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Les inégalités inquiètent l'UNICEF
Publié dans Jeunes du Maroc le 21 - 01 - 2013

Le Maroc célèbrera cette année le 20e anniversaire de la ratification de la convention des Nations Unies des droits de l'enfant. A ce titre, l'UNICEF a publié un rapport relatant les acquis du Royaume en la matière.
Scolarité primaire quasi-universelle, un taux de vaccination proche de 100%, une législation de plus en plus au diapason des engagements internationaux…Seulement, la prise de conscience sociale sur la question et le déclin de la culture du tabou cache un problème jugé « préoccupant » par l'organisme international. Le fait que le Maroc soit aujourd'hui considéré comme sur « la bonne voie » pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en 2015 ne doit pas occulter les disparités importantes en termes de pauvreté et de développement des enfants au niveau régional et entre catégories sociales. Les disparités se trouvent entre le milieu rural et urbain certes, mais surtout au niveau du revenu. 20% des plus riches disposent de 48% du revenu national, une inégalité qui dénature la parité du combat pour la protection de l'enfance.
Longtemps considérée comme une « obligation morale », l'équité pour les enfants n'en constitue pas moins un plan stratégique « judicieux ». Après avoir réduit de 16,5 points le taux de mortalité infantile depuis 2004, l'UNICEF considère que ces progrès ne sont pas équitablement répartis. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans était de 37,9 pour mille naissances vivantes chez les 20% les plus pauvres contre 15,2 parmi les foyers les plus aisés. L'organisation considère que « l'objectif de réduction de la mortalité infantile ne sera équitable que si la lutte contre les maladies infantiles et la sous-nutrition est étendue aux populations les plus vulnérables ».
L'égalité des genres étant aussi une problématique qui revient de façon récurrente, l'on considère que pour « la rupture du cycle de la pauvreté et de la discrimination, il est indispensable d'adopter des approches axées sur l'équité qui éliminent les obstacles liés au sexe auxquelles les filles sont confrontées ». Le taux brut de scolarisation, à titre d'exemple, est de 66% pour les garçons contre 51% chez les filles, Le taux spécifique de scolarisation au secondaire, en milieu rural, est de 31,6% pour les garçons contre 13,3% pour les filles.
La dernière enquête nationale sur la population et la santé familiale met en évidence des avancées notables en matière d'amélioration de la santé de la mère et de l'enfant. Sauf que la protection du droit à la vie et à la survie subit aussi de plein fouet le manque d'adaptation des politiques sociales à la réalité socio-économique du pays. La mortalité néonatale représente 66% de la mortalité infantile, avec un important retard au niveau rural (voir infographie). Au niveau des revenus, les disparités sont aussi criantes. L'écart va en se réduisant certes, mais il n'en demeure pas moins important. Un enfant né dans un ménage appartenant aux 20% les plus pauvres risque plus de deux fois de mourir avant l'âge de 5 ans en comparaison avec un enfant issu d'un ménage plus favorisé.
Le rapport de l'UNICEF tient aussi à saluer les « avancées du Maroc en matière de protection de l'enfance ». En première ligne, le développement des stratégies sectorielles pour la lutte contre la violence. Ici, les inégalités sont moins sociales que régionales. Chiffre parlant : les enfants de la région Doukkala Abda sont 15 fois plus exposés au risque de travail que ceux de Guelmim !
Le fossé en matière de logement des enfants et d'accès à l'eau et à l'assainissement est prononcé : le risque de vivre dans un logement non décent est 6 fois plus élevé chez les enfants dont le chef de ménage n'a jamais accédé à l'école. Aussi, plus de 2% des enfants n'ont pas accès à l'école primaire, l'UNICEF considère que le système scolaire n'arrive pas à « retenir les enfants inscrits à l'école et le niveau de déperdition du primaire, au collège et au secondaire est inquiétant en milieu rural (30%) ». L'action contre le manque d'équité peut « se révéler complexe » selon l'organisation. On considère que la plupart des enfants victimes de ces inégalités « souffriront de multiples contraintes, qu'un seul acteur, au niveau local comme au niveau national, ne pourra facilement résoudre ».
Par : Abdessamad NAIMI www.Leconomiste.com


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