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Aymeric Chauprade, professeur à la Sorbonne donne une conférence au maroc : « Le Maroc est souverain dans son Sahara et le polisario doit disparaître »
Sans manquer d'audace ni de franchise, dans la clarté et la spontanéité de ses convictions, le professeur sorbonnard expert en géopolitique a gratifié, à la rencontre du jeudi 18 mai, la nombreuse assistance des cercles de la capitale du Royaume d'un régal d'analyse clairvoyante, fouillée et incisive sur les défis géopolitiques dans la région du Sahara. A un argumentaire inattaquable d'objectivité se greffaient des certitudes subjectives sur les enjeux politiques et géostratégiques que disputaient aux ambitions hégémoniques de certains Etats maghrébins l'arbitrage des deux grandes puissances mondiales du nouveau et vieux continent. es grands du globe n'ont pas hésité à s'impliquer concurrentiellement dans le devenir d'une région en arguant de la menace que constitue «l'arc intégriste» s'étendant progressivement aux 10 millions de km2 de Sahara partagé entre plusieurs pays limitrophes. Un immense espace voué à tous les trafics illicites et vulnérable au terrorisme salafiste auquel viendrait s'ajouter un probable basculement des séparatistes vers les options islamistes les plus radicales. Le plus dangereux dans l'analyse géopolitique d'Aymeric Chauprade, c'est que cette implantation de la violence extrémiste jurant la perte de tous les impérialistes américains et sionistes, de tous «les croisés et tous les juifs» serait l'œuvre de la nébuleuse de Ben Laden dont la filiale combattante sur les territoires steppiques est le GSPC dont l'alliance opérationnelle avec les sécessionnistes polisariens reste une éventualité tout à fait probable. C'est dans ce cadre que l'orateur a situé le lancement du PSI (Initiative PanSahel) à l'instigation des Etats-Unis pour sécuriser les frontières des Etats subsahariens les plus vulnérables soutenus par un budget de 5 millions de dollars par an. Le PSI, face à la montée de la menace jihadiste et la recrudescence des attentats et enlèvements contre des cibles civiles et militaires en Algérie et en Mauritanie, s'est vite étendu de 4 à 10 Etats placés sous la même menace dont, notamment l'Algérie et le Maroc. Sous l'égide du Commandement Europe de l'OTAN, les armées de ces pays pansahéliens s'associent dans des manœuvres et des exercices militaires les rendant aptes à mieux circonscrire les dangers de l'extrémisme islamiste. Et le budget américain d'aide est, du coup, devenu plus conséquent en atteignant 100 millions de dollars par an. Des révélations troublantes Le professeur de science politique à l'université suisse de Neuchâtel n'a pas fait mystère des rôles respectifs du duo américano-algérien dont le rapprochement sécuritaire opéré est vraiment spectaculaire depuis les attentats de septembre 2001. «L'Algérie est le principal Etat régional bénéficiaire» de l'intérêt croissant de la puissance unipolaire en raison des intérêts stratégiques économiques, notamment énergétiques et pour des raisons politiques et militaires liées à la lutte anti-terroriste. Ajoutant que «la logique des USA consiste à se servir de la coopération anti-terroriste pour substituer à la logique Union européenne celle de l'OTAN dans la région du Maghreb et du Sahel». Tout compte fait la préférence américaine semble s'orienter en priorité vers les Etats maghrébins pétroliers, si on ajoute à l'Algérie le brusque intéressement des yankees à la Mauritanie depuis la découverte de gisements énergétiques dans ce pays et, aussi, la spectaculaire réconciliation du pays de l'oncle Sam avec les turbulents Libyens. Souveraineté marocaine historique sur le Sahara Dans ce cadre, le Maroc ne doit pas se faire d'illusion sur une quelconque alliance stratégique préférentielle avec les Américains car ces derniers se sont volontairement laissés éloignés de tout règlement du conflit au Sahara marocain par les gros intérêts algériens sonnants et trébuchants. Reste le scénario d'un éventuel «pourrissement intégriste» du polisario que l'Algérie s'efforcera toujours de contenir tant que le couloir atlantique par la république fantoche ne lui sera pas concédé. Et même si la zone du Sahara est devenu un espace refuge et propice à la vente de toutes sortes d'armements et à la circulation de toutes sortes de groupes terroristes, il n'empêche que le Maroc tient, avec son projet d'autonomie dans ses provinces du Sud, la clé du dénouement final du problème. En ce sens que, pour que le Royaume puisse remporter la bataille de la reconnaissance par le droit international de sa légitimité historique sur son Sahara, il devra s'atteler à démasquer tous les jeux géopolitiques que les diviseurs tentent de maintenir en place. «Oui, le Maroc est historiquement souverain dans son Sahara», a insisté le vice-président de l'Académie internationale de géopolitique, émettant, dans le même temps, le souhait que «le polisario doit disparaître». L'expert en relations internationales et directeur de la revue française de géopolitique a conclu sa brillante démonstration en exhortant le Royaume à «défendre davantage sa cause de souveraineté au Sahara en travaillant à démanteler toutes les instrumentations entretenues par les logiques sécuritaires des Etats- «pompiers-pyromanes». Aymeric Chauprade en quelques lignes ymeric Chauprade est professeur de géopolitique à la Sorbonne, directeur du département géopolitique à l'Ecole de Guerre, rédacteur en chef de la Revue française de géopolitique et directeur de collection aux éditions Ellipses à Paris. Son dernier ouvrage, paru en 2003, s'intitulait: «Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire». Haut cadre du MPF, il anime les travaux des universités d'été du parti souverainiste de Phillipe de Villiers et fut un temps pressenti comme directeur de campagne pour les européennes. Il dirige la Revue Française de Géopolitique, qui est la publication de l' «école» française de géopolitique. Ses thèses réalistes sur une Europe à géométrie variable prenant en compte les spécificités géographiques des ensembles baltiques, atlantiques, latins et anglo-saxon, commencent à faire leur chemin. Il dénonce aussi le rôle de la Grande-bretagne, qui, tant qu'elle sera dans l'UE, rendra impossible toute «Europe Puissante» étant le cheval de Troie des Etats-Unis. Son dernier positionnement plaidant pour l'entrée de la Turquie abonde en ce sens. Aymeric Chauprade est l'auteur notamment de «Introduction à l'analyse géopolitique», Ellipses, Paris, 1999, «Géopolitique, constantes et changements dans l'histoire», Ellipses, Paris 2001 ; «Introduction à l'analyse géopolitique», Ellipses, Paris 1999 ; co-auteur avec François Thual du «Dictionnaire géopolitique», Ellipses, Paris 1998.