Détournement de 6,8 millions de dirhams Jeudi dernier 14 novembre, la Banque marocaine pour le commerce et l'industrie (BMCI) a affirmé avoir été victime d'une fraude sur ses comptes. Pas de nom, pas de date, pas de méthode ! Seul le montant a été fourni. La Gazette a essayé d'en savoir plus. La BMCI pointe le doigt sur un de ses employés. Lequel ? Quand ? Comment ? Elle ne fournit pas de nom, ni de date. Elle préfère jouer la carte de la discrétion pour «ne pas gêner le déroulement de l'instruction» selon la direction de la communication. Cependant, le communiqué fait état d'un montant de 6,8 millions de dirhams. C'est, d'après les responsables de la banque dans le cadre des contrôles périodiques que la fraude a été constatée. On apprend également que les autorités compétentes ont été averties et une plainte a été déposée par la BMCI auprès du procureur du Roi et que l'enquête judiciaire suit son cours. Cependant, dans le communiqué le ton tient à rassurer la clientèle de la banque. Aucun des clients ne fait partie des victimes des malversations, signale-t-on par ailleurs. Seuls les comptes mêmes de la banque ont été débités du montant objet de la fraude. Il y a donc une différence fondamentale avec les détournements qui ont eu lieu dans certaines banques de la place, il y a un peu plus de deux ans. En effet, d'une part le montant reste relativement modeste en comparaison aux dizaines de millions qui avaient alors disparu. D'autre part, force est de constater que dans ces malversations c'était la clientèle qui était victime. Et la banque en question avait même porté plainte contre sa propre clientèle prétendant qu'elle était en connivence avec son agent. La Gazette du Maroc a voulu en savoir plus concernant cette affaire. Devant la discrétion, par ailleurs justifiée, de la BMCI, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Mais très vite une source qui semble bien informée orientera les recherches vers la filiale BMCI gestion. Une telle information n'est pas en contradiction avec le communiqué fourni par la direction de la communication de la banque. En effet, on y explique que la fraude a été commise par un des employés de la banque, détaché dans l'une des filiales. Donc première conclusion : il y a concordance. A partir de là les choses vont se préciser de plus en plus. Parce que la même source avancera le nom d'une collaboratrice de BMCI gestion chargée du “Middle office”. S.C serait à l'origine de la fraude. Selon la même source, la dame aurait été arrêtée à l'aéroport Mohammed V, alors qu'elle s'apprêtait à prendre le large. Sans pousser les spéculations trop loin, on est tout de même tenté de dire que l'affaire pourrait ressembler à celle de Nick Leeson, le trader de la banque d'affaires de la City de Londres, la Baring's, qui falsifiait des documents dans le dessein de réaliser des transactions pour le compte d'un client fictif. Son objectif était de pouvoir effectuer l'opération inverse afin de réaliser des plus-values et d'empocher des commissions au passage. Le jeu de l'agent de change Leeson comportait le risque d'avoir des moins-values. Et lors de la crise asiatique, cela a effectivement mal tourné. Puisqu'il voulait aller à l'encontre du marché en soutenant le cours des titres sur lesquels il spéculait. Les pertes n'en étaient que plus importantes. C'est ainsi qu'il a entraîné la faillite de la Baring's qui finira pas être vendue pour quelques livres symboliques. Pour le cas de l'employé de la BMCI, on peut penser à un même type de fraude, une falsification de documents destinés à détourner de l'argent dans un vrai compte cette fois-ci : le sien. Cependant, il semble que les contrôleurs de la BMCI aient eu beaucoup plus de veine que leurs homologues anglais