L'élection de Ban Ki- Moon, ministre des Affaires étrangères et du commerce de la Corée du Sud, au poste du secrétaire général de l'ONU survient en pleine crise provoquée par l'annonce par la Corée du Nord qu'elle a effectué un essai nucléaire. Pour l'Ambassadeur de la Corée du Sud au Maroc Jung- Hee Yoo, l'essai nucléaire de Pyongyang n'est pas dans son intérêt ni daut l'intérêt de la stabilité et la sécurité de la région. La Gazette Du Maroc : Que représente pour les Coréens le soutien des pays arabes au candidat coréen au poste du secrétaire général des Nations Unies ? Jung- Hee Yoo : C'est grâce au soutien prépondérant de la communauté internationale dont les pays arabes que Ban Ki- Moon, ministre des Affaires étrangères et du commerce, assumera les fonctions de secrétaire général de l'ONU. Au nom du gouvernement et du peuple coréens j'apprécie hautement le soutien précieux des pays arabes à l'égard de la candidature du ministre Bank à ce poste. Le poste de secrétaire général de l'ONU requiert une immense capacité diplomatique et administrative ainsi qu'une neutralité stricte pour réaliser la paix et l'harmonie dans le monde. Ainsi, je pense que Ban est estimé pour sa longue carrière et son immense expérience diplomatique, surtout que la Corée du Sud a surmonté des souffrances de guerre et de colonisation. Le pays a aussi souffert du problème de division territoriale. Il est donc plus qualifié que quiconque pour contribuer à la réalisation de la stabilité et de la prospérité durables au Moyen Orient. Par ailleurs, depuis les années 70, un nombre de sociétés coréennes ont participé à de multiples grands projets de construction au Moyen Orient. Quelle lecture faites-vous des relations bilatérales avec le Maroc ? En un mot, les relations entre la Corée et le Maroc sont excellentes. Elles sont dignes des rapports traditionnels qui relient les deux pays amis. Cependant, il reste à dire que nos relations économiques doivent aboutir au niveau des relations politiques en dépassant les barrières linguistiques, culturelles et géographiques. On attend une visite d'Etat en Corée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans un proche avenir, ce qui va donner une impulsion à élargir et à approfondir davantage nos relations en partenariat stratégique. Je souhaite personnellement que Sa Majesté Mohammed VI soit accompagné par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Salma, qui enchantera le peuple coréen de la beauté et du charme du Maroc. A vrai dire, le Royaume est un bijou dans la région de l'Afrique du Nord et du monde arabe. Pour une meilleure compréhension entre les deux peuples, des contacts coutumiers et un échange culturel sont aussi essentiels. C'est un point encourageant que le Maroc a récemment entrepris pour attirer les touristes coréens comme une destination à dévoiler. En conséquence, la stratégie du gouvernement marocain telle que la vision 2010 fait preuve de pertinence et d'efficacité. Quelles sont les contraintes qui entravent le développement des relations bilatérales économiques ? Le bénéfice géopolitique du Maroc, les politiques d'ouverture économique tels que les accords de libre échange et les réformes entreprises par le gouvernement marocain sont des points positifs pour favoriser les investissements étrangers au Maroc. Toutefois, pour les entreprises coréennes, les avantages qu'offre le Maroc ne sont pas encore suffisamment évidents pour dépasser les autres contraintes tel que la distinction au niveau de la langue et des coutumes religieuses, l'insuffisance de l'infrastructure sociale, etc. En ce qui concerne le marché, il est vrai que la Chine, l'Asie du Sud Est et l'Inde offrent un marché d'une importance primordiale aux entreprises et aux investisseurs coréens. En plus, j'ai peur que le code de travail au Maroc, qui est trop strict, ne risque de décourager des investisseurs et des entreprises de venir au Maroc. J'espère que le code de travail sera amendé d'une manière plus pratique. Pour résoudre activement le problème de chômage, il faut créer en premier lieu les conditions favorables pour les entreprises parce que ce sont les entreprises qui créent de l'emploi durable et productif. Le marché de travail, qui est trop rigide, ne pourra pas servir à son objectif de protéger les intérêts des employés. Quelle est la stratégie de la Corée du Sud pour développer sa coopération avec le Maroc ? En tant que partenaires qui