Je pourrais arracher mon cœur L'écraser sans remords Et le regarder s'essorer comme une orange Sans que regret ni peine ne me rangent Mais je ne veux pas Je suis capable de briser ma plume D'ordonner au vent de dévier les brumes De nourrir le feu de mon cahier Jusqu'à la dernière page Et admirer le brasier Et ne pas attendre l'orage Mais je ne veux pas Je peux t'effacer de ma vie Comme une poussière sur les verres de mes lunettes Et séquestrer mes envies Et apprendre à aimer ce que, toujours, je rejette Mais je ne veux pas Rien ne m'empêcherait si je voulais Déployer mes ailes et voler Loin de tout ce que j'ai pu, jusque là, chérir Et ne plus jamais revenir Rien ne me retient Excepté ce mystérieux besoin Cet entêtement mal sain Cette braise dans les mains Je pourrais mourir et renaître sans mémoire Innocent, vierge et blanc sous les regards Libre à errer dans toutes parts Sans obligation de retour le soir La terre serait mon chez moi Et partout on verrait mes traces de pas Si je voulais, à cet instant Je serais un papillon Exhibant ses milliers de couleurs Qui conviennent chacune à une fleur Sans qu'aucune ne me va Non je ne veux pas « Je ne serai jamais un lion sage Dans un zoo Ou un paon dans une cage Parce qu'il est beau Ou une machine à deux boutons Ou régulier comme les saisons »