La majorité de la classe politique israélienne estime que le Premier ministre, Ehud Olmert, a commis une grave erreur lorsqu'il a parlé, en Allemagne, de la possession de l'Etat hébreu de l'arme nucléaire. Le pire, c'est qu'Olmert a été dans tous ses états lorsqu'il a commenté les propos du nouveau ministre américain de la Défense, Bob Gates, selon lesquels ce dernier avait déclaré que l' «Iran craint la capacité nucléaire d'Israël». La réaction mal calculée d'Olmert l'a poussé a reconnaître qu'Israël est un pays «nucléaire responsable». Il reconnaît ainsi indirectement qu'il possède cette arme. Il est probable qu'Olmert qui s'est rapidement fâché, est tombé dans le piège en dévoilant des informations que ces prédécesseurs, tous les chefs de gouvernement de l'Etat hébreu, de Ben Gourion à Ariel Sharon, avaient caché. Il est probable, d'autre part, que le Premier ministre israélien n'a pas fait une erreur en faisant une telle révélation. Mais, il savait de quoi il parlait. Cela dit, c'était une révélation ciblée, programmée en marge du flou nucléaire israélien. Nombreux sont les hommes politiques et les académiciens en Israel qui disent, depuis de longues années, que l'Etat hébreu devrait sortir sa bombe nucléaire de ses entrepôts. Et, qu'elle devait l' «exhiber» devant le monde entier dans l'objectif de le dissuader. Une telle initiative, d'après ces derniers, aboutira à créer un équilibre de dissuation nucléaire au Moyen-Orient. Et, par là, lui permettra de vivre dans une paix relative. Comme cela a été le cas lors de la guerre froide entre le bloc de l'Ouest et celui de l'Est. Force est de souligner que ces derniers temps, les voix revendiquant de mettre fin à la politique du flou nucléaire ont nettement augmenté. Notamment, après que les efforts de l'Iran visant à obtenir l'arme nucléaire et les missiles sophistiqués ont atteint un stade avancé. Il se peut encore qu'Olmert, déçu de l'impuissance de l'Occident et du refus de la de la Russie et de la Chine de prendre des positions finissant par ralentir le programme nucléaire iranien, décide exprès d'accroître les menaces d'Israêl. Et, de passer le message aux Etats membres du Conseil de sécurité afin qu'ils bougent avant que Tel-Aviv ne sera contraint de se défendre par ses propres moyens. Si les propos d'Olmert sont considérés comme étant un faux pas, ou une insinuation ciblée, ils sont en tout cas une erreur. Non seulement parce que cette phrase constituera un alibi pour Téhéran afin de préparer l'opinion publique internationale vis-à-vis de son acquisition de l'arme nucléaire. Mais parce que le mal est déjà fait, plus particulièrement, après que certaines puissances internationales exploiteront ces propos. Il ne faut pas oublier, le cas échéant, que certains pays tentent, depuis des années, de priver, d'une part, Israël de sa capacité nucléaire ; et, de l'autre, imposer un contrôle international ferme sur ses usines et sites. L'Egypte vient en tête de ces pays qui veulent atteindre cet objectif. Chaque année, les dirigeants égyptiens essayent de convaincre l'ONU et l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) de prendre la décision nécessaire qui obligera le gouvernement israélien à ouvrir les usines de Dimona au contrôle international. Si l'AIE opte pour cette mesure, Israël se retrouvera alors dans de mauvais draps. La politique du flou nucléaire adoptée depuis plus de 40 ans et qui avait donner ses fruits jusque-là, risque aujourd'hui, après les déclarations d'Ehud Olmert, de lui faire perdre tout. Les prochains mois voire les prochaines semaines seront délicates pour le centre de décision en Israël. Car Olmert sans le vouloir ou avec préméditation aurait ouvert la bôite de Pandore du nucléaire au Moyen-Orient. Tout le monde aujourd'hui dans cette région fait savoir explicitement qu'il voulait posséder sa propre arme de dissuation et se défendre. Le président égyptien, Hosni Moubarak, l'avait dit lors de sa visite, la semaine dernière à Paris. Les chefs des Etats du CCG (Conseil de coopération du Golfe), l'ont également discuté lors de leur sommet annuel tenu récemment à Riyad.