A coup sûr l'une des figures les plus importantes de ce salon. L'auteur autrichienne, depuis son Prix Nobel de littérature en 2004, jouit d'une célébrité mondiale. Largement méritée pour une œuvre très spéciale qui ne fait pas que des admirateurs. C'est que la romancière et dramaturge multiplie les sorties et les pieds de nez avec une subtilité toute féminine sans jamais tomber dans le gratuit. Elle est aussi connue pour son penchant pour une écriture brutale et très accidentée qui se joue des règles connues et célébrées jusque-là. C'est d'ailleurs, entre autres, l'une des raisons pour lesquelles le prix le plus prestigieux du monde lui a été attribué. Née en 1946 à Mürzzuschlag d'un père juif tchèque et d'une mère issue de la haute bourgeoisie autrichienne, Elfriede Jelinek plonge très vite dans le monde feutré des arts. Elle sa passionne pour tout et touche à différentes expressions avant de trouver sa voie. Elle étudie le théâtre et l'histoire de l'art, avant d'obtenir son diplôme de fin d'études en musique. Nous sommes alors en 1964 et là, elle édite, trois ans plus tard, son premier recueil de poèmes. Elle marquera aussi par ses fréquentations. L'avant-garde littéraire lui ouvre les bras et le parti communiste l'accueille. Et c'est à partir de ce moment qu'elle va osciller entre deux rêves et deux amours : l'écriture et la musique. Le grand public la découvre en 1980 avec son roman Les amants, qui suscite la polémique. Autant admirée que décriée à cause de son style brutal et de son univers violent, Jelinek provoque un nouveau scandale en 1988 avec la parution de La pianiste. Elle remporte le prix Nobel de littérature, qu'elle ne dédie pas à son pays. Son dernier roman, Avidité, a été traduit et publié par les éditions du Seuil. BIBLIOGRAPHIE • Les Exclus (1989) • Lust (1991) • Les Amantes (1992) • Ce qui arriva quand Nora quitta son mari (1992) • Totenauberg (1994) • Méfions-nous de la nature sauvage (1995) • La Pianiste (1998) • Désir et permis de construire (1998) • Maladie ou femmes modernes : comme une pièce (2001) • Le Travail (2002) • Avidité (2003) Samuel Beckett a son espace à Tanger La onzième édition du Salon international du livre de Tanger a vu l'ouverture d'une nouvelle salle dédiée à l'art et la culture : il s'agit de la salle Samuel Beckett. Oui l'auteur d'En attendant Godot, de Fin de partie, de Murphy, Watt et tant d'autres grandes œuvres du XX ème siècle, a fini par recevoir un peu de ce qu'il a donné à la ville de Tanger. L'inauguration s'est déroulée le mercredi 28 février vers les 15 heures, une date qui marque l'échange posthume entre l'écrivain irlandais qui avait visité Tanger, non comme une escale, mais surtout une station qui avait déjà tant donné à d'autres grands auteurs venus des quatre coins du monde. On pense à Jack Kerouac et son ami Cassidy, à William Bourroughs, venu retrouver sa vie après avoir achevé celle de sa femme par accident ou encore Tennessee Williams, Paul et Jane Bowles, sans oublier des musiciens comme Randy Weston, les Rolling Stones ou les Led Zepplin de Robert Plant et Jimmy Page. C'est donc une ville qui rend hommage à un homme qui a foulé le macadam en marcheur, simple silhouette limpide dans le creux des ruelles de la médina, face à la mer, là où beaucoup de Tangérois l'avaient fréquenté pour un temps. Et cet hommage posthume est venu faire écho à tous ceux rendus par Samuel Beckett à Tanger après avoir remporté le prix Nobel de littérature en 1970. Hommage à Maurice Blanchot Le grand discret On en connaît qu'une petite photographie d'un homme qui a choisi de vivre en retrait de tout. Celui qui a marqué la littérature moderne en tant qu'écrivain et critique, celui qui a été le proche de grandes figures comme René Char, Albert Camus, George Bataille ou encore Martin Heidegger, a vécu de quelques émoluments en tant que lecteur chez Gallimard. L'auteur du Livre à venir, de Thomas l'obscur, de Kafka à Kafka ou de l'inoubliable La part du feu avait choisi la discrétion comme mode de vie. Figure majeure de la littérature universelle, il ne jouit pas de tout l'intérêt que l'on devrait lui réserver non pour le ramener vers la lumière, mais pour nous approcher de sa lumière pour nous aider à mieux voir. Le vendredi 02 mars à Tanger, un documentaire de Hugo Santiago, réalisé en 1998 (57 minutes de pur bonheur) dans la collection Un siècle d'écrivain a été projeté à la cinémathèque de Tanger. Un essai qui retrace la vie d'un homme dont la littérature était l'unique viatique. Quelques instants de recueillement aux côtés d'un être dont la vie entière était un dialogue avec tant d'autres auteurs du monde. De Robert Musil, à Franz Kafka, en passant par Marcel Proust, Jean Paul Sartre, Thomas Mann, Hölderlin, Rainer Maria Rilke. Autant d'arrêts pour nous dire toute la variété de l'imaginaire humain, cette myriade d'oeuvres tentant une étincelle de beauté sur le chemin de la vie.