La veille du départ du Tour de France 2006, le coureur allemand de la T-Mobile, grand favori de cette édition, est écarté. Motif ? Soupçons de dopage et de liens avec l'affaire Eufemio Fuentes, le médecin espagnol qui a fait éclater le monde du sport en Espagne et dans le monde. La machine rutilante du cyclisme moderne pourra, si elle ne prouve pas son innocence, être licenciée de la T-Mobile. Oui, Jan Ullrich, champion olympique, double champion du monde du contre-la-montre, vainqueur du Tour de France en 1997, cinq fois deuxième de la grande boucle, vainqueur de la Vuelta, du Tour de Suisse, l'un des palmarès les plus impressionnants de l'histoire du vélo, peut dire adieu à une belle carrière. Il ne fait pas le tour cette année, et il doit aussi démontrer par les faits qu'il n'est pas lié à cette affaire aux allures de tremblement de terre. Tout commence une semaine avant le tour de France. Une liste de coureurs est publiée par El Pais (Espagne) où l'on cite plusieurs grands noms du cyclisme avec une grande inconnue : «Hijo de Riducio». Selon la presse, ce hijo n'est autre que le fils spirituel de Riducio, Rudy Pevenage, le mentor d'Ullrich. Le coureur allemand se défend et attente un procès à ses détracteurs. Dans la foulée, la T-Mobile préfère jouer la prudence. Ullrich quitte le tour avec son directeur sportif Pevenage et le coureur espagnol Oscar Sevilla. Pourtant si les noms de Santiago Botero, Ivan Basso, Francisco Mancebo et d'autres ont été clairement cités, celui de la star allemande du peloton ne figure sur aucune liste. Commenta lors passer de l'interprétation à la réalité du Tour ? Les directeurs du tour ne disent rien et Ullrich fait des tests ADN pour prouver que le sang trouvé chez le médecin espagnol n'est pas le sien. Il est d'ailleurs le seul coureur à recourir aux tests ADN. Dans cet imbroglio, d'autres coureurs ont adopté un profil bas, lui monte au créneau et déclare avoir les moyens de prouver que toute cette affaire est dramatique pour sa carrière, mais qu'il ne s'est pas dopé et encore moins avoir eu des relations avec ce fameux médecin espagnol. Quoi qu'il en soit, ce tour, privé des Armstrong, Ullrich, Basso, Botero, Gutierez, Mancebo, Contador, Vinokourov et d'autres ne ressemble à rien. Des seconds couteaux peuvent aujourd'hui gagner, pour raisons de dopage présumé alors que l'on sait que dans ce milieu du sport de haut niveau, il faut cesser l'hypocrisie et dire clairement que l'argent, le spectacle et les performances riment avec dopage. Sinon, pour ceux qui boivent du jus d'orange, il est impossible de faire sept heures de vélo en traversant 5 cols dans les Alpes ou ailleurs. Il faut choisir alors entre sport «clean» et sans revenus ou sport de haut niveau avec toute la panoplie qui s'ensuit.