C'est dans un climat serein que la majorité gouvernementale a trouvé un accord concernant le code électoral. Pour éviter toute division, les partis de la Koutla ont imposé les recours du PPS. Un signal fort qui annonce la couleur. Lesdits partis préfèrent s'organiser pour barrer la route au PJD. Ce dernier devra riposter et s'imposer par les urnes. Juin 2007 risquera d'être chaud. L'impasse est-elle dépassée ? Les partis de la Koutla Démocratique (l'USFP, l'Istiqlal et le PPS) et ceux de la majorité gouvernementale (RNI et Mouvement Populaire) se sont finalement mis d'accord sur le projet de loi relatif au Parlement. Après moult rencontres, les partis qui composent le gouvernement Jettou ont décidé de couper la poire en deux et trouver une issue à la crise. D'un côté, ils ont essayé de garder des articles de loi qui privilégient leurs positions tout en répondant favorablement aux demandes de l'union de la gauche et de la société civile qui avaient rejeté catégoriquement cette loi. Dans un premier temps, le RNI D'Ahmed Ousmane avait rejeté cette approche et le président du groupe parlementaire, Mohamed Abou, avait menacé de boycotter ce vote. Mais les autres partis ont pu convaincre les centristes de revoir leur position. Le but, ménager le PPS. «Nous avons essayé de trouver un juste milieu pour éviter la division de la majorité gouvernementale. Les doléances du PPS devaient être prises en compte. C'est un grand parti issu du mouvement national qui participait dans les choix du gouvernement» explique un élu de l'Istiqlal. C'est dans ce cadre là, que le seuil des 7 % a été revu à la baisse pour être proposé à 6 %. Mais le plus important est le retrait de la clause qui suggère deux cent signatures d'élus locaux pour tout candidat indépendant ou appartenant à un parti qui n'a pas obtenu plus de 3 % de voix lors des élections législatives de 2002. Le candidat devra, cependant, recueillir cent signatures d'électeurs. En d'autres termes, il doit convaincre cent citoyens inscrits dans les listes électorales de 2002 de signer pour sa candidature. Sagesse ? Même si le Parti Socialiste Unifié a cautionné cette avancée, il n'en demeure pas mois qu'il critique toujours ce code électoral. Pour le parti gauchiste, le maintien des signatures est en soit un acte anti-constitutionnel. Quant au secrétaire général du parti Travailliste, Abelkrim Benatiq, les choses ont bien évolué. Il explique, «la sagesse l'a, finalement, emporté. Nous avons pu convaincre les partis de la majorité gouvernementale et l'opinion publique que le code électoral était discriminatoire. Aujourd'hui, malgré tout, nous pouvons entamer notre campagne électorale avec beaucoup plus de confiance. Le plus important à mes yeux reste la mobilisation pour la participation lors des élections de juin prochain. Toutes les catégories de la société doivent être convaincues de l'importance de ces élections». Si la majorité des partis est convaincue des avancées réalisées concernant le projet de loi relatif au code électoral, le PJD est resté sur sa faim. Le parti de Saâddine Othmani voulait exclure les signatures et imposer un seuil national pour la rentrée d'un parti au Parlement. Un modèle à la Turque qui évitera la balkanisation de la classe politique. Mais les partis de la majorité gouvernementale préfère rejeter ce modèle pour éviter un raz-de-marée islamiste en 2007. Pour le vice-président du Parlement et membre du secrétariat général du PJD, Lahcen Daouidi, le projet du gouvernement est un échec. «Rien n'a été revu. Le fait de demander les signatures des électeurs est anti-constitutionnel. Il faut permettre à tous les partis de participer aux élections, mais imposer un résultat national pour rentrer au Parlement. Les parlementaires du PJD se réuniront et décideront de la position à prendre concernant cette loi» regrette Daouidi. Si le PJD a décidé de confronter le projet gouvernemental, c'est qu'il se sent isolé. Coalition D'abord, les grands partis qui composent la majorité gouvernementale se disent prêts à reconduire la même coalition en 2007 pour mener à bien les chantiers entamés. Un signal fort au PJD. Pis, certains comme l'USFP et le RNI ont ouvertement rejeté toute alliance avec Othmani et ses amis. Même l'Istiqlal considéré comme un parti conservateur a omis tout rapprochement avec le PJD. Son secrétaire général, Abbas El Fassi, l'a clairement précisé lors d'une conférence de presse la semaine dernière. Il a même accusé le PJD d'avoir soutenu un candidat qui utilisait l'argent lors des élections du changement du tiers de la deuxième chambre. Une attaque frontale qui ne laisse pas de doute sur les motivations de l'Istiqlal. Ce dernier préfère jouer la carte de la Koutla, même si l'alliance avec l'USFP ne fonctionne jamais lors des échéances électorales, que de miser sur le PJD. Alors que tous les sondages donnent un net avantage au PJD, il lui sera difficile, en 2007, de constituer une majorité gouvernementale. Pour remédier à ce «boycotte», les dirigeants du PJD ont déjà entamé leur préparation électorale. Son Conseil National a adopté la feuille de route pour le choix des futurs candidats. C'est les bureaux régionaux qui éliront les 91 listes électorales tout en permettant au secrétariat général de rectifier 20 % de ces listes. Une astuce pour consolider la candidature des grandes pointures du parti. Le PJD a attendu l'adoption de la loi et le découpage pour lancer sa machine électorale. L'objectif, être présent partout et peser dans la balance après juin 2007.