Ce test électoral qui devait donner une cartographie réelle du champ politique n'a pas tenu toutes ses promesses. Au contraire, l'élection du tiers sortant de la deuxième chambre, a été un flop électoral. Ni les partis de la koutla, ni la majorité, encore moins l'opposition n'ont pu instaurer une stratégie électorale pour gagner ce scrutin. Au contraire, on a relevé un retour en arrière décevant. L'Etat doit-il intervenir juridiquement pour changer la donne ? Quels enseignements peut-on tirer de l'élection du tiers de la deuxième chambre ? Incontestablement, la classe politique marocaine n'a toujours pas atteint un degré de maturité pour concevoir un scrutin sans dépassement. Cette échéance électorale a marqué les esprits puisque l'utilisation de l'argent a été relevée à grande échelle. Initialement, le gouvernement cherchait à imposer un changement de cap pour instaurer des mécanismes capables de garantir la normalisation de la démocratie lors des élections législatives de 2007. Malheureusement, la campagne électorale et le déroulement du changement du tiers de la deuxième chambre n'a pas été le tournant escompté. Au contraire, elle a été considérée comme un retour en arrière qui pénalise la démocratisation du pays. Malgré, les efforts fournis par les autorités, grand nombre d'élus n'ont pas respecté les directives des Etats-majors. Le cas le plus flagrant demeure celui des partis de la koutla démocratique. Initialement, l'USFP, l'Istiqlal et le PPS devaient se mettre d'accord sur une feuille de route qui leur permettrait de présenter des listes communes. Si les dirigeants de ces partis ont conclu un pacte dans ce sens, les responsables régionaux n'ont pas suivi les directives émanant des cadors. Au contraire, chaque parti a entamé cette élection en négligeant ces partenaires politiques. Résultat, une élection sans intérêt qui ne reflète pas la réalité politique marocaine. Dans tous les cas, la majorité gouvernementale s'est maintenue et le grand perdant reste le parti islamiste du PJD. La formation politique dirigée par Saâd-Eddine El Othmani n'a pas su convaincre les grands électeurs. Au contraire, elle est sortie affaiblie de cette échéance. Tout en fustigeant les autres partis, la direction islamiste explique cette déroute en mettant en cause l'utilisation de l'argent à tous les niveaux. Mais au-delà de cette remarque, le PJD n'a toujours pas misé sur "l'infiltration " des chambres de commerces et son syndicat reste très loin derrière les centrales issues du mouvement national (UMT, CDT, UGTM et FDT). " 0n n'a jamais cherché à s'imposer lors de cette élection. Au contraire, notre agenda politique ne couvre pas cette échéance. 2007 est le vrai teste pour le PJD " relativise un membre du secrétariat général du PJD. Cela dit, plusieurs remarques peuvent être soulevées de ce scrutin. D'abord, la percée du parti dirigé par Abbas El Fassi est flagrante. Pourtant les derniers événements qu'a connus l'UGTM, avec l'éviction d'Abderrazak Affilal, devaient pénaliser la formation créée par Allal El Fassi. Mais, l'Istiqlal a pu dépasser cette " crise " et gagner cette élection. Une autre surprise reste de taille. Il s'agit du score du RNI. Avec treize élus, la formation présidée par Osmane se maintient. Même si l'on s'attendait à la déroute du parti centriste, suite à la dernière crise qu'a connue la RNI, le parti a sauvé les meubles en se classant troisième force politique à ce rendez-vous électoral. Quant aux mouvements populaires, même s'ils ont eu quatorze sièges, ils n'ont pas pu se positionner comme la première force politique du pays. Les derniers départs, suite au congrès constitutif de l'Union des Mouvements populaires, ont, incontestablement, pénalisé le mouvement haraki. Une autre bataille devrait être entamée dans les jours à venir. Après l'élection du tiers sortant des chambres des conseillers, les élus doivent se pencher sur l'élection de leur président et du bureau de la deuxième chambre. Une épreuve qui cautionnera, sans doute, les élections législatives de 2007.