PayPal domine les paiements électroniques, mais «Checkout», le service de Google, en très forte croissance, peut s'avèrer être un redoutable challenger. Dans son livre célèbre, «Les bataille du PayPal», Eric Jackson décrit comment, dans ses premières années, la société d'Internet a dû lutter contre des régulateurs capricieux, des voleurs d'identité, les marchés volatiles, rivaux brouillons et même d'intrigants mafiosi. Depuis, elle a évolué pour devenir le maître incontesté du traitement des paiements en ligne. Aujourd'hui, cependant, pour rester au top niveau, elle doit passer juste de la grandeur à l'omniprésence. Et elle devra faire ainsi, tout en se parant de nouveaux concurrents, en particulier Google. PayPal a été fondé en 1998. Une façon de transférer l'argent entre des programmes Palms. C'est vite devenu un moyen de paiement à la mode sur eBay. Cela avait tellement réussi, qu'en 2002 le site de ventes aux enchères a abandonné son propre service de paiements, Billpoint, et s'est payé PayPal à 1,5 milliard de dollars. Elle revendique maintenant 143 millions de transactions, le double d'il y a deux ans. Déjà international, avec 35 millions réalisés en Europe, 15 millions en Grande-Bretagne, elle cherche à être universelle. La semaine prochaine, on s'attend à ce que soit annoncé, que le nombre de pays dans lesquels les transferts PayPal sont possibles est passé de 103 à 190. Cette croissance a placé PayPal au rang de star, au sein de l'écurie eBay. Au premier trimestre, ses revenus nets ont progressé de 31% à 439 millions de dollars, une croissance bien plus rapide que celle des traditionnelles ventes aux enchères. Le groupe doit à PayPal, le quart de ses ventes. Mais comme eBay compte davantage sur PayPal, ce dernier essaye de se diversifier au-delà des activités d'eBay. L'année dernière, le volume en dehors d'eBay est passé de 33% à 39% du total. Après avoir atteint son seuil de rentabilité avec des activités liées à eBay, à présent le travail pour PayPal est de persuader d'autres détaillants en ligne de l'adopter comme moyen de paiement, explique Rajiv Dutta, président de PayPal. «Nous gérons plus de compte qu'American Express, alors que la grande majorité des sites de-commerce n'utilisent pas Paypal», explique-t-il. L'un des problèmes, est le temps nécessaire pour ajouter une fonction de paiement en ligne dans un site. Ainsi la société a ramené le temps pour l'écriture du code de quelques semaines à quelques jours. Après avoir acquis des millions de petits détaillants sur eBay, elle tente actuellement de convaincre des commerçants plus grands. M. Dutta affirme que l'un des arguments de ventes est le taux de fraude de PayPal, qui est trois fois plus faible que la norme des paiements en ligne. Sa dernière innovation de sécurité, est une clef numérique, liée aux comptes des clients, dont le code de sécurité change toutes les 30 secondes. C'est vite devenu populaire, aidé en cela par la volonté de PayPal de la commercialiser en dessous de son coût. Mais la sûreté n'est rien sans le caractère fonctionnel, ce qui explique la précipitation à convertir de nouvelles plateformes à ce service, à l'image des transferts de fonds par l'intermédiaire de Skype, la web-téléphonie d'eBay lancée en mars et par les téléphones portables en phase test. La société a également proposé une manière intelligente et sûre d'utiliser PayPal sur les sites Web, qui n'ont pas «un bouton de paiement PayPal» : «une carte de crédit virtuelle» qui débite le compte virtuel du client en utilisant un code à 16 chiffres, qui change après chaque transaction. La guerres des trolleys en ligne Une telle ingéniosité démontre que la seule limite à la croissance de PayPal réside dans la portée de sa vision, indique M. Dutta. Cependant, il y a une autre menace : Le petit mais potentiellement puissant service de paiement de Google, qui a été lancé l'été dernier. Les directeurs de PayPal minimisent le risque. Ils précisent que le paiement n'est qu'une partie de ce que peut faire PayPal: c'est-à-dire, permettre aux utilisateurs qui gardent les détails de leur carte de crédit, d'acheter des marchandises dans les sites, sans avoir à utiliser leur clavier à chaque fois. Cela en fait un simple «emballage autour de Visa et Mastercard» plutôt qu'un véritable concurrent, explique Stephanie Tilenius de PayPal. Mais Google a d'autres avantages. Fait décisif, Google s'est préparé à lancer le paiement au prix coûtant, ou même à perte, parce qu'il voit dans ce service un moyen utile d'attirer plus d'annonceurs à ses importantes affaires de liens publicitaires, qui fait apparaître la publicité des détaillants, dont le «mot-clé» est lié à la recherche. Son paiement est déjà adopté par le quart des 500 plus grands détaillants en ligne, en grande partie grâce à son offre gratuite jusqu'en 2008. La période de promotion terminée, chaque dollar qu'un négociant dépense en publicité chez Google lui ouvrira le droit librement à 10 dollars de transactions. «Nous voyons le paiement non pas comme une affaire autonome, mais comme un appât du réseau de Google», affirme Ben Ling, le patron du paiement. Cette volonté de subventionner, étant donné que les investissements atteignent 30 millions par trimestre, fait du paiement un ennemi potentiellement formidable. Gwenn Bézard du groupe Aite, une société de conseil, pense que PayPal souffrira par la suite, si Google continue à injecter de l'argent dans son service de paiements, parce que beaucoup de consommateurs voudront employer l'un ou l'autre système, mais non les deux à la fois. Par conséquent eBay est forcé de prendre Checkout, le paiement en ligne de Google, au sérieux, assez sérieusement pour avoir ajouté le système de Google à sa liste de méthodes de paiement prohibées. La raison fournie pour cette interdiction, est que le paiement ne dispose pas d'un historique assez long, et qu'il ne dit pas grand-chose à beaucoup de néophytes. Le mois dernier, un groupe a intenté un procès contre PayPal invoquant, entre autres, que le blocage sur le paiement est interdit. Autre signe que PayPal a Google à l'esprit, il a récemment lancé un partenariat de liens publicitaires de paiements et de recherche avec Yahoo! qui ressemble étonnamment à Checkout. Mais tout n'évolue pas comme Google le voudrait. Une étude en janvier a établi que seuls 18% des utilisateurs de Checkout, estiment leur expérience comme bonne ou très bonne, comparée à 44% pour PayPal. Et la part de Checkout dans les paiements sur certains grands sites, tels que Toys R Us et Sports Authority, est en baisse depuis la fin de la période des vacances, en dépit des subventions aux détaillants (estimées à 20 millions de dollars). Elle doit augmenter ses dessous de table afin d'être attrayant. En outre, Chechout pourrait lui-même faire face à certaines menaces à mesure qu'il se développe. A la rencontre de Davos de cette année, Bill Gates a dit que Microsoft pensait à aller dans les micro-paiements en ligne. Dès lors, il y a des consortiums de cartes. Dans la mesure où PayPal et Checkout font migrer les achats en espèces et par chèque vers la toile, où il est question de commissions sur les transactions, Visa et Mastercard les accueillent les bras ouverts. Mais ils s'inquiètent également d'être coupés du processus pendant que les «parvenus» du paiement deviennent l'interface avec lequel plus de clients en ligne traitent directement.