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LES TRAVAILLEURS DU SEXE : La mafia des proxénètes
Publié dans La Gazette du Maroc le 01 - 12 - 2007

Les métiers du sexe font recette et les travailleurs ont leurs codes et leurs règles. Dans ce milieu, entre Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger, plusieurs réseaux de proxénètes se sont organisés en syndicat du crime. La traite des blanches, le racket systématisé, l'organisation des passes, location des maisons, transports… et toute la logistique qui va avec le marché de la chair. Descente dans l'enfer du plaisir.
"Voilà que tu vis, voilà que tu meurs», écrit Henry Miller dans l'un de ses Tropiques. L'histoire du sexe se résume en pics et en descentes. C'est toute la chronique de la folle ascension du mercure dans le thermomètre des veines. Le conte urbain du pouls débridé. On dirait des serpents dans les entrailles de tous ceux qui vont payer pour quelques minutes de plaisir volé. Bref, le sexe est roi et l'argent est son spectre indéfectible. Et ses prolétaires doivent payer de lourds tributs pour en vivre. Tout le monde est imposable en termes de sexe et de jouissance, même furtive. Tu payes, tu trinques, tu rechignes à palper du billet, même éculé, tu raques. C'est aussi classique que le commerce du sexe est le plus vieux métier du monde. George Bataille disait, entre Madame Edwarda et l'Erotisme, que déjà dans les grottes de Lascaux, on payait, d'une façon ou d'une autre, pour goûter au jeu du je vis et je meurs, simultanément. C'est dire que l'argent sert de moteur à un engrenage très particulier d'aprés les témoignages de travailleurs et travailleuses du sexe, de proxénètes sur le retour et de quelques nouveaux nababs du plaisir.
Quand les macs
se déchaînent
Nezha est une jeune femme de trente ans. Assez jolie, de bons atouts, une silhouette de bonne femme tout droit sortie d'un feuilleton égyptien, bien ronde, potelée et le visage maquillé comme un carrosse volé. C'est une habituée du boulevard Lalla Yakout, pas loin de l'hôtel Majestic, là où une flopée de bars font travailler des filles à la tâche. Elle écume les bars à partir de cinq heures de l'après-midi, c'est son heure de pointage. Elle a un gosse que sa mère garde et habite avec des copines dans la rue El Wahda pas loin de son QG, à quelques ruelles du consulat de France de Casablanca, pas loin d'Alpha 55. Sa dent en argent massif fait office de carte de visite. Sa djellaba orange, un étendard repérable de loin. On fait cette tournée avec elle pour voir de près ce monde où elle se meut avec aisance. Elle a eu une expérience en Italie, il y a de cela presque dix ans, mais elle en est revenue?: «J'ai fait la prostituée avec les autres Maghrébins à Modena. Deux ans, mon frère, et je suis revenue. Je me suis esquintée, j'ai trimé comme une esclave, que Dieu maudisse cette chienne de vie. C'est un mec de mon quartier à Derb El Kabir qui m'a emmené en Italie, j'ai bien bossé, j'ai pu ramasser un peu de thune, mais je n'en pouvais plus. J'ai dû rentrer, enceinte en plus. Et là, j'ai repris du travail dans les bars, tu vois ce tatouage (le tatouage dit «pas confiance») c'est pour ne jamais oublier ce que j'ai vécu en Italie. J'etais plus jolie et moins frappée ( madrouba a-t-elle dit), mon fils vit chez ma mère ; et moi je bosse toutes les nuits avec deux types qui me trouvent de bons clients. Mais j'aime l'ambiance des bars, c'est pour cela que j'y suis plus souvent. Je suis fêtarde (ksayriya, nchaytiya), j'aime les gens, les petites gens comme moi, mais des fois, il faut sortir avec des banquiers ou autres snobs qui se la jouent bon chic bon genre, qui ne peuvent passer à l'acte qu'après avoir ingurgiter des litres de vins et de bière. Ils ont tous le ventre flasque et la tête prise dans les affaires. Ils viennent se soulager dans une maison que les deux mecs louent au mois. J'y travaille au moins quatre fois par semaine». Nezha est une fille très sympathique, drôle, très rieuse. Elle sirote du pastis comme personne, et mange pour deux : «il faut entretenir la marchandise, mon frère, les mecs prennent presque tout mon fric. Moi, je donne mon corps, et eux ils encaissent. Je dois partager à trois avec eux. Des fois, je rentre chez moi avec à peine deux cents dirhams, alors que j'ai travaillé au moins dix heures, de cinq heures de l'après-midi à l'aube. Et eux, ils sont là, à picoler et toucher mon pognon. Il ne faut pas croire, j'ai tenté de travailler pour mon compte, ce n'est même pas la peine. A moins de se faire des soûlards à trente balles la passe, non merci. Alors je suis obligée de passer par eux, parce qu'ils ont leurs clients et ceux-ci payent bien. Mais je suis arnaquée doublement et par le client et par mon mac».
