Face à la recrudescence meurtrière des accidents de la circulation ces derniers mois, la puissance publique passe à la vitesse supérieure pour sévir contre les «fous» du volant et les «assassins» de la route. Le nouvel an connaît la mise en œuvre expérimentale des radars automatiques qui devront épingler tous les «délinquants» de la conduite dès la promulgation du nouveau code la route. Un nouveau code de la route comportant des dispositions particulières en matière de durcissement des sanctions contre les infractions à la circulation sur nos chaussées devenues dangereuses que ce soit en périmètre urbain ou en rase-campagne. Pour neutraliser la «rage» du volant et infléchir la courbe des accidents qui endeuillent près de 4000 familles chaque année, sans compter les milliers de blessés graves, d'estropiés et d'invalides «provoqués», le ministère de l'Equipement et du Transport a mis à l'essai les 150 radars numériques, soigneusement placés sur les artères «accidentogènes» acquis pour un investissement de plus de 70 millions DH afin de stopper l'hécatombe et freiner l'hémorragie sur des routes le plus souvent endeuillées par l'excès de vitesse et, d'une manière générale, le non-respect du code de conduite. Les responsables de la sécurité routière ne font plus mystère de cette expérience qui, déjà, semble avoir dissuadé bon nombre de conducteurs : «les essais des nouveaux appareils et équipements se poursuivent à un rythme soutenu et des procès-verbaux avec amendes sont dressés afin de détecter les éventuelles défaillances du système de contrôle de la vitesse et des procédures de pénalisation». Ces radars s'ajoutent aux 450 radars déjà en place pendant ces trois dernières années. Il faut aussi ajouter le projet d'installation de six plates-formes automatiques de mesure du tonnage des camions, un des facteurs majeurs dans la fréquence et la gravité des sinistres routiers. Ces essais sont confiés aux deux opérateurs adjudicataires de l'appel d'offres international lancé en juillet 2005, la marocaine LOGISOFT et l'allemande ROBOT chargés de l'installation du nouveau système et qui réalisent, en même temps, les aspects logiciels liés au téléchargement des images, l'administration et le contrôle des radars, la reconnaissance des plaques d'immatriculation et la formation des ingénieurs du département de tutelle. Ces équipements sont testés en priorité sur les grands axes très sollicités comme Casablanca-Rabat ou sur les itinéraires considérés comme les plus «meurtriers» conduisant vers Agadir ou Marrakech. Mais que l'on se rassure car ce nouveau système sera généralisé à toutes les autres régions du pays et dans les meilleurs délais dès que les contraintes liées au branchement électrique seront levées. Ainsi que sur les feux de signalisation dans les centres urbains. Autrement dit, gare aux indisciplinés et imprudents volontaires car, nous promet-on, plus personne n'est à l'abri et nulle infraction ne pourra en réchapper en raison d'un dispositif de surveillance qualifié de « très verrouillé, intransigeant et impitoyable». Personne n'est à l'abri En clair, la corruption ne passera plus et tout favoritisme est, d'emblée exclu quel que soit l'auteur de l'infraction. La procédure est à la fois simple, efficace et, surtout, rapide. En cas d'excès de vitesse, le véhicule est flashé et la photographie prise envoyée au centre national du département de tutelle où le système informatique reconnaît la plaque d'immatriculation, consulte la base de données pour identifier le nom et l'adresse du contrevenant. La contravention est adressée à Barid Al Maghrib par courrier électronique et imprimée au niveau de la poste la plus proche du lieu de résidence du contrevenant. Cette opération dure normalement 48 heures entre le constat de l'infraction et la notification par voie postale à l'intéressé et devrait pouvoir être comprimée à une journée seulement après les essais nécessaires. Des poursuites judiciaires seront entamées contre le contrevenant s'il ne s'acquitte pas de l'amende dans un délai de rigueur de 48 heures. Et ce ne serait pas faute d'en avoir été informé puisque des panneaux indiquant l'existence de radars seront visibles aux conducteurs. Entretemps, les « chauffards » qui s'aventurent à défier les règles de bonne conduite regretteront sûrement leurs délibérés après que le couperet leur soit tombé sur la tête. Déjà, des conducteurs de véhicules sont revenus, manifestement, à de meilleures résolutions en s'efforçant de se montrer plus calmes et mieux disciplinés. Mais il reste les incorrigibles diables de la vitesse et des « rodéos urbains» qui ne tarderont pas, eux-aussi, à passer à la casserole. Normal avec les 120 unités caméras de surveillance installées à Casablanca (avec les 40 radars), les 90 autres à Rabat (avec les 30 radars flasheurs), 70 appareils à Fès et 65 à Marrakech. Cette cadence ira s'accélérant pour englober les autres villes du Royaume. Même nos provinces sahariennes sont mises au régime préventif avec l'installation d'une douzaine de caméras de surveillance à Laâyoune. Ces caméras et les «flashoradars» conjuguent leurs services pour que cesse l'hécatombe routière dans des proportions acceptables. Le mot de la fin pour le ministre Karim Ghellab dont l'œuvre de modernisation et de mise à niveau du secteur national des transports, tous modes confondus, est colossale : «Les nouveaux équipements verrouillés au plan des systèmes d'information s'avèreront efficaces pour promouvoir la transparence et lutter contre la corruption». Si maintenant, même les radars se mettent de la partie pour …moraliser la vie publique, c'est que le pays est bien parti pour remporter ce nouveau challenge.