Steven Soderbergh boucle son Guerrilla, un film qu'il prépare depuis longtemps et qui s'intéresse au destin du révolutionnaire Che Guevara. La nouveauté c'est que Soderbergh développe ce projet en deux films distincts, qu'il tourne l'un après l'autre. La vie du Che s'adapte très bien au cinéma. Le personnage est charismatique et son parcours est un véritable roman. À la fois image christique (au-delà de la ressemblance physique et de l'âge de la crucifixion) et chantre d'un certain idéalisme planétaire, Ernesto Guevara demeure l'une des figures emblématiques de l'histoire de l'humanité. Destin tragique, itinéraire hors du commun, idées révolutionnaires et humanistes qui en font l'un des porte-voix de la liberté de son acception moderne, le Che est aussi un fin politicien, un exportateur de la révolution, un stratège de guerre et un illuminé. Après le magnifique « Carnets de voyage » du Brésilien Walter Salles où l'on découvre le parcours initiatique du jeune Ernesto sillonnant sur sa moto l'Amérique du Sud) à la découverte d'un idéal humain, c'est aujourd'hui Steven Soderbergh, qui s'attaque à la vie du révolutionnaire. C'est d'abord un projet confié à une sommité du septième art, Terrence Malick qui a préféré tourner son « Nouveau monde ». La place était donc vacante pour que Soderbergh assure la suite. Et n'en déplaise aux inconditionnels du réalisateur de «Traffic», «Sexe, mensonge et vidéo» et autres «Ocean's Eleven» et «Twelve», un récit cinématographique signé Malick (Days of Heaven, La ligne rouge) sur la vie du Che, est une autre paie de manches de la part de l'auteur de «Badlands». Quoi qu'il en soit, c'est Benicio Del Toro qui incarne Guevara. Javier Bardem, Franka Potente et Benjamin Bratt seront parmi ses fidèles lieutenants. Le premier film, The Argentine, commence alors que le Che et une bande d'exilés cubains (menée par Fidel Castro) atteignent la côté cubaine en 1956. En l'espace de deux ans, ils mobilisent le soutien populaire, celui de l'armée, et font vaciller le régime dictatorial, pro américain, dirigé par Fulgencio Batista. Dans le second film, Guerrilla, le Che se rend à New York, où il prend la parole aux Nations Unies en 1964. Soderbergh a déjà filmé cette scène d'ouverture avec Del Toro et Julia Ormond, qui incarne la journaliste Lisa Howard. Le budget des deux films s'élève à 70 millions de dollars. Les scénarios ont été écrits par Peter Buchman, qui a travaillé avec Del Toro et un traducteur afin de rédiger ces scripts en espagnol. Les films seront en effet tournés en langue espagnole. Pour la mémoire Pour rappel, Ernesto «Che» Guevara (accessoirement descendant du vice-roi du Mexique) se lie, en 1955 à Fidel Castro pour mener la guérilla au dictateur cubain Fulgencio Batista. Castro accède au pouvoir et devient Premier ministre de Cuba en 1959. Pour sa part, le «Che» se voit remettre la fonction officielle de Président de l'Institut national de la réforme agraire, puis il est nommé à la tête de la Banque centrale de Cuba. Ce dirigeant politique dont le refus du capitalisme et du communisme orthodoxe fait de lui un héros pour les activistes de la nouvelle gauche, vers les années 60, est contre l'intervention des USA dans les pays du tiers-monde. Il fut à l'origine de l'évolution à gauche du régime castriste et du transfert vers le bloc communiste des relations alors tissées avec les USA. En 1965, Castro annonce que Che Guevara quitte Cuba et renonce à ses titres et pouvoirs. Le partisan des mouvements révolutionnaires paysans des pays en voie de développement, se rend au Congo où il échoue dans sa révolution en sol africain. En 1966, Ernesto se rend en Bolivie où il prépare la guérilla. Le 8 octobre 1967, le «Che» livre son dernier combat pour ensuite être exécuté, le lendemain, sous ordre de la CIA. Ernesto Che Guevara meurt le 9 octobre 1967. Il laisse, dans le deuil, sa femme Hilda, son fils ainsi que tous ses partisans révolutionnaires. Cet homme dont le portrait est mondialement connu est à l'origine de nombreux mouvements contestataires en Amérique Latine. Lors du processus de développement du projet, Soderbergh a également construit un documentaire dans lequel s'expriment des hommes et des femmes qui se sont battus aux côtés du Che, à Cuba et en Bolivie. Réalisé par Steven Soderbergh Avec Benicio Del Toro, Javier Bardem, Benjamin Bratt, Franka Potente, Paul Vasquez, Ryan Gosling, Julia Ormond, Alex Manette, Rob Macie, ...