Heureux dénouement annoncé par le ministre istiqlalien en recevant les syndicats des routiers en grève pour protester contre la réforme du code de la circulation. Ghellab a mis toute sa science de la négociation pour stopper l'hémorragie qui menaçait de paralyser l'économie nationale. On aura tout entendu durant les jours de grève des transporteurs autocaristes de passagers, camionneurs de fret et grands taxis urbains et interurbains pour rallumer des tensions sociales. Que le gouvernement n'était pas unanime à approuver le projet de code de la route, que des parlementaires s'y opposaient farouchement sans compter que les syndicats de chauffeurs exigeaient son annulation pure et simple. Jusqu'à l'opinion publique, déjà paniquée par les folles rumeurs courant sur les tentatives d'actes de violence extrémiste menaçant la quiétude du Royaume, qui rajoutait de l'huile sur le feu en prédisant la «paralysie totale» du pays ou une catastrophe sans précédent dans les annales des relations entre gouvernants et gouvernés. C'était méconnaître la «botte secrète» du ministre du Transport, qui a réussi à mettre tout son monde d'accord pour décréter l'arrêt définitif des hostilités et la reprise normale de toutes les activités de transport des passagers et des marchandises entrée en vigueur jeudi dernier. Le ministre istiqlalien a tenu à faire partager cet heureux dénouement de crise, en associant au bénéfice de l'opération tous les partenaires sociaux qui ont, insiste-t-il, fait preuve d'un esprit remarquable de responsabilité tout au long des négociations. Une sorte de paix des braves ou de consensus gagnant-gagnant. Mieux encore, le gouvernement, avec un grand regret des dépassements de certains grévistes, de leur surenchère et chantage en procédant par intimidation et actes de vandalisme, n'a jamais, contrairement aux fausses rumeurs répandues, fermé la porte au dialogue. D'ailleurs, l'UGTM qui a saisi l'appel au dialogue dès le lendemain, a décidé de stopper le débrayage de ses militants et affiliés du secteur du transport routier. Les négociations se sont poursuivies jusqu'au troisième jour, et tard dans la nuit, du mouvement avec les représentants de l'Union des Fédérations professionnelles concernées, ainsi que les membres du Conseil syndical de coordination des travailleurs du secteur des transports routiers de passagers, qui ont décidé d'arrêter la grève à 4 heures du matin. Les négociations non stop se sont poursuivies, dans la soirée du jeudi 15 mars, avec les transporteurs fret et les chauffeurs des grands taxis affiliés à la CDT pour aboutir au même consensus, freiner l'hémorragie de pertes et de casse et reprendre l'activité normale dans le pays. Le ministre s'est débattu comme un diable pour faire entendre raison à des partenaires qui ont opté, au début, pour le langage de la confrontation en décidant de débrayer avant de négocier. Une politique qui s'est soldée par des dégâts en termes de manque à gagner et de normalisation des circulations et des voyages alors que l'Exécutif était disposé à rechercher, dans la concertation sereine et responsable, une issue acceptable pour tous sans provoquer de «zizanie» dans l'économie et la société marocaine. Les conséquences ont été durement ressenties par les citoyens, avec l'engorgement des moyens de transport, y compris ferroviaire et ils exprimaient vivement leur mécontentement dans les stations de carburant en rupture d'approvisionnement ou dans les marchés de fruits et légumes non réapprovisionnés. Tout comme les magasins d'alimentation générale étaient en rupture de butanes et autres denrées de première nécessité. Témoignage du ministre : «nous avons dénombré d'importants dégâts, notamment dans l'agriculture et le textile à cause de l'immobilisation des moyens de transport» et les exportateurs ont été touchés aux ports d'embarquement qui n'ont pu recevoir que très peu de camions TIR. Pourtant, les points évoqués par les contestataires, à savoir la multiplicité et la sévérité des contrôles, les sanctions et le retrait du permis, bref tous les griefs qui faisaient craindre un impact négatif dans l'application des dispositions du nouveau code de la route, avaient des réponses toutes faites chez le ministre de l'Equipement et du Transport. Il suffisait d'accepter, pour les syndicats grévistes, le principe de pourparlers constructifs et responsables, qui devraient se poursuivre dans la sérénité et la disposition mutuelle à rechercher des terrains d'entente. Et pour lever toutes les craintes, Karim Ghellab a tenu à expliquer, encore une fois, en y mettant le ton et la forme pour rallier les plus récalcitrants de ses partenaires, que «le projet de nouveau code de la route, sérieusement étudié dans les instances gouvernementales compétentes et examiné sous tous ses aspects dans les débats au sein du Parlement, dans les Chambres bicamérales et au sein des commissions ad hoc, a été accueilli avec un grand soulagement par les députés, dont le soutien apporté vise à soutenir une réforme pertinente du code de la circulation routière, qui devra voir le jour avant la fin de la présente législature».