On va l'appeler L'Hekkak
Nezha s'en tire avec un salaire net de cinq mille dirhams quand ça va très bien, trois milles quand c'est la dèche. Mais elle espère des jours meilleurs. D'ailleurs, elle ira travailler durant tout le mois de décembre entre Tanger et Agadir où ses macs ont quelques connexions pour elle. «Là je vais me refaire une santé et gagner un max de blé». C'est grâce à Nezha que l'on rencontre un vieux de la vieille. L'incarnation vivante de la vieille école du marché du sexe. On le dit Haj, un pèlerinage mecquois qui ne lui a pas été d'un grand bénéfice tant moral que physique. Son histoire remonte à trente ans en arrière quand il sillonnait l'axe du sexe qui va de Tifelt à El Hajeb pour rabattre de jeunes et belles bacchantes pour des saturnales du corps qu'il mettait en scène à Casablanca à la bonne époque, comme il se plaît à le répéter. On va l'appeler L'Hekkak parce que dans le monde de la musique populaire, l'univers feutré des Chikhates, un Hekkak est celui qui grattait la Kamanja et préparait les Bendirs pour les grandes fêtes. «Hekkak est un métier qui avait sa place dans le temps. Ce n'était pas n'importe qui qui pouvait travailler avec les chikhates, mon fils. Aujourd'hui, tout va très vite et la musique en prend un sacré coup. Voilà, j'ai été à la fois Hekkak, chanteur et maître de cérémonie». A soixante-huit ans, il a déjà cumulé plus de quarante-deux ans de bons et loyaux services dans le monde du sexe, de la chanson et des instruments qui ponctuent les longues veillées. «Aujourd'hui, il y a des proxénètes. Ils n'ont pas de classe. Ce sont des voleurs, des fils de chiennes. Ils exploitent les filles. De mon temps, une fille, c'était le fond de caisse, le patrimoine qu'il fallait surveiller, protéger pour que tout le monde y trouve son compte. Maintenant, les filles sont tabassées, défigurées, mutilées la nuit dans les bars et chez les mères maquerelles. Non, je ne pense pas avoir fait le même métier que ces loubards. Moi, j'avais ma compagne attitrée et d'autres filles pour qui j'organisais des soirées au Habous, dans une belle maison. C'était une fête et pas une partouze, comme on en fait aujourd'hui dans des chambres miteuses ou des appartements meublés». L'haj est amer. On le serait à moins. Le monde va à sa perte, selon lui. Et il y met tant de cœur que lorsqu'il échafaude sa théorie sur le respect de son fonds de commerce, il a presque une larme à l'oeil. Oui, L'haj L'Hekkak est un tendre. «Mon Dieu, une fille, a été tabassée l'autre soir pas loin de l'ex-cinéma Triomphe, tout près du bar le Champoreau, entre la rue du prince Moulay Abdellah et Lalla Yakout. Son mac était mécontent et il l'a traînée par les cheveux devant tous les autres soûlards. Personne n'a bougé le petit doigt. De mon temps, un type comme celui-ci, on l'enfermait dans les chiottes et on le privait de nourriture pendant trois jours. Et à sa sortie, il ne pouvait plus travailler dans aucune maison. Nous avions nos règles et tout le monde les respectait. Là, c'est l'anarchie. L'argent à tout prix, sinon, on passe aux coups et aux agressions». Vérification faite au bar, près du nouveau call center qui a pris la place du monumental cinéma Triomphe, la fille a deux côtes brisées et le visage tuméfié. Le coupable, son maquereau attitré, qui lui a refait le portrait parce que la recette n'était pas la bonne, court toujours et a repris du service le lendemain, sans être inquiété. «Dans ce monde tout le monde protège tout le monde. Et entre proxénètes, on ne sait jamais rien». La loi du silence. L'omerta du marché du sexe.
