La bande criminelle responsable de braquages de banques à Mohammedia et Nador a été neutralisée par les services de police la semaine dernière. La reconstitution du crime, organisée dimanche 24 décembre dernier par la DGSN, a permis de mettre le doigt sur le modus opérandi du réseau. Finalement, la cavale n'a été que de courte durée. Jeudi 20 décembre dernier, un communiqué de la DGSN avait annoncé l'arrestation du cerveau de la bande et de ses acolytes qui ont été derrière le braquage d'une agence bancaire d'Attijari Wafabank à Mohammedia. Il s'agit d'une bande bien organisée dont le cerveau est un MRE, repris de justice, et plusieurs autres récidivistes résidant, pour la plupart, dans la région de l'Oriental. Lors de leur arrestation, les membres de la bande étaient en possession d'une arme à feu, de pistolets à gaz, de bombes lacrymogènes, de cagoules et d'une partie du butin, fruit de plusieurs braquages, dont celui de Mohammedia. Dimanche 23 décembre dernier, la police judiciaire de Casablanca avait procédé à la reconstitution du crime du Braquage. Dès 9 heures du matin, des centaines de badauds se sont rassemblées pour voir de plus près les braqueurs de banques. Selon une source policière, les 7 membres de la bande sont originaires des villes d'Oujda et Nador. Ils avaient planifié de braquer plusieurs agences dans tout le territoire national, en utilisant des pistolets introduits illégalement de l'étranger. Il s'agit d'un pistolet Smith et Wesson 357 Magnum muni de 58 cartouches et de deux pistolets à gaz Gambo calibre 5,4 et d'une bombe lacrymogène. Les membres du réseau avaient loué une villa à Mahdia où ils se rencontraient de temps à autre pour planifier leur braquage. Leur arrestation a eu lieu en même temps dans les villes d'Oujda, Nador, Guercif, Casablanca et Salé. La bande avait volé trois voitures, dont une a été abandonnée après un accident de la route et la deuxième saisie par la gendarmerie après l'échec de la tentative de braquage à Khmisse Zemamra. Les membres de la bande avaient aussi acheté une voiture volée, une Mercedes 250 pour la somme de 5000,00 DH. Depuis le début de l'affaire, les enquêteurs de la Police judiciaire avaient axé leurs recherches sur les ex-employés de banques qui avaient des antécédents judiciaires en matière de détournement de fonds. Une liste de 20 suspects a été établie et les recherches ont permis de détecter deux suspects potentiels. Leur profil correspondait au schéma établi par les enquêteurs de la police. Il s'agit de Mohamed O, un ex-employé d'Attijari Wafabank à Oujda. Il avait écopé de deux années de prison pour détournement de fonds et falsification, et gracié en 2007. Le deuxième suspect identifié est Khalid B, un ex-employé à la même banque, qui avait été condamné en 2005 à un an de prison pour détournement de fonds et falsification de documents, et gracié, lui aussi en 2007. C'est en prison que les deux malfrats avaient étudié l'idée de braquer des agences de la banque où ils avaient déjà travaillé. Selon une source policière, souvent dans ce genre d'affaires, la police soupçonne une complicité intérieure. Les deux ex-employés de la banque savaient les points faibles du système de sécurité en place qui se limitait à deux caméras de surveillance et d'un agent dans le meilleur des cas. Dans une affaire similaire à Rabat, où une importante somme d'argent avait été dérobée, l'enquête de la police avait permis de démasquer un complice qui travaillait dans cette agence. Le cerveau de la bande des braqueurs de Mohammedia est un MRE dénommé Mimoun E.A, un repris de justice, extradé d'Italie après y avoir purgé une peine de prison. Les autres complices sont tous originaires de la région de l'Oriental dont, un chauffeur de taxi, Hicham M, Jamal I, contrebandier, Rabah B, contrebandier également, qui avait été condamné à 8 mois de prison pour émigration clandestine et escroquerie en 2005 et 2006. Enfin, Morad B, électricien à Mellilia. Parmi les mis en cause, figure une femme, la sœur du cerveau présumé de la bande Mimoun E A. Selon les PV de la police, celle-ci avait réussi à braquer deux téléboutiques à Méknès et échoué à Khémisse Zemamra dans la province d'El Jadida et dans une autre agence à Laâyoun près d'Oujda. Mimoun E A, avait participé à une tentative de braquage en France, les services de police étrangers auraient même demandé des informations sur lui. Dès le début de l'enquête, la thèse d'un lien avec l'étranger avait été avancée, étant donné les moyens utilisés dans les braquages et le phénomène du banditisme qui n'est pas répandu au Maroc. Selon Lahbib Hajji, membre de l'Association pour la revendication de la libération de Sebta et Mellilia à Tetouan, le grand banditisme qui opère au Maroc, trouve son origine dans les deux présides occupés Sebta et Mellilia. Selon lui : «la mode des coutelas et des gangsters nous est venue de là-bas». Si la bande du dénommé «taliani» a été neutralisée, il n'en demeure pas moins que d'autres suspects sont toujours en fuite. Multiplication des patrouilles Les efforts déployés par les services de sécurité se poursuivent pour identifier et neutraliser les auteurs des autres braquages, notamment contre des agences d'Attijari Wafabank et BMCE Bank à la Préfecture des arrondissements de Hay Hassani-Aïn Chok à Casablanca. Dans le même registre, les services de police avaient entrepris depuis le début des opérations de renforcement des dispositifs autour des banques et la multiplication des patrouilles dans ses environs. Une chose est claire, aujourd'hui la thèse du financement du terrorisme a été écartée par les enquêteurs. Lors du démantèlement de la cellule Ansar Al Mahdi en 2006, les enquêtes menées ont révélé que ce groupe envisageait de financer ses activités par le recours aux braquages de banques et de convois de transport de fonds. En prévisions à une telle action, le législateur avait prévu dans le cadre de la loi anti-terroriste de lourdes peines contre les auteurs de braquages et les voleurs de voitures. Plusieurs actes qui rentrent dans le cadre du grand banditisme sont punis par la loi anti-terroriste de 2003. Concernant le secteur du gardiennage et du transport de fonds, la nouvelle loi 27-06 vise à structurer ce secteur et à lui conférer davantage de clarté et de transparence. Avant, le transport de fonds n'étant pas régi par un texte de loi spécifique, à la différence du comptage et du tri, contrôlés par Bank al-Maghrib. Cette loi définit le champ des activités de gardiennage et de transport de fonds, son organisation et ses prestations, ainsi que les conditions d'accès au métier et les dispositions pénales de répression des infractions à la loi. La transparence à laquelle doivent obéir les entreprises du secteur, exige l'instauration d'un encadrement et d'un contrôle de leurs personnels, pour empêcher que leurs activités ne soient altérées par des pratiques abusives. En vertu de cette loi, les officiers de la police judiciaire et des agents qualifiés sont chargés spécialement de la surveillance des activités des vigiles. Le projet de loi, tel qu'il a été présenté au Parlement, autorise le port d'armes aux vigiles et convoyeurs de fonds, conformément à la règlementation en vigueur et leur permet de faire usage de tous les moyens de défense, de surveillance et de gardiennage. Cette possibilité a été vivement critiquée à l'époque, par plusieurs groupes parlementaires.