Investissement dans le Nord 11milliards de dirhams est le pactole à débourser pour ouvrir la vanne de l'investissement dans le Nord. Un chantier gigantesque en perspective : le complexe portuaire méditerranéen qui se veut avant-gardiste pour souffler le vent du changement dans la région. Lancement des travaux : début 2003. En lorgnant un chantier gigantesque s'articulant autour d'un complexe portuaire méditerranéen, les politiques ne perdent pas le nord! 11milliards de dirhams est le joli pactole à débourser pour assurer des vendanges hautes en couleurs à la faveur d'une plate-forme qui se veut avant-gardiste en matière de commerce et de transaction internationale. S.M le Roi s'est récemment rendu à Oued R'mel pour s'enquérir de visu de l'état d'avancement des préparatifs avant de donner le coup d'envoi. Situation inédite au détroit de Gibraltar ? C'est le cas de le dire dans cette région qui a tous les atouts pour s'illustrer en tant que pôle de développement. Une aire immergée qui a de tout temps été à la croisée des chemins faisant des heureux parmi ceux qui empruntent les routes maritimes les plus actives reliant l'Amérique à l'Europe du Sud, l'Europe à l'Afrique au Moyen ou l'Extrême Orient en transitant par le canal de Suez. Ce n'est donc pas un hasard si les autorités s'engouffrent dans la brèche pour saisir au vol cet avantage compétitif. Elles n'hésitent pas à tailler dans le vif : une zone franche logistique de 98 ha à Oued R'mel, destinée à l'entreposage des marchandises et transformation légère, des zones franches industrielles dans la région de Tanger-Tétouan à vocation export, une zone "duty free" commerciale de 125 ha à Fnideq et une armada d'infrastructures de connexion : autoroute, connexion ferroviaire entre Tanger et le complexe port-zones franches. Ce chantier sera mis en route à partir de 2003 pour une mise en service en 2007. Quant au montage financier, il faut dire que l'Etat s'adjuge les investissements comprenant le port, la construction des ouvrages de base et des infrastructures hors-site ainsi que les infrastructures de connexion. Les opérateurs privés, quant à eux, plancheront dans le cadre d'une concession sur le financement et l'exploitation des quais du port et de l'aménagement des zones franches commerciales, industrielles et logistiques. Une réelle activité d'import/export en vue Une fois sur les rails, le port de "Tanger-Méditerranée" pourra, selon toute vraisemblance, être le signal d'une longue marche à pas forcés mais graduelle vers le développement de la région toute entière. Le port pourra, du coup, développer une réelle activité d'import/export de marchandises. Celle-ci va devoir prospérer à l'abri du transfert d'une partie du trafic actuel du port de Tanger-ville, des marchandises générées par les zones franches et de deux opportunités de croissance prometteuses en transbordement de conteneurs et de céréales. Autant de niches envisageables qui ne manqueront sans doute pas d'ancrer le socle de développement tant attendu dans cette région. Aussi les perspectives d'affaires sont-elles florissantes à la faveur d'un marché de transbordement de conteneurs dans le bassin méditerranéen en Afrique de l'Ouest qui est en forte croissance avec un taux moyen annuel de 9%pour les quinze prochaines années. Cela permettra aussi la montée en puissance d'un commerce des céréales qui n'en finit pas de tisser sa toile puisque les régions Nord et Ouest africaines en restent structurellement importatrices de l'Amérique et de l'Europe. Un regain de vigueur est tout autant envisagé du côté du transport TIR et du transbordement de conteneurs et de céréales que le port entend capter. Sur ce registre, bon nombre d'observateurs en place soutiennent que le port de "Tanger-Méditerranée", une fois mis sur les rails, ferait bien l'affaire vu la qualité de ses infrastructures et équipements adaptés aux bateaux gros porteurs. Même si rien n'est encore gagné d'avance l'idée d'un tel projet qui plus est intégré, suscite beaucoup d'optimisme chez les politiques qui y voient la panacée pour barrer la route aux activités douteuses de toutes sortes. Ils y vont de leurs arguments pour décompter les bienfaits qui vont prospérer à l'abri de ce complexe portuaire et industriel : création d'emplois en attirant les entreprises exportatrices dans les zones franches, pénétration des marchés étrangers, développement du tourisme, désengorgement de la ville de Tanger. Mais un seul credo résonne en sourdine, celui du gain en termes d'aménagement du territoire, de meilleure allocation des trafics et de développement de nouvelles sources de revenu. Au vu de ce chantier gigantesque, le vent du Nord tournera en faveur du développement. Reste à se demander s'il soufflera assez fort pour emporter la région dans son sillage.