Le parcours de Slimane
Vous l'avez compris, ce n'est qu'un vulgaire pseudo. Le type ne s'appelle pas Slimane, pas plus qu'il n'a trente ans. Mais c'est un gros calibre. De ceux qui en imposent dans le milieu. C'est une des connaissances de Nezha, qui pour l'occasion montre toute l'étendue de son savoir-faire et de son réseau d'amis proxénètes. Le bonhomme roule en BMW, s'habille à Derb Ghallef (Italien, s'il vous plaît) et fume parfois de petits cigares pour faire comme si. Slimane est un proxénète de la nouvelle génération. Il a deux crédo dans la vie, le fric et le fric. Le reste, toutes les considérations humaines sont à mettre à la poubelle. «J'ai vécu quatre ans à Paris, et j'ai passé deux ans à Malte, à la Valette. J'ai travaillé dans le milieu de la nuit. J'ai aussi fait un détour par la Turquie, mais je n'ai pas tenu pour des raisons de langue». Il est vrai que Slimane n'est pas ce que l'on peut appeler un particulièrement homme porté sur les langues. Avec ses années parisiennes, son français est celui d'un débutant des cours du soir dans un institut local, au stade primaire. Mais Slimane pense qu'il en jette. Oui, c'est le type parfait du faux beau gosse qui croit en jeter. Et il joue sur son propre fonds de commerce. Mais cela prend, nous sommes dans une société où l'habit fait le moine. Et quand on arbore un cigarillo au bec, on est forcément quelqu'un. «Moi je travaille dans l'événementiel, j'organise des rencontres entre des filles et des mecs. J'ai ma commission, bien sûr, mais je ne force personne. Les filles font appel à mes services, et moi je réponds présent parce que je connais du monde». L'entremetteuse, version masculine, prénommée pour la circonstance Slimane, fait un tabac dans le milieu. On le connaît assez bien, pour le décrire, comme cette jeune fille qui sort d'un pub, concomitant au cinéma Liberté, près d'Acima de Rahal El Meskini qui parle de Slimane comme d'«un pro, un type chic qui me fait rencontrer des gars pleins aux as, c'est lui qui touche, moi, je prends ce qu'il me donne». En d'autres termes, Slimane organise les soirées, s'assure du bon déroulement des opérations et distribue le pactole après avoir déduit les TVA, les taxes annexes et autres impôts créés de son propre cru. Slimane est aussi un dur en affaire. Les filles doivent marcher au doigt et à l'oeil, sinon, d'autres sont dans la file d'attente: «Les filles, ce n'est pas ce qui manque. Il faut juste trouver les bonnes. Il y a des nanas qui marchent bien, d'autres veulent jouer aux plus fines. Celles-ci je les saque très vite. Je suis ici pour faire tourner mon business, et pas pour jouer à l'assistante sociale». Et Slimane a aussi la réputation d'être un coriace. Dans un périmètre qui va de l'Alcazar sur le boulevard Mohamed V au Mystic Garden sur la Corniche, en passant par les bars du boulevard Roudani, la cigale Il ne tolère aucun écart, ne pardonne, rien et ne tape sur personne : «Si une fille joue avec moi, je la vire. Elle va trouver une place dans un bar. Je n'ai jamais porté la main sur une fille. Mais il y a des salopards qui carburent à cela. Tous les soirs, on en entend des histoires sur des nanas tabassées à mort. Mais il faut savoir qu'il y a des catégories dans ce métier. Et chacun bosse où il peut». Slimane est donc un homme d'affaires. Un type qui se la joue chic, et qui bouffe le travail des filles. Et cela ne le gêne pas du tout?: «Chacun son métier. Est-ce que moi je te traite de fouille merde? Non, alors pourquoi tu veux me faire sentir que je suis moins que rien. Non, l'époque est ce qu'elle est. Le sexe, ça rapporte. Et moi, j'en fais mon affaire». Nezha est d'accord avec son ami et apporte pour nous le prouver son lot de témoignages de nombreuses filles qui ont gagné un peu de sous grâce aux bons services de Slimane.
