Parcours exceptionnel. Les milieux bancaires ont salué le départ à la retraite d'un manager financier qui aura marqué la modernisation d'un secteur. Noureddine El Omary quitte ses fonctions avec le sentiment du devoir accompli. Si nombreux sont ceux qui le créditent de qualités managériales et de compétences en ingénierie financière tout à fait remarquables, d'autres beaucoup moins nombreux n'hésitent pas à lui trouver un côté «commercial perfectible». Toujours est-il que le patron sortant du premier groupe bancaire marocain, secteurs public et privé confondus, est un dirigeant financier connu et reconnu. Car c'est avec beaucoup de mérite, et à l'unanimité des membres votants, que Noureddine El Omary a été élu, en octobre 2006, à la vice-présidence de la Confédération internationale des Banques populaires (CIBP) en guise de reconnaissance à ses efforts déployés au service du développement social et de la lutte contre la pauvreté et la précarité, dont le fer de lance a fait école pour faire apprécier les états de service hors de nos frontières de la FBPMC (Fondation Banque Populaire pour le microcrédit). Une référence incontournable qui vient d'être confirmée dans le classement universel 2007 prononcé par le prestigieux magazine financier américain Forbès propulsant aux tous premiers rangs mondiaux la Fondation Banque populaire sur les 641 institutions similaires sélectionnées parmi les plus performantes, tous continents confondus. D'ailleurs, le premier des banquiers «populaires» dans le Royaume n'a jamais fait mystère de ses ambitions à l'international en nourrissant des «conquêtes» croissantes en Europe et en Afrique, notamment. Une attitude aussi audacieuse qu'entreprenante qui vient conforter les fondements solides d'un leader national sur les marchés de ressources clientèle et de crédit laissant profiler un challenger dynamique en matière de croissance externe. Un gagnant à l'international En témoignent les agences ouvertes dans l'Hexagone et dont la filiale Banque Chaâbi en illustre la parfaite volonté offensive suite à la demande d'un «passeport européen» pour générer de nouvelles implantations du Groupe piloté par Noureddine El Omary, principalement en Allemagne, en Espagne, en Belgique et en Italie. Esprit conquérant, en jouant à fond la carte de la concurrence et de la compétitivité des produits et services offerts, El Omary a fait avancer le projet en marche d'implantation d'un réseau dense d'agences Banques Populaires en France qui devrait se chiffrer dans la fourchette de 20 à 25 unités début 2009 au plus tard. Des engagements dont il relève le défi de faisabilité tant et si bien la rigueur et le savoir-faire de l'homme, aussi bien que la capacité de négociation et de persuasion du manager augurent d'une croissance externe soutenue, dont il assume totalement les contraintes objectives des cahiers des charges. Cette même tendance «extensive» de celui qui s'est fixé pour devise d'être sur tous les fronts et de se montrer performant partout se traduit, dans le continent africain, par la mise en place d'une dizaine de représentations commerciales anticipant des investissements d'envergure. En attendant, les deux filiales centrafricaine et guinéenne du groupe BCP incitent à un optimisme de performances remarquables en rapportant, bon an mal an, entre 20 et 25 millions DH de bénéfices nets. Au plan national, Noureddine El Omary s'est surtout distingué comme l'homme des défis en développant le concept original de «coopératives bancaires de bancaires développées par les filiales régionales des Banques Populaires aptes à mobiliser la collecte locale dont il aura fortement drainé l'afflux vers les comptes BP et dont les ressources ont bondi de 41% en 2001, date de sa nomination par le Souverain de PDG du Groupe BCP, à 55% à fin juin 2007. Un groupe à la tête duquel 7 années auront suffi à redresser vigoureusement la courbe pour faire émerger, aujourd'hui, un champion national toutes catégories. Un champion qui a transcendé ses segments traditionnels de marché, à savoir les PME/PMI et les MRE dont la part est toujours aussi consistante à hauteur de 65%, pour investir en profondeur le créneau des grandes entreprises et institutions du Royaume vers lequel les crédits à l'économie ont quasiment triplé (9,6 milliards DH à fin juin 2007). C'est à lui que l'on doit cette orientation résolue vers l'activité de marché qui s'ajoute à une ingénierie financière rentabilisant au mieux les placements financiers auprès du Trésor. Sans compter les performances boursières alignées depuis l'introduction de 20% du capital de la BCP sur le marché des valeurs et des cotations. D'une détermination peu commune, El Omary a une botte secrète qui s'apparente à un élixir de jeunesse, tellement le personnage dégage de la jeunesse et de la fraîcheur alors qu'il est bon soixantenaire et partant pour couler des jours tranquilles et heureux dans une retraite bien méritée. Ce qui n'a pas manqué de lui valoir bien des jalousies et des envieux pour tenter, en vain, de lui mettre des bâtons dans les roues. Manager financier Mais la force de caractère du dirigeant et sa sobriété lui ont permis de surmonter toutes les difficultés de parcours et de ne pas succomber aux appels de sirènes. D'ailleurs, El Omary a tenu à faire valoir ses droits à la retraite pour mieux se consacrer à ses projets familiaux et personnels. 60 ans, c'est justement l'âge d'un potentiel en pleine maturité pour passer de l'autre côté de la barrière institutionnelle et s'ériger en un acteur socioéconomique appelé à jouer les premiers rôles. Et c'est avec autant de sérénité qu'il a tourné le dos à toutes les «désinformations» manipulées par des milieux hostiles, depuis au moins deux années, qui tentaient d'anticiper son départ pour placer leurs «pions». Et que de noms ont circulé ces derniers mois pour, au bout du compte, n'en retenir aucun, tellement les sources malveillantes étaient tendancieuses et malintentionnées. C'est la propre logique du banquier qui a fini par triompher pour placer comme son successeur un pur produit du cru qui était son adjoint aux commandes de la BCP entre 2001 et 2003 avant que Mohamed Benchaâboune ne prenne les rênes de l'ANRT. Continuité dans le changement, efficacité managériale, obligation de résultats, tous les ingrédients sont là pour un départ avec les honneurs d'un manager exceptionnel totalement rassuré d'avoir confié entre de très bonnes mains une «poule aux œufs d'or».