« Jamais, l'USFP n'a fait de l'intégriste PJD son ennemi juré ». Dans un autre temps, la déclaration de Mohamed Elyazghi, patron du grand parti socialiste marocain, aurait fait couler beaucoup d'encre. Plus jamais ? Quoi qu'il en soit, le chef de file du parti socialiste, a inscrit cette déclaration faite dans une interview fleuve à Al Massae du vendredi et samedi 9 et 10 novembre courant dans une logique d'ouverture et d'apaisement. A la question : serait-il possible d'envisager un rapprochement avec le PJD ? Elyazghi n'a pas mâché ses mots : «tout est possible». Revirement. Si, oui, quelles sont les raisons ? Longtemps cible des islamistes de tout bord, le nouveau ministre d'Etat a effectivement amorcé un changement de taille, si l'on revient à ce que son parti prônait il y a moins de deux mois : s'adressant aux électeurs, il les a appelés à choisir leur Maroc : celui de la modernité où, au contraire celui de l'intégrisme, de l'intolérance et de l'obscurantisme ! Coïncidence : Driss Lachgar, lui-même réputé ennemi juré des islamistes, à l'époque où il présidait aux destinées du groupe de son parti à la Première Chambre, a marqué une première en accordant un entretien au journal «Al Adala Wa Tanmia», organe du PJD! Nombreux sont les observateurs qui lisaient entre les lignes un rapprochement qui ne dit pas - encore- son nom. «A y voir de plus près, le pire est à venir et un parti, grand et hégémonique se profile à l'horizon», y lit-on. Une allusion à la force dévorante du député de Rhamna, Fouad Ali Himma. Moralité ? On est tous menacés par le rouleau compresseur de l'avenir ! Il y a deux ans, presque jour pour jour, Abdelouahed Radi ne trouvait aucun mal à se rapprocher des islamistes! Premier secrétaire adjoint du parti socialiste, et président à l'époque de la Première Chambre, ce dernier a été l'invité, mardi 25 octobre 2005, de l'émission «Hiwar » animée par Mustapha Alaoui. Radi n'a pas hésité à «dédramatiser la relation conflictuelle (de principe) entre son parti et celui de Saâd Eddine Othmani. Il n'a pas exclu non plus «des pourparlers après les élections». Même à cette époque, Driss Lachgar a été de ce ton réconciliateur. L'homme qui s'est «taillé» l'habit d'un anti-islamiste intraitable, avait déclaré à «Al Ousbouya Al Jadida», que rien n'est exclu en politique. Il a précisé qu'il n'était plus «interdit» de côtoyer les barbus de la politique. Une semaine après, cette déclaration d'Abdelilah Benkirane, lors d'un débat télévisuel sur 2M : «rien ne nous empêche de contracter des alliances politiques avec l'USFP». Réponse de Driss Lachgar, qui attrape le ballon au vol : «le PJD n'a aucune référence que celle découlant de la nouvelle loi sur les partis». Abdelilah Benkirane avait lui-même déclaré, au lendemain des élections en 2002, que «jamais, au grand jamais, nous ne ferons partie d'un gouvernement qui compte l'USFP dans sa majorité». Les temps changent, les idées aussi, parait il !