Enfin, les décideurs, primature en tête de peloton, se sont résolus à prendre le taureau par les cornes pour lancer la plus grande initiative nationale du genre visant la formation de 10 000 ingénieurs par an jusqu'en 2010. Et comme aux grands maux correspondent toujours les grands remèdes, c'est tout l'arsenal institutionnel et universitaire qui a été mis au pas de charge pour réagir face à une double préoccupation : résorber le déficit chronique en besoins d'ingénieurs d'une part, et adapter les profils recherchés aux nouveaux métiers, d'autre part. C'est dans le temple, symbole puissant de l'éclosion de l'ingénierie nationale, qu'a été lancée, le mercredi 20 décembre, la plus grande initiative gouvernementale du genre à travers l'opération « 10 000 ingénieurs » sous le slogan fédérateur du « Capital humain pour les chantiers de demain ». Un gouvernement « serré » de près par le Palais Royal, sous l'œil attentif d'Abdelaziz Méziane Belfkih à titre de Conseiller du Souverain, mais aussi en tant que coordinateur des travaux de la fameuse Charte COSEF relative à la réforme de l'Education-Formation dans le Royaume. Si les deux têtes de l'exécutif du Royaume s'impliquent avec autant d'ardeur, c'est que le challenge est à la mesure des ambitions du Maroc de demain qui peaufine ses atouts en qualité de ressources humaines pour être compétitif dans l'économie mondiale et la société de l'information et du savoir. La Formation des ingénieurs mobilise un budget de près de 1 milliard DH incluant la participation de 28 établissements d'enseignement supérieur, entre universités nationales et instituts et écoles d'enseignement supérieur. Le déficit en profils qualifiés au marché de l'emploi est important car le Maroc se place, avec 1,43 ingénieur pour 10 000 habitants, derrière des pays à niveau de développement comparable, à l'instar des PECO avec 6 ingénieurs pour 10 000 habitants en Europe de l'Est, la Tunisie avec 2,5 et la Jordanie avec 40. Bien sûr, la comparaison ne tient plus la route quand on prend comme référence des Etats comme la France ou le Japon où les taux s'envolent avec respectivement 160 et 540 ingénieurs pour le même nombre d'habitants. La part du lion à l'Offshoring C'est vrai que l'état des lieux n'est pas pour rassurer quand on sait que le pays compte, actuellement, à peine quelque 30 000 ingénieurs en activité et forme annuellement 4 288 ingénieurs, toutes spécialités confondues, soit moins que le double de l'objectif annuel fixé jusqu'en fin de décennie. C'est le domaine de l'offshoring qui se taillera la part du lion dans l'absorption des futurs profils pointus dont un grand nombre sera orienté sur les métiers des NTIC qui accaparent 44% des lauréats formés dans nos écoles. Le programme de formation comporte les diplômes d'ingénieur, de master, licence en sciences et techniques ainsi que les titres délivrés par les établissements d'enseignement supérieur privés. Ce sont les établissements universitaires qui devront prendre en charge le gros des effectifs à former avec 5 200 lauréats à fournir, soit 52% du total. C'est donc en présence du Conseiller du Souverain, Abdelaziz Méziane Belfkih, d'une brochette consistante de ministres du gouvernement Jettou et des présidents des universités nationales et des directeurs des écoles et instituts d'enseignement supérieur spécialisés que le Premier ministre a donné le coup d'envoi à « l'Initiative 10 000 ingénieurs et assimilés» à former chaque année jusqu'en 2010. Ce qui, tout compte fait, devrait fournir sur toute la période quelque 40 000 nouveaux lauréats aptes à résorber le déficit en volume d'une part, et se préparer aux nouveaux métiers qui émergent, d'autre part. La rencontre de l'EMI a permis de concrétiser une multitude de conventions, plus d'une trentaine, entre les pouvoirs institutionnels et les établissements de formation supérieure concernée dont les engagements aux quotas à prendre en charge ont été dûment consignés. C'est ainsi que les Universités de toutes les régions du Royaume, les Instituts et Ecoles ont entériné les engagements concourant à la formation de 10 000 ingénieurs par an avec leurs partenaires que sont les départements gouvernementaux de l'Agriculture, du développement rural et de la Pêche , de l'Equipement et du Transport, de l'Education nationale, de la Formation des cadres, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, des Finances et de la privatisation et autres. D'autres conventions latérales ont été signées entre l'ANRT et l'INPT, par exemple. Plan Offshoring Maroc 2010 Diplômes et Filières ciblés Les facultés des sciences et des sciences juridiques proposent la licence professionnelle pour les filières comptable, employé de back office bancaire, opérateurs de service clientèle , administrateur de personnel, et techniciens d'assurances ou encore administrateur de parc PC ou Développeurs. Ces établissements mettent en place également un Master dédié à la Qualité du Logiciel et aux Réseaux et Systèmes. Pour sa part, l'EMI assure une formation d'Ingénieur d'Etat et master dans les filières de Qualité du Logiciel ; Réseaux et Systèmes et Project management de Plates-formes offshoring. Les formations les plus pointues ciblent les titres d'ingénieur d'Etat et master notamment dans les spécialités de Qualité du Logiciel ou des Réseaux et Systèmes. Les licences professionnelles sont aussi très sollicitées dans diverses options, administrateur d'applications d'entreprise, administrateur de bases de données, administrateur de personnel…Des DUT sont également délivrés en offshoring intéressant les métiers de comptable en normes françaises et internationales, de développeurs JAVA et C++ ainsi que les techniciens de réseaux (routeurs, LAN, WAN, Serveurs…).