Passer de l'irrigation gravitaire à celle dite localisée ou de goutte-à-goutte, c'est le nouveau chantier de l'Office régional de mise en valeur agricole de la Moulouya-Berkane (ORMVAM). Cette nouvelle stratégie permettra d'économiser jusqu'à 50 % d'eau d'irrigation. L'Etat accorde 40 % de subvention pour l'encouragement à l'équipement des parcelles en système d'irrigation localisée. Pour affronter les marchés mondiaux, l'Office sensibilise déjà les exportateurs de la région à se placer dans une politique de traçabilité et de certification. Toute la région de l'Oriental s'attelle aujourd'hui à sortir de sa torpeur. L'ORMVAM ne faillit pas à cette réalité. Loin s'en faut. Cet Office a pour mission l'aménagement hydro-agricole et des terres irriguées et bour, la gestion des équipements agricoles et des ressources en eau à usage agricole, l'organisation et l'encadrement des agriculteurs en zone irriguée et en zone bour. La quatrième mission est axée sur le développement rural. La stratégie de cet Office s'inscrit dans celle du ministère de l'Agriculture et du développement rural et des pêches maritimes. Elle consiste à mettre en place un plan d'ensemble pour améliorer les revenus des agriculteurs, l'augmentation de la production agricole, la création de l'emploi en milieu rural et la lutte contre l'exode rural. Priorité à l'irrigation localisée D'autres axes majeurs guident l'action de l'ORMVAM de la Moulouya pour faire face aux besoins du périmètre irrigué, la nouvelle démarche consiste à amener les agriculteurs à faire la reconversion de l'irrigation gravitaire à celle dite de goutte à goutte ou localisée. Ce nouveau procédé permet d'économiser jusqu'à 50 % d'eau par rapport à la méthode classique qui a prévalu depuis cinq décennies. En 1985, le nombre d'hectares équipés en irrigation localisée était presque nul. Douze ans après, 400 ha sont équipés par la nouvelle technique de goutte-à-goutte. Actuellement, ce sont 4000 ha qui bénéficient de cette technique d'irrigation. On prévoit 10.000 ha à l'horizon 2010. Les projections tablent sur 18.000 ha en 2015. Cette nouvelle démarche de reconversion va permettre de faire face aux difficultés de disposer des quantités optimales des ressources en eau. La première de ces difficultés est l'envasement des barrages. À titre indicatif, le barrage Mohamed V est passé de 700 millions de mètres cubes à 330 millions m3. L'autre contrainte posée, c'est de faire de telle sorte que ces barrages puissent répondre aux besoins en eau potable dans cette région. Actuellement, l'objectif assigné à ce niveau est d'avoir un rythme de reconversion de 700 à 1000 ha par an. À cet égard, on parie beaucoup sur le partenariat public-privé dans le cadre du programme de cession des terres de la SODEA-SOGETA. Par cette opération, on pourrait parvenir à équiper en irrigation localisée une importante superficie. Pour l'instant, on a 4000 ha sur 76.000. Nous comptons sur les 8000 ha qui viennent d'être cédés aux partenaires dans le cadre de l'opération de SODEA-SOGETA. À titre informatif, pour encourager l'irrigation localisée, l'Etat accorde des subventions de40 % aux agriculteurs qui voudront disposer des équipements nécessaires à cet effet. En plus, il a été constitué une cellule technique au niveau de l'ORMVAM dont l'objectif est d'apporter une assistance technique aux agriculteurs qui ont ou auront choisi l'option d'irrigation localisée. Accompagner les producteurs et exportateurs Le périmètre de la Moulouya présente d'atouts immenses en matière agricole. Les principales cultures sont les agrumes (13.600 ha), oliviers (13.200 ha), la vigne (2.530 ha), maraîchage (12.300 ha), betterave à sucre (4.500 ha) et luzerne (7.600 ha). Nombreux sont les opérateurs de talents à l'image de Al Haddadi Mohamed, Président de la Chambre d'Agriculture de la Wilaya d'Oujda et propriétaire de plusieurs fermes spécialisées dans la pomme de terre et les agrumes ou de Hoummad Kantari, président-directeur général de Groupe Kantari Berkane. Ce dernier opère aussi dans les agrumes et les pommes de terre sur des hectares à perte de vue. Afin d'accompagner les exportateurs de la région, l'autre défi de l'ORMVAM est de remplir les exigences du marché international des produits exportés en matière de normes, notamment de l'UE. Désormais, la démarche de l'Office est d'accompagner les agriculteurs à adhérer à la démarche qualité notamment la traçabilité et la certification de leurs produits. Cette démarche qualité doit concerner non seulement les fermes mais aussi les stations de conditionnement des fruits et légumes récoltés, et cela quel qu'en soit leur destination interne ou internationale. Sur ce volet, force est de constater que l'ORMVAM a constitué une équipe de techniciens qui va d'exploitation en exploitation et de station en station pour montrer aux producteurs et exportateurs comment ils peuvent augmenter leur revenu par la mise en place d'un système qualité. Ceci dit, l'ORMVA de la Moulouya apporte aujourd'hui son soutien à plus de 34.000 agriculteurs.