Le mois sacré de Ramadan s'en est allé laissant derrière lui anecdotes et histoires tristes. Sous l'effet du jeûne ou à cause d'un diabète ignoré, on a entendu parler de coups de couteaux assénés à autrui, d'échanges d'insultes et d'injures ou de coups de poings. Dans une agglomération aussi dense que celle de Casablanca, ces phénomènes sont devenus presque habituels. Un chauffeur d'autobus est entré en chaude discussion avec un conducteur d'un autre véhicule, dans un carrefour, en plein jour. Le conducteur est descendu de son véhicule pour protester et demander à la fin ce que cherchait à faire le chauffeur du bus. Il lui a demandé de l'écraser s'il le pouvait. Le chauffeur ne l'a pas entendu d'une sourde oreille, s'est mis en première et a foncé sur le corps du conducteur protestataire qui est mort sur le champ. C'est bien arrivé à Casablanca, en plein Ramadan. Les onze autres mois de l'année connaissent d'autres habitudes et d'autres réflexes. Les axes autoroutiers ainsi que les entrées de Mohammédia et Dar Bouâzza, en plus de la Corniche, deviennent mortels, surtout le soir ou tôt le matin. Sous l'effet de l'alcool, il y a des voitures qui ont fini perchées sur un arbre, leurs occupants morts, parce qu'elles roulaient à grande vitesse : 200 km/H pour une Mercedes sur l'avenue Pasteur. Une campagne de dissuasion avec motards et barrages gagnerait à pousser les chauffards à lever le pied. Sinon, les coupes-vitesses et les dos d'âne seraient pris pour des toboggans. Des plaisanteries dont le prix s ‘élève à des vies humaines. BOULEVARD MOHAMMED V Le désert bitumé Jamais photo n'a été prise de la sorte du principal boulevard de Casablanca : Mohammed V. Connu et très réputé par la forte densité de la circulation tout au long de l'année, le boulevard en question connaît malgré tout ses moments de répit. Chaque jour, pendant le Ramadan de chaque année, le boulevard prend congé de ses tortionnaires et de leur brouhaha. À chaque fois, environ une heure avant la rupture du jeûne, un calme inhabituel envahi ses arcades et son asphalte, au point qu'on peut voir et contempler, le temps d'un quart d'heure, le reflet et l'ombre de ses lampadaires sur ses trottoirs. En témoigne cette photo inédite prise un jour de ce Ramadan. FIN RAMADAN Alcools frelatés à la porte 4 Une semaine avant la fin du mois sacré de Ramadan, des trafiquants d'alcools frelatés suivent les wagons des trains à destination de Casa-port proposant toutes marques de whisky et autres alcools à des prix un peu exagérés à cause de la rareté, dit-on, de la marchandise. De véritables épiceries ambulantes qui longent les rails des trains de la porte 4 à la porte 1. La rotonde Cactus doux On a promis à Casablanca, il y a quelques mois, un million d'arbres; de palmiers surtout. La ville et ses habitants n'ont surtout vu que pollution flagrante et déchets atmosphériques cancérigènes. Un million ! Mais l'espace millionnaire a vu ses zéros s'éliminer pour ne contenir qu'une dizaine d'arbres par-ci, quelques maigrichons palmiers par-là. N'empêche que les fleurs du refuge central d'Ain Diab sont magnifiques. Reste toujours à savoir où est passée la promesse du million. On a beau rêver de planter insolemment des tulipes noires au milieu de nos avenues au point d'oublier que le cactus de chez nous est vert, souvent doux et sans épine. Le point le plus important est que sur les factures on ne peut plus se permettre d'étaler les zéros, jusqu'à l'infini presque. MOBILIER URBAIN Traversées anarchiques de millions de piétons Ils devraient s'arrêter un jour de traverser rues et boulevards, ces millions de piétons qui enfreignent la loi en matière de circulation. Car Casablanca devrait être classée parmi les premières métropoles au monde à enregistrer chaque seconde des milliers d'infractions à cause de l'inexistence presque des feux de signalisation pour piétons. Des centaines d'avenues et de boulevards, des milliers de rues, une infinité de croisements et de carrefours et pourtant, la capitale économique ne dispose, tout au plus, que d'une dizaine de feux de signalisation pour piétons. Cela revient à dire que toutes les traversées des artères se font anarchiquement et dans l'irrespect total des normes de la circulation urbaine. Aussi, est-on en droit de se demander sur quelles bases des jugements et arrêts ont été rendus dans des dossiers relatifs à des accidents opposant piétons à conducteurs. Qui avait le droit de faire quoi et quand, puisque les piétons n'ont ni freins ni obstacles ni signalisations ? Les passages zébrés les autorisent à traverser, mais à condition. Et puisque la condition n'est pas matérialisée, les traversées se font les doigts sur la bouche, dans une métropole qui veut concurrencer ses jumelles où même les malvoyants sont avertis par des sonneries pour qu'ils traversent ou s'arrêtent. Les élus qui se sont succédés, tant dans les conseils communaux que dans ceux de la Communauté urbaine, voire actuellement les conseils de la ville, n'ont rien saisi des schémas directeurs de la circulation, établis par les responsables des villes jumelles qu'ils ont visitées. Il est quasiment impossible de ne pas remarquer qu'à Bordeaux par exemple, ville avec laquelle Casablanca est jumelée depuis près de 20 ans, il existe un feu de synchronisation pour piétons sur chaque panneau de feux tricolores. A moins que l'on n'ait les yeux ouverts que sur les vitrines des boutiques des grandes marques lors des échanges de visites de travail entre élus des deux villes. Pourtant, à Bordeaux, les bazaristes à la casablancaise n'ont pas pignon sur rue.