Les Marocains et les élections Las d'entendre les mêmes discours et promesses, les marocains commencent à faire la sourde oreille dès qu'on leur parle de politique Nombreux sont les citoyens marocains qui, d'ores et déjà, manifestent très peu d'enthousiasme et d'exaltation à l'approche des prochaines élections législatives prévues pour septembre 2002. En effet, l'emballement exprimé par les partis politiques devant entrer, incessamment, en compétition et le battage éloquent de campagne que font, déjà, les moyens partisans de communication, ne sont aucunement partagés par la plupart de la population marocaine assez sceptique et méfiante, surtout celle dont les moyens socio-économiques s'avèrent assez précaires. Cela s'explique, en partie, par le fait que cette classe de la population ne se sent, en rien, passionnée ou motivée pour voter en septembre. En prévision de ces élections, trois groupes d'opinion d'individus s'imposent d'eux-mêmes, à l'égard des partis politiques : - Tout d'abord, une majorité de personnes estime que les partis politiques ne la bénéficient nullement et ne la représentent pas de façon efficace et loyale. - Ensuite, l'affection populaire, devenue insensible face aux élections, fait que l'impression citoyenne est parsemée de doute sur leur utilité, car plusieurs décennies d'expérience malsaine dans ce domaine, témoignent de leur infécondité évidente et de leur débilité manifeste. - Enfin, l'idée préconçue vis-à-vis de ces élections est particulièrement inaliénable à la suspicion de nos concitoyens et à leur réticence à l'endroit des partis politiques et des gestionnaires de la chose publique. Tous comptes faits, des institutions comme le gouvernement, le Parlement et les partis politiques n'ont reçu, à ce jour, que des indices minimes de crédit citoyen. Or, les évaluations en rapport avec le chômage qui ne cesse de gangrener le pays et qui est la principale préoccupation populaire, affectent non seulement l'exécutif en place et les partis politiques qui y sont directement impliqués, mais aussi tout le système politico-électoral et qui font, de surcroît, que la majorité des citoyens déçus se soustrait de toute possibilité d'exercer son vote. Dans ce contexte d'indifférence et de scepticisme presque généralisés, la masse populaire marocaine ne s'avoue nullement sympathisante des partis politiques. À la base de cette apathie, les enseignements ci-après sont à tirer : d'une part, la perception citoyenne du politique qui ne contribue à aucun progrès patent ou à une quelconque amélioration sensible et objective des conditions de vie de la masse populaire. D'autre part, le peu de crédibilité dont jouissent les partis politiques et le désenchantement provoqué par l'exercice des gouvernements et des institutions élues qui se sont succédé. Le plus résonnant de tout cela n'est pas seulement en rapport avec les prédictions des intentions de vote partisan, mais dans la politique gouvernementale qui s'avère incapable de connecter effectivement avec les aspirations et les inquiétudes les plus élémentaires des Marocains. Ceci étant, et sans dénier l'influence habile et persuasive possible, le résultat du choix législatif prochain dépendra, en grande partie, de ce que le gouvernement aura pu réaliser ou laissé faire au cours de son exercice de gestion publique. Une gestion valorisée positivement par la citoyenneté peut attirer, non seulement beaucoup plus de votes inhabituels vers un parti politique déterminé, mais en fera bénéficier, sûrement aussi, tout le système politique marocain, car elle suscitera, indiscutablement, l'intérêt citoyen pour la participation et la compétitivité électorales. Fouad Kadiri