jouissent de l'amitié traditionnelle, la République de Corée souhaite continuer à approfondir et à élargir dans tous les domaines les relations d'amitié et de coopération avec le Royaume du Maroc. Tout en partageant les mêmes valeurs de la paix, de la démocratie et du marché libre, nos deux pays amis continuent à coopérer étroitement sur la scène internationale. Le gouvernement coréen accorde une grande importance au rôle que joue et jouera encore davantage le Maroc pour la stabilité et la paix durables ainsi que la prospérité commune dans sa région. La Corée souhaite également contribuer au progrès économique et social du Maroc. La Corée d'aujourd'hui se qualifie plus dynamique, se caractérisant par un PIB au 11éme rang mondial. Actuellement, la Corée se trouve parmi les pays les plus compétitifs. A titre d'exemple, la Corée est le numéro 1 mondial dans la construction navale depuis 2002, le numéro 4 au niveau de la fabrication des produits électroniques, le sixième dans l'industrie des automobiles, le cinquième dans l'industrie du fer et d'acier, …La Corée est le premier producteur du D-ram (type de mémoire à accès aléatoire) et LCD (Ecran à cristaux liquides). Au niveau du développement du Maroc, la Corée a octroyé au Royaume une aide au développement qui s'élève au montant de 60 millions de dollars entre 1991 et 2005. Néanmoins, c'est sans doute dans le domaine du développement humain que la Corée pourrait faire une véritable contribution au bénéfice du Maroc. Chaque année une trentaine de coopérants bénévoles coréens travaille côte à côte avec les Marocains dans divers secteurs d'enseignement d'art et aussi dans d'autres formations mécaniques. En même temps, une vingtaine de Marocains bénéficient des stages de formation en Corée. Il y a deux projets de coopération en cours. On va créer un centre de technologie de l'information dans l'université Al-Akhawayn, qui développera un manuel électronique des mathématiques à l'usage des collégiens, ceci dans le cadre du GENI, projet ambitieux du gouvernement marocain pour généraliser l'usage de la technologie de l'information à l'école. La Corée participe également au projet pilote du cadastre global pour les zones côtières entre Casablanca et Tanger. Je trouve que c'est très important de lancer une initiative de développement humain pour créer une société prospère et cohésive. Mon pays envisage également de participer activement aux projets de la maison du citoyen (Dar Al-Mouwaten). Que pensez-vous des réformes entreprises par le Roi Mohammed VI ? Les réformes entreprises actuellement par le gouvernement marocain sous l'égide de Sa Majesté le Roi Mohammed VI sont remarquables dans tous les domaines politique, économique et social. Il est à noter que ces réformes vont en parallèle avec la transformation physique du pays par le biais des grands projets de construction et de l'infrastructure aux quatre grandes régions du Royaume. C'est grâce à ces réformes que le Maroc deviendra un modèle de développement économique et social dans cette région et dans le monde arabe. Je tiens en grande estime les efforts concertés de Sa Majesté le Roi et de son gouvernement et du peuple marocain pour créer une société moderne, ouverte, démocratique et solidaire. Quelles sont les perspectives des relations bilatérales ? Nos deux pays, qui se situent aux extrémités de l'Est et de l'Ouest, continueront à développer et approfondir les relations d'amitié et de coopération en partenariat étroit tout en dépassant la distance géographique qui sépare Séoul de Rabat. En relevant tous les défis et en tirant le meilleur parti possible des opportunités qu'offre le XXIème siècle, nos deux pays resteront de vrais partenaires basés sur le respect et la compréhension mutuelle. Vu l'expérience diplomatique riche du nouveau secrétaire général de l'ONU le coréen Ban Ki-moon, Est-ce qu'il pourra trouver des solutions équitables et définitives aux conflits régionaux, et notamment la question du Sahara marocain ? A vrai dire, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Ban Ki-moon, qui a été élu secrétaire général des Nations Unies, a beaucoup de talent et d'expériences diplomatiques. Il a aussi souffert de la guerre entre la Corée du Sud et la Corée du Nord, et il a vécu plusieurs crises internationales. Avec sa sagesse et son expérience, il pourra mener le problème du Sahara vers une solution définitive avec le consentement des partis concernées.