Modifier le comportement de la Russie est diaboliquement difficile. Mais il n'y a aucune excuse de ne pas essayer. Des manifestants qui se battent dans les rues à Moscou, une imminente attaque à main armée d'une autre grande société pétrolière, en partie contrôlée par BP ; une guerre des étoiles avec un tout petit voisin, l'essai provocateur d'un nouveau balistique censé pourvoir contourner le système américain de défense anti-missile, au sujet duquel le Kremlin se vante. Et tout ceci s'est passé en l'espace d'une quinzaine de jours seulement. La semaine prochaine, à la rencontre du groupe G8 des pays les plus riches, l'une de ses plus grandes préoccupations, sera le comportement grognon de Vladimir Poutine, président russe, et de son pressant besoin d'une politique occidentale plus juste, envers son pays. Le comportement et le dilemme proviennent d'un mélange détonnant d'une Russie forte et d'une Russie faible. Les prix élevés du pétrole, et les plus importantes réserves mondiales de pétrole et de gaz, ont aidé à payer une majeure partie de la dette russe. Ils ont également servi de combustible à la diplomatie de Poutine, de plus en plus autoritaire, tout en améliorant le niveau de vie de beaucoup de Russes. Sur certains aspects, les septs années de sa présidence, font partie des moins sombres dans l'histoire de la Russie, ce qui contribue à expliquer sa popularité. Mais y ont également contribué : le musellement des médias, l'étranglement de l'opposition politique, la subordination du parlement et le truquage des élections. Cette poigne semble être une force pour Poutine, mais en fait, le système autoritaire qu'il a établi, est corrompu et instable, en témoigne le corps à corps du Kremlin et sa répression paranoïaque de plus en plus féroce de la dissidence réclamant sa démission l'année prochaine. En attendant, l'économie, est anormalement dépendante des ressources naturelles et les richesses dangereusement mal réparties. Il suffit d'y ajouter une catastrophe démographique et des problèmes continus dans le Nord Caucase, pour que le tableau s'assombrisse davantage. Cette nouvelle Russie, bruyante mais erratique, exige une approche plus subtile que celle de la rivalité de la période soviétique, ou celle de la pitance et du conseil, pas toujours utiles, offerts à Boris Eltsin dans les années 1990. La plupart des chefs occidentaux, ont très souvent tendance à dorloter ou apaiser Poutine, plutôt que de le confronter, soit parce qu'ils se sont trompés au sujet de ses vrais buts et motivations, soit distraits par d'autres crises, soit divisés par le gaz du Kremlin. Platitudes diplomatiques Il en était ainsi au sommet du G8 de l'année dernière, dans la rue de Saint-Pétersbourg Poutine a ouvertement tourné à la dérision aussi bien George Bush que Tony Blair, alors que très peu a été dit en public au sujet de l'abandon évident de la démocratie par la Russie ou sa politique étrangère conquérante. En comparaison, la décision de la Grande-Bretagne de mettre la pression pour l'extradition du dirigeant de l'ex-KGB, suspecté d'avoir commis un meurtre radioactif à Londres l'année dernière, a été un durcissement de ton bien accueilli. Plus dur est le ton au G8 de cette année, de la part de plusieurs chefs d'Etat, au sujet des menaces du Kremlin pour les intérêts occidentaux et ceux de ses propres citoyens, seraient mieux que les platitudes diplomatiques, sachant que l'expropriation des recettes du pétrole, nuit tant aux pays étrangers qu'à ses propres citoyens. Mais la vérité c'est que, avec le Kremlin dans son humeur actuelle, même une énorme déroute ne changera pas la trajectoire de la Russie. La censure empêchera la plupart des Russes de l'entendre ; avec leur logique de jeu à somme nulle envers la diplomatie.Pourtant les mesures plus dures, que certains préconisent, particulièrement aux Etats-Unis, visant à exclure la Russie de l'OMC, ou de le mettre à l'écart dans le G8, feront plus de mal que de bien. Elles alimenteraient l'idée admise, que l'Occident étouffe une Russie affaiblie. Poutine lui-même voit dans les plaintes au sujet des droits de l'homme, des tentatives déguisées pour empêcher la poursuite de sa grandeur. Ils encourageraient probablement des mesures bien plus draconiennes en Russie et ils étoufferaient sa volonté à coopérer sur les questions internationales, telles que le Kosovo et l'Iran, où son poids pourrait aider. Il y a d'autres possibilités entre les platitudes diplomatiques et les comportements pyrotechniques. La vérité doit être dite au Kremlin. Qu'il sache qu'il ne dispose pas d'un droit de veto automatique dans la diplomatie mondiale, même dans sa vieille sphère d'influence, et même si un tel veto est utilisé au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, comme cela peut se passer pour l'indépendance du Kosovo. Des pays voisins tels que la Géorgie, victime d'un embargo commercial injuste, l'Estonie avec la cyber-guerre et particulièrement l'Ukraine, avec des élections parlementaires décisives à la fin de cette année, doivent être soutenus pour se défendre face aux intimidations russes. Etant donnée la puissance qu'à Vladimir Poutine de choisir son propre successeur, les Occidentaux ont également besoin de mesures à long terme, telles que celles qui soutiennent les médias indépendants et les lobbies qui existent toujours en Russie, même si le Kremlin les accuses d'être espions. L'objectif doit être de soutenir, que tout ce qui peu venir après le Poutinisme, ne peut être que bon pour la Russie et le monde.