Dans les milieux pétroliers occidentaux, on s'accorde à affirmer que les prix du pétrole pourraient se maintenir en 2008, plus ou moins, au même niveau qu'en 2007. Des facteurs climatiques ou géopolitiques pourraient même pousser le prix du baril à 100 dollars. Les pays non producteurs et qui consomment trop, devraient s'attendre à voir leurs factures pétrolières augmenter et peser lourd sur leur déficit budgétaire. Pour certains analystes pétroliers, ces pays ne doivent pas avoir d'illusions quant à la baisse de la demande ou à une plongée plus significative du dollar. Ce dernier étant lié au marché du brut. En effet, du côté de la demande mondiale, les principales prévisions disponibles le situent en 2008 entre un minimum de 87,6 millions de barils/jour, selon l'OPEP et un maximum de 87,8 millions barils/jour d'après l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), dans son rapport mensuel Oil Market Report du 16 janvier dernier. La persistance d'une forte demande pétrolière est partiellement explicable, du fait que ce sont les pays émergents et les autres pays en dehors de l'OCDE qui continuent d'alimenter l'accroissement des besoins, avec une augmentation attendue en 2008 de 5,8%. Lors de la présentation, le mercredi 13 février 2008, des résultats pour l'année 2007 de son groupe, le directeur général de Total, Christophe de Margerie, nous disait que «les prix resteront élevés». Il estime que le fond du problème, c'est qu'il faut plus de pétrole et plus d'énergie. Par ailleurs, chez Shell, Exxon Mobil, Chevron et Repsol, on tient à préciser que tant que l'on ne retrouvera pas un peu plus de marge de manœuvre en termes d'offres, les marchés resteront sous tension et les fluctuations au niveau des prix persisteront tout le long de l'exercice en cours. Un constat confirmé par Nicolas Sarkis, directeur du Centre Arabe d'Etudes pétrolières (CAEP), et Sadek Bousenna, l'ancien ministre algérien de l'Energie, actuel professeur d'Economie à l'UPMF à Grenoble, lors de la conférence tenue le 7 février à l'Institut du Monde Arabe sous le thème : «Demain, le Pétrole du Moyen-Orient». Pour le premier, la dépendance du pétrole de cette région qui était de 25% en 2001, est passée à 42% actuellement. Il est prévu que celle-ci passera à 52% en 2010 et à 68% en 2030. De son côté, Bousenna rappelle que les réserves pétrolières mondiales (65%) qui se trouvent au Moyen-Orient se sont amoindries et les marchés pétroliers ont changé. Il estime, par ailleurs, que la cogestion des interdépendances sécuritaires dans le secteur énergétique apparaît indispensable pour diminuer les tensions et assurer l'équilibre de l'offre et de la demande. Dans les milieux pétroliers, on affirme qu'une nouvelle guerre du pétrole a commencé et l'on assiste à une lutte sans merci entre les compagnies pétrolières internationales. Le patron de Total a indiqué que la stratégie du groupe est d'abord de maintenir l'effort dans l'exploration - production pour assurer le renouvellement des réserves. «C'est le nerf de la guerre», réaffirmait-il dans sa conférence de presse, avant d'annoncer que «l'enveloppe consacrée aux investissements va passer de16 à 19 milliards de dollars en 2008. Ce qui confirme cette guerre déjà consommée qui rendra les prix encore plus chers. Autre éventualité que les petits pays consommateurs doivent prendre en compte, c'est la hausse du taux de change du billet vert. A cet égard, les rapports établis par les grandes banques de l'OCDE parlent déjà d'un «Plan de sauvetage du dollar». Ils notent qu'il est temps que l'administration Bush prenne les mesures adéquates pour arriver à instaurer un dollar fort avec un plafond bien déterminé. C'est pour cette raison, et pour bien d'autres, que les Etats du Golfe, dont les monnaies sont liées dans leur majorité au dollar américain, refusent tout désengagement dans ce domaine. S'il y a un plan de sauvetage auquel participeront les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis au cours de cette année, les factures pétrolières des pays consommateurs vont déstabiliser encore plus les économies de ces derniers. Ce, au moment où les revenus des Etats producteurs et exportateurs vont augmenter encore plus.