To bus or not to bus? Entre la longue attente, l'état défectueux des bus et les risques de vol, d'accident… les usagers subissent un calvaire au quotidien… Vos tourments… Sommes-nous contraints d'emprunter chaque jour les diligences nommées communément “tobis” ? La réponse est OUI. La plupart des usagers ne peuvent s'offrir le luxe d'une Ferrari avec chauffeur ou le petit taxi ou encore les services des grands taxis. Un petit détour dans les arrêts des bus vous révélera la “ notoriété ” de ces derniers. Cet incontournable moyen de transport collectif nourrit bien des phobies : vol, accidents, harcèlement… Dès lors, se rendre à son travail, à l'école, ou ailleurs devient un véritable calvaire. Et pour cause, à la vétusté et à l'état mécanique déplorable –pour ne pas dire dangereux- d'un certain nombre de bus qui refusent de rendre l'âme une bonne fois pour toute, s'ajoute le “comportement inconscient, adolescent” de ces jeunes (et non moins jeunes) chauffeurs engagés dans un rallye automobile en roulant à tombeau ouvert, que les rues soient désertes ou encombrées par une dense circulation automobile ou piétonnière. Autrement dit, prendre un bus c'est accepter les risques. Un contrat tacite que les usagers acceptent à contrecœur et à leurs risques et périls. Les rumeurs vont bon train sur ces bus fantoches sans assurances, d'autant plus que l'état mécanique défectueux n'est nullement rassurant. Dans le souci mercantiliste (ici au sens de criminel) de gagner toujours plus et dépenser peu, voire rien, les responsables des autobus en question (le cas est valable aussi bien pour la Régie que pour les sociétés privées) laissent rouler les véhicules jusqu'à épuisement et sans maintenance. Quant à la carrosserie, digne des films de guerre, elle est aussi défectueuse que pourrie. Rouillé, aux sièges inconfortables, le véhicule exhibe ses entrailles : il suffirait de baisser la tête pour découvrir les brèches, sans parler des fenêtres de secours bloquées ou des rétroviseurs brisés ou inexistants. Le comble serait d'emprunter un de ses “ tobis zrak ” pour un long courrier, un jour pluvieux. Il est sûr que vous ne goûterez que la chaleur des voisins si proches, à sentir leur haleine ou leur souffle. Par contre, vous ne pourrez contourner les gouttes de pluie ou user de votre parapluie. Cette caricature réelle est bien connue des étudiants, obligés d'emprunter ce moyen économique, généralement en contractant un abonnement mensuel. D'autres profitent de la foule pour échapper aux contrôleurs. Mais même en étant plein à ras bord, ces derniers trouvent toujours le moyen de soutirer à “Salet” le prix de 2 tickets, parfois de le larguer dans un poste ou dans un endroit lointain. Ces exigences ne correspondent nullement aux services offerts par le bus : étouffement, sièges cassés, places debout, secousses à volonté, bousculades, vols, comportements impudiques et sexistes… Aussi, un usager se voit-il servir quatre fois par jour ces services avec au menu des spectacles uniques à chaque ligne. Comble de misère, vous avez droit à la veuve désemparée, à la femme enceinte oulya, aux hommes de bonne famille se trouvant provisoirement dans une situation précaire et désirant rentrer au bled. Le numéro du malade portant à la main son sérum ou son sachet de bile reste le plus spectaculaire après celui du récemment opéré, exhibant un grand sparadrap couvrant le ventre et imbibé de rougeurs suspectes. Par ailleurs, d'autres se veulent plus honnêtes et vous initient au droit chemin : petits livres religieux, cassettes audio du coran et de fameux prêcheurs. Personne ne contestera leur présence et souvent pas les contrôleurs. Mme M'barka S (Ouvrière – 44 ans) “j'ai toujours peur des malfaiteurs, même dans le bus.. ” “Je travaille dans une usine à la sortie de la ville, c'est pourquoi je suis obligée de me réveiller tôt le matin pour aller prendre le bus à une heure où il y a peu de gens. Je ne vous cache pas que dans la rue, une grande peur s'empare de moi, à tel point que je marche en tremblant, en me retournant à droite et à gauche. Je suis constamment sur mes gardes. Ce qui est pire, c'est que même à l'intérieur du bus, je ne suis pas à l'aise. Je ne me sens pas en sécurité. Les gens qui sont assis à mes côtés, devant et derrière moi me font peur. Je les regarde avec méfiance. Je m'attends toujours à ce que l'un d'eux –surtout qu'on n'est pas nombreux à cette heure-là- sorte un couteau de la poche pour me menacer et me dépouiller. Cette mésaventure m'est déjà arrivée, il y a un peu plus d'un an. Et depuis, cette image ne m'a jamais quittée. Vous savez, je vis avec la peur au ventre chaque fois que je prends le bus le matin. ” M. Jamal E (fonctionnaire) “J'ai une voiture, mais je prends le bus… ça revient moins cher ! “ Après avoir économisé et contracté un crédit, je suis parvenu à m'acheter une voiture d'occasion vu que j'habite un quartier retiré de la ville et que les déplacements en bus me fatiguent à cause de mon état de santé. Les premiers mois, j'ai trouvé que c'était là la solution à mon problème de transport, mais au fur et à mesure que le temps passait, ma situation matérielle s'est tellement compliquée que je n'arrivais plus à suivre… Les déplacements en voiture ont épuisé ma bourse. Ainsi, le carburant, les frais de réparation, les parking et autres dépenses m'ont à la fin poussé à laisser la voiture dans la rue où j'habite pour renouer avec le bus. Je ne m'en sers qu'en cas de nécessité ou d'extrême urgence ou bien le week-end pour emmener ma petite famille à la campagne ou à la plage. C'est que mes déplacements en autobus me reviennent moins cher qu'en voiture. Faites le calcul ! En vérité, le bus est un supplice tant en hiver qu'en été, mais c'est un mal nécessaire pour nous les pauvres gens de condition modeste. ”