Le Mouvement populaire est décidé à jouer un rôle prépondérant dans le paysage politique marocain. Pour cela, il a présenté un plan d'action sur des chantiers prioritaires. Pour les Harakis, il n'est plus question de jouer les seconds rôles. Comme tous les grands partis politiques du Maroc, le Mouvement populaire (MP) a dévoilé, le 16 juillet à Casablanca, son programme électoral pour les prochaines échéances, ainsi que la vision 2020. Ce programme porte sur une série de mesures et d'actions, dont l'emploi, la santé et l'enseignement constituent les axes principaux. Sous le slogan, «Le mouvement populaire au travail : Un seul Maroc pour tous», Lahcen Haddad, membre du bureau politique, a effectué un exposé assez détaillé sur les grandes lignes du programme. Mais avant, Mohand Laenser, le secrétaire général du parti, a tenu à prononcer un petit speech décontracté, dans lequel il a attiré l'attention de l'assistance sur quelques aspects «importants». Tout d'abord, Laenser a estimé que Driss Jettou est un «excellent» Premier ministre. Toutefois, Laenser a estimé que le gouvernement est composé de «trop de partis politiques» et que dans l'avenir, afin d'éviter que le Premier ministre passe son temps à concilier entre les intérêts des uns et des autres, il serait préférable de réduire le nombre de formations politiques au sein du gouvernement. Par ailleurs, le ministre de l'Agriculture a rappelé que «l'enseignement de l'amazigh est resté à la traîne». La généralisation de cet enseignement dans les établissements scolaires publics n'est pas au rendez-vous. Pire, «la fameuse télévision amazigh qui devait voir le jour il y a plusieurs mois, connaît plusieurs freins, que Laenser a du mal à comprendre. «Toutes les chaînes thématiques ont été lancées sans problème et comme par hasard, seule la chaîne amazigh semble connaître des problèmes techniques et financiers», déplore Laenser. Ces deux remarques sont directement dirigées vers le ministre de l'Education nationale, El Habib El Malki et celui de la Communication, Nabil Benabdellah. D'ailleurs, le même son de cloche a été perceptible chez Mahjoubi Ahardane, président du MP. L'Amghar a été chargé de discuter des «questions d'identité et de culture» et il s'est bien évidemment attardé sur la place de l'Amazigh et le monde rural dans la société marocaine, dans son célèbre style, mêlant humour et sarcasme. En tout cas, pour revenir au programme électoral du Mouvement, Mohand Laenser a expliqué que «dans tous les domaines, les citoyens ont le sentiment que deux Maroc coexistent. Notre projet au Mouvement populaire est d'avoir un seul Maroc pour tous. Non pas en prônant un égalitarisme utopique, mais en faisant en sorte que le minimum soit garanti à chaque citoyen, dans une société juste et solidaire». Et d'ajouter : «Notre vision repose sur une écoute attentive des préoccupations des citoyens marocains. Fondé sur une expérience certaine, notre programme est composé d'actions pragmatiques, simples et accessibles au plus grand nombre et évitant la surpromesse». A cet effet, Lahcen Haddad a expliqué que «le programme du Mouvement populaire a été synthétisé en 66 mesures phares. Santé, éducation, emploi, représentent les chantiers phares, sans toutefois omettre les actions en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption». A ce titre, le Mouvement Populaire table sur la création de 300.000 emplois par an, pour atteindre la barre de 1,5 million à l'horizon 2012, et partant, réduire le taux de chômage. Le parti insiste sur la nécessité de réduire la pression fiscale sur l'entreprise, pour encourager l'investissement et l'embauche. A cela, s'ajoutent notamment la création de l'entreprise rurale avec la mise en place d'incubateurs d'entreprises dans les collèges et les lycées ruraux, et l'établissement de plans de formation pluriannuelles, pour répondre aux besoins des secteurs émergents à haute valeur ajoutée. S'agissant du secteur de la santé, le programme ambitionne de réduire le taux de mortalité infantile et maternelle, tout en veillant à accélérer la mise en place d'une couverture sociale généralisée et à établir une carte de santé générale du Royaume. Au volet de l'enseignement, le MP met l'accent sur l'importance de réduire le taux d'abandon scolaire, d'augmenter le nombre des conseils de gestion des établissements scolaires, de généraliser le préscolaire et l'enseignement de la langue amazighe, tout en réduisant le taux d'analphabétisme. Le programme du parti porte aussi sur l'entreprise et l'économie plaidant pour la création d'une technopole par région, à l'horizon 2012, la promotion de l'innovation et la recherche-développement au sein des entreprises, l'amélioration du taux d'encadrement dans les entreprises et la promotion du partenariat public-privé. Bonne gouvernance Les 9 mesures du MP - Généraliser l'utilisation de la gestion basée sur les résultats (GBR) dans toutes les administrations - Instaurer une réelle déconcentration, décentralisation, redéploiement et motivation des ressources humaines - Ratifier la convention internationale de lutte contre la corruption - Créer une instance véritablement indépendante (politiquement et financièrement) de lutte contre la corruption - Assurer un suivi judiciaire des décisions des instances de contrôle - Etablir un partenariat avec les ONG - Renforcer la transparence dans les passations des marchés publics - Sensibiliser la population - Instaurer un droit d'accès à l'information