C'est cette semaine que les candidats au rachat de la Somathes (Société Marocaine du Thé et du Sucre, ex-Office National du Thé et du Sucre), devaient remettre leurs offres. Au départ, ils étaient près d'une vingtaine à convoiter les 3.746.850 actions faisant l'objet de l'appel d'offres, pour un prix minimal fixé par l'Etat à 440 millions de DH. Après son désengagement du secteur du sucre et la cession en 2005 des quatre sucreries (Suta, Sucrafor, Sunabel et Surac) à la Cosumar, pour 1,4 milliard de DH, l'Etat marocain se désengage aujourd'hui du secteur du thé. C'est un consortium regroupant la Banque centrale populaire, la BMCE Bank et Ernst & Young qui mène l'opération. Pour ce qui est des critères d'éligibilité, l'appel d'offres a été ouvert exclusivement aux opérateurs du secteur qui réalisent un chiffre d'affaires annuel supérieur à 100 millions de DH. Depuis quelques temps, beaucoup de monde se bousculait (et du beau monde !) pour la privatisation de la Somathes, on peut citer Ynna Holding, Holmarcom, le Saoudien Savola, Cosumar, Mido Food Company, Aiguebelle, sans oublier plusieurs entreprises chinoises ainsi que le géant indien Tata. Une source proche du dossier précise que du fait du nombre et de la qualité des concurrents, la compétition sera très rude et le prix minimal de 440 millions de DH fixé par l'Etat pourrait bien être doublé. Cet engouement pour la reprise de l'ex-ONTS n'est pas surprenant, il faut dire que le patrimoine de Somathes est très intéressant, sans oublier que celui qui contrôlera cette entreprise mettra la main sur pas moins de 30% du marché du thé. Ce qui doit certainement attiser la convoitise des prétendants, c'est aussi la solide plateforme logistique et distribution de Somathes, un réseau de 7 agences dans les grandes villes, l'approvisionnement des canaux de distribution avec les grossistes et la grande distribution, outre le conditionnement et le stockage du thé importé de Chine. De véritables batailles commerciales Pour rappel, le Maroc est le premier importateur mondial de thé vert, avec une consommation annuelle de 30.000 tonnes. Libéralisé depuis 1993, le marché du thé a été fortement concurrentiel, avec une multiplicité d'intervenants et une forte diversification des marques. La forte imprégnation culturelle et régionale des marques de thé a fait qu'aujourd'hui, 250 marques de thé vert sont présentes sur l'ensemble du territoire marocain, commercialisées par une cinquantaine d'opérateurs. Cette libéralisation du secteur du thé vert a donc engendré de véritables batailles commerciales ainsi que de multiples campagnes de communication autour de marques phares comme Sultan ou Ménara, le marché marocain étant actuellement dominé par Somathes et Mido Food Company. La forte concurrence actuelle pour la privatisation de Somathes pourrait être finalement interprétée comme la reconnaissance d'une succes story. Qui se rappelle en effet qu'à la libéralisation du secteur du thé, l'ex-ONTS avait été confrontée à de nombreuses difficultés ? Sa part de marché avait chuté de 60% (de 95% à 35%) face à cette libéralisation qui a été brutale ! Depuis 1998, l'entreprise s'est engagée dans une restructuration qui a concerné d'une part, la rationalisation de ses charges et, d'autre part, l'externalisation de certaines activités comme l'imprimerie et l'emballage. Ainsi, un programme de départs volontaires avait conduit à une réduction de 50% des effectifs employés. Les résultats de ces restructurations se sont fait sentir à partir de l'année 2000, avec une croissance annuelle moyenne du chiffre d'affaires de 8%. Les derniers contacts que nous avons pris avant de mettre sous presse indiquent qu'il n'y aurait plus que 7 candidats encore dans la course mais rien ne filtre encore pour ce qui est du montant des offres.