Elie Azagury fait partie du patrimoine humain marocain et mondial. Immense architecte, homme de grands engagements, il est l'une des figures emblématiques de l'architecture marocaine. Pour ce natif de Casablanca qui a sillonné le monde, l'architecture est une alchimie, une poésie du corps et de l'espace. Retour sur un homme exceptionnel. Qui d'entre nous savait que Derb Jdid, l'actuel Hay Hassani, a vu le jour grâce aux dessins d'Elie Azagury ? D'ailleurs la mémoire de cet héritage a été oblitérée, puisque le legs de l'architecte a subi les plus folles transformations. Reste que malgré le temps, l'ensemble d'habitat économique réalisé par Azagury, défie le temps et se tient solide. Jusqu'à quand ? Là c'est une autre paire de manche qui relève de la compétence des autorités qui ont laissé faire, malgré les mises en garde de l'architecte lui-même, qui a attiré l'attention sur les risques à encourir. Aujourd'hui, à 89 ans, Elie Azagury n'a rien perdu de sa fougue, de son sens de l'engagement, toutes ses idées de jeunesse, qui ont fait de lui l'un des visages les plus marquants de l'architecture marocaine depuis 60 ans. D'autres chantiers et des plus prestigieux, d'autres projets à venir. Cet homme vit d'architecture, se nourrit des espaces qu'il remodèle. Voyageur aguerri qui a visité presque tous les continents (voir la Bio-express), son style est unique et rappelle beaucoup celui d'un autre grand nom de l'architecture moderne qu'il a connu au Brésil, Oscar Niemeyer. La même approche grâce aux croquis qui sont à la base du concept architectural, mêmes courbes et lignes qui défient les règles les plus élémentaires de la physique comme un défi, face à la rigidité des règles. Une constante pourtant dans ce long et riche parcours : l'habitat économique et le logement de masse. Azagury qui a participé à la reconstruction de la ville d'Agadir après le tremblement de terre, celui qui a lancé le développement des cotes du Nord, sait comment reloger dignement les populations. Très proches des valeurs sociales, visitant des pays comme la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie de l'après deuxième guerre mondiale, il a une idée bien précise de la reconstruction après le désastre. Aujourd'hui, la ville de Casablanca, où il a vu le jour et où il a laissé quelques traces de son œuvre, demeure l'exemple de la ville moderne pour lui. On peut encore visiter les différentes constructions qui portent sa signature, toutes ces lignes épurées, ce raisonnement de l'espace qui font de lui l'un des visionnaires de l'architecture mondiale. Bio-express Né à Casablanca, Elie AZAGURY poursuit ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1936 à 1947 où il est l'élève d'Auguste PERRET. De 1947 à 1949 il entreprend plusieurs voyages d'études au Danemark, en Yougoslavie, en Hongrie, en Belgique, en Italie et en Suède où il collabore avec l'architecte Ralf ERSKINE à la réalisation de nombreux travaux (écoles, cités d'habitations ouvrières, habitations privées, usines, station de sports d'hiver, plans d'aménagement et d'urbanisme). Installé dès 1950 au Maroc, où il est le maître d'oeuvre de nombreuses réalisations, tant dans le domaine privé, que dans les secteurs public et semi-public, Elie AZAGURY a notamment participé aux grands chantiers des années cinquante, à la construction de la nouvelle Agadir et à l'aménagement touristique de la côte nord du Maroc. Parallèlement, il entreprend de 1957 à 1965 de nouveaux voyages d'études en U.R.S.S, en Chine, au Mexique, au Brésil, au Pérou, en Bolivie et au Guatemala. De 1980 à 1981, il séjourne aux Etats-Unis en voyage d'information. Membre du Congrès International des Architectes Modernes (C.I.A.M) et du Cercle d'Etudes Architecturales de Paris, il collabore à la revue «Le Carré Bleu» et assure la Présidence du Conseil Supérieur de l'Ordre des Architectes au Maroc de 1958 à 1971.