Dommages collatéraux
Entre les Haj et les Slimane, il y a celles qui payent les pots cassés. Ce sont les prolétaires du sexe. Elles sont assimilables à ce que l'on nomme dans le jargon militaire : la chair à canon. Elles sont en premières lignes. On les voit sur les grands boulevards, pieds sales et djellabas éculées. Elles ne mangent pas à leur faim, boivent du pastis made in Médina et servent de punching ball aux ivrognes. Le sexe n'est qu'une métaphore dans leur existence. Elles n'en connaissent que les préludes et les postludes. Le milieu n'existe jamais,. Le corps du texte, c'est du jamais vu. Presque toutes victimes de viols, chaque soir. Presque toutes sont passées à tabac, chaque nuit. Presque toutes ont au moins une marque de fabrique de la rue. Oui, estampillées, je suis une nana qui fait office de torchon pour des salauds finis. Celles-ci échappent à la règle des gros macs, mais bossent sous surveillance. Celles-ci doivent obéir à la loi du racket?: «le barman, le videur, le chauffeur de taxi, le vendeur de clopes, le gardien de voiture, tout le monde prend un peu. Moi, je donne mon corps dans les toilettes, et eux ils veulent tous leur part. Si je ne donne rien, je reçois un gnon dans la figure». Zohra en avait un qui datait de quelques jours et qui a laissé une couleur indéfinissable sur son œil gauche : «C'est un type qui m'a frappé parce que je ne voulais pas lui filer cinq dirhams. Je lui ai ramené un type qui lui a réglé son compte le lendemain, mais il y en a toujours pour te malmener la nuit». Zohra connaît ce milieu pour avoir été une travailleuse très en vue dans le temps. Là, à presque quarante piges, elle n'a que des restes : «c'est la maffia, mon ami. Oui une vraie maffia. Tout le monde est complice. Le barman, le gardien, le videur, le mouchard, tout le monde travaille pour tout le monde. Et nous sommes le bétail. Les filles font de l'argent et les autres le récoltent. Les choses sont pires depuis quelques années. Il y a des gamines qui atterrissent sur le marché. Et les choses sont plus difficiles. Moi, je ne peux plus travailler comme avant, et je ne vais pas bosser pour un mac, mais les nouvelles sont très vite prises dans les filets. On les menace, on les défigure, on les frappe, et elles finissent par dépendre de quelqu'un». Zohra nous fera un tour de sa zone de travail, entre pubs et bars. Les jeunes filles sont là, mais elles sont réservées. «Oui, les clients viennent boire pour les embarquer. Tu ne peux pas aller la lever même si tu paies plus que les autres. C'est un circuit. Moi, je suis libre, je lève qui je veux, et j'y vais avec le feeling». Mais tout le monde semble savoir que le marché du sexe est tenu par quelques organisations criminelles. Comme ce barman de Rahal El Meskini qui ne mâche pas ses mots: «Tu vis où, monsieur le journaliste. Les filles peuvent te le dire, chacune a un type ou une nana qui la protège et la rackette. Et quand les filles changent de secteur, il faut s'arranger avec les types qui tiennent les autres endroits. C'est une question d'arrangement». Chacun son territoire, et si le cœur t'en dit de changer de décor, il faut d'abord aviser, et ensuite, payer la taxe de passage. Et pas moyen de faire celle qui ne sait pas. L'addition est lourde. Castagne et interdiction de bosser. Autrement dit, tu es fichée, cuite, tu ne sers plus à rien sur le marché du sexe.


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