel point, les crédits se contracteront. Mais une chose est claire. En s'adoptant, tous les cas de figure face à la menace, les gouvernants ne donnent pas plus de visibilité. Aux Etats-Unis, les politiciens et les banquiers mettent l'accent sur les incitations politiques. La Réserve fédérale a réduit ses taux d'intérêt de 1,25 point de pourcentage au cours des dernières semaines, les portant à 3% seulement. Les marchés financiers attendent une nouvelle baisse, avant la prochaine réunion du 18 mars. Cette semaine, George Bush a fait adopter une série de lois portant sur des exonérations ou des franchises fiscales et des incitations aux investissements portant sur 152 milliards de dollars, soit juste plus de 1% du PIB. L'une des raisons de cette frénésie est éminemment politique. La perspective des élections de novembre explique pourquoi ce plan (cadeau) fiscal a été adopté en un temps record. Mais il y a deux bonnes raisons encore. D'abord, il y a simplement le besoin de réagir à court terme face à la récession : le chômage s'étend, les dépenses de consommations des ménages s'effondrent et les conditions de crédit sont de plus en plus contraignantes. Ensuite, il y a une autre raison : La Fed aussi bien que le Trésor croient qu'en donnant des incitations aujourd'hui, ils minimiseront les conséquences d'une sévère crise financière et d'une récession plus profonde. Ce raisonnement fait échos dans un autre endroit à Washington DC, la capitale américaine. Le FMI, longtemps fervent avocat de la discipline budgétaire, a applaudi les mesures prises par les Etats-Unis et incite même les autres pays à élaborer des plans fiscaux au cas où, les perspectives de l'économie mondiale s'assombrissaient. En plus des Etats-Unis, selon le FMI, les pays représentant le quart du PIB global, ont la possibilité de prendre des mesures fiscales ou d'augmenter leurs dépenses. Le FMI joue sa dernière carte Pour réduire le désastre, ils devraient commencer à prendre les mesures dès à présent. Cependant, peu de pays exceptés les Etats-Unis, acceptent cette logique et partagent cette insistance. La Grande-Bretagne et le Canada ont réduit récemment leur taux d'intérêt au cours des derniers mois, mais de façon beaucoup moins importante que la FED. Le Canada à réduit les impôts récemment, mais n'est pas très favorable à en faire davantage. La Banque Centrale Européenne, a catégoriquement rejeté d'un revers de main la baisse du taux d'intérêt et a vertement critiqué l'idée des incitations fiscales. Dans les économies émergentes, également, l'appel au relâchement budgétaire semble tomber dans l'oreille d'un sourd, quoi que les prix élevés des biens de consommations et la meilleure gestion de l'économie signifient que des pays comme la Chine, la Russie et même le Mexique ont beaucoup plus de marges de manœuvre pour desserrer leur budget. Ce scepticisme est en partie justifié par les fondamentaux économiques. Avec une demande intérieure en plein boom, beaucoup de pays émergents s'inquiètent plus, et avec raison, à propos de la surchauffe et de l'inflation qu'à propos d'une récession. Les derniers chiffres laissent voir que la demande intérieure chinoise est en croissance. Des exportations moins importantes pourraient être ce dont avait besoin la Chine pour amener la croissance à un niveau plus durable. Bien que les économies européennes soient plus vulnérables que ne l'indiquerait le malin plaisir ressenti à Frankfurt et Bruxelles, au moins, la demande est en train de rétrécir davantage qu'aux Etats-Unis. De plus, le risque d'inflation est plus grand. L'économie mondiale pourrait et devrait ralentir à partir de sa récente évolution. Cependant, une croissance mondiale de 4% est loin d'être une récession. L'histoire est plutôt du côté des sceptiques. L'efficacité d'une relance grâce à un style Keynésien n'est pas toujours avérée. Bien souvent, les politiciens n'ont pas réussi à contrecarrer la récession et n'ont d'ailleurs fait qu'aggraver l'endettement. De plus, les gouvernements ne doivent rendre des comptes qu'à leurs citoyens: C'est un non sens qu'un pays fasse surchauffer son économie pour éviter le ralentissement aux Etats-Unis. Tout le Monde doit s'y mettre Mais l'inquiétude ici, n'est pas seulement à propos d'un ralentissement, mais le risque d'une sévère récession mondiale avec laquelle les pays émergents tout autant que les pays riches, connaitront une baisse bien au-delà de ce qui est prévu. En dehors des Etats-Unis, tout le monde est conscient de ces conséquences. Au récent sommet des dirigeants du G7 à Tokyo, Peer, Steinbrück, le ministre des Finances Allemand, a fait noter que les pertes totales des subprimes pourraient atteindre 400 milliards de dollars. Si les prix de l'immobilier baissaient davantage, tout le monde sait que les pertes seraient beaucoup plus importantes et les conséquences de la calamité financière s'aggraveraient. Cependant, les décideurs internationaux ne daignent pas lever le petit doigt pour parer aux fâcheuses conséquences. La meilleure assurance mondiale, sont les incitations américaines. Ce n'est pas faire preuve de sagesse. Des taux d'intérêt sont un outil peu efficace pour éviter la crise des marchés finances. Si cette calamité est liée à la chute des prix de l'immobilier ou à la faiblesse des établissements financiers, à l'image des assureurs, alors les solutions ciblées sont importantes. La solution du marché, à l'image de l'offre récente de Warren Buffet à réassurer les obligations municipales, devrait peut-être faire ses preuves. Mais le marché de l'immobilier américain devrait connaître un certain dépoussiérage avec l'émergence de nouvelles institutions de l'ère de la dépression, à l'image de la Société de crédit pour les propriétaires qui achètent et refinancent les hypothèques. En Europe, les régulateurs pourront faire davantage pour forcer les banques à reconnaître à provisionner leurs pertes. Plus inquiétant encore, si le reste du monde laisse la Fed se débrouiller seule et fournir à chacun sa police d'assurance, les taux d'intérêt américains seront trop bas pendant trop longtemps comme ils l'étaient entre 2001 et 2004. Des taux d'intérêts américains trop bas pourront augmenter les effets d'une nouvelle bulle de surliquidité et fausser le rééquilibrage de l'économie mondiale. Le Monde serait meilleur si la gestion du risque ne reposait pas sur un seul pays.