La fondation Mohamed V lance la « compagne nationale de solidarité » 2008. Le concept en lui même est novateur, voire même important, mais la procédure dérange. Philosophie : « La philosophie de la campagne de solidarité et de lutte contre la pauvreté s'inspire, certes, des recommandations des Nations Unies qui lient la solidarité aux principes fondamentaux des Droits de l'Homme, mais aussi, de la réhabilitation des valeurs d'éthique, des traditions séculaires et des préceptes religieux du Maroc et de sa culture. ». Historique : « Selon les données statistiques de 1998-99, la pauvreté au Maroc s'élève à 19 % de la population, soit 5,31 millions de personnes. 65% de cette population vit en milieu rural. Pour parer à cette situation et éradiquer cette tare sociale, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, alors Prince Héritier, a lancé, le 14 octobre 1998, un vibrant appel au devoir pour réhabiliter l'éthique solidaire. Cet appel a suscité un élan, chaque jour plus important, auprès de toutes les couches de la société, des pouvoirs publics aux collectivités locales, des ONG au secteur privé, des différents corps professionnels aux artistes et mass médias. » Démarche : « L'utilisation d'un logo déposé et protégé pour identifier les actions de la Fondation, les documents qu'elle utilise, ainsi que les produits qu'elle distribue. La limitation de la période de souscription ou de remise des dons à 10 jours, exception faite pour les Marocains Résidants à l'étranger qui bénéficient d'une période supplémentaire de cinq jours. L'absence d'instructions ou de contraintes ; le Citoyen étant libre de contribuer selon ses possibilités, ou de s'abstenir. Le refus de certains types de dons tels que les prélèvements sur salaires, même lorsque la demande émane des salariés eux-mêmes. Le refus des recettes de spectacles non contrôlés par la Fondation. L'appréciation, au cas par cas, des dons en nature pour s'assurer de leur conformité avec les objectifs de la Fondation et les règlements en vigueur, notamment sanitaires. La remise d'un récépissé contre tout versement en numéraire, par chèque, ou encore le dépôt d'un don en nature. Le passage obligé par le compte ouvert à Bank Al Maghrib pour tout versement. Les montants collectés font l'objet de publications régulières par le cabinet d'audit accrédité par la Fondation. » Polémique : Les arguments de la compagne étant étalés, posons désormais certaines questions : Si la fondation est présidée par le Roi, elle est alors d'un caractère institutionnel de l'Etat. Pourtant, la fondation, eu égard de la loi, est une association régie par le Dahir de 58. Ceci ne se contredit-il pas, du moment que l'Etat nomme les administrateurs ? Si l'Etat s'engage dans une compagne de solidarité, n'est-il pas plus « politiquement correct » que cela soit régi par les instances exécutives ? Lancer une compagne de solidarité pour financer des projets sociaux n'est-il pas une manière de démontrer l'incapacité de l'Etat de jouer rôle principale : répartition des richesses au sein de la société ? L'Etat ne remplace-t-il pas (ne barre-t-il pas la route) aux acteurs de la société civile dont on nous chante souvent la bonne prolifération ? Ma conclusion : Quoiqu'il en soit, il faut avouer que la transparence (comptes vérifiées, communication efficace) et l'efficacité de la fondation ne sont pas à démontrer. Le caractère procédural me pose un sérieux problème du vrai rôle de l'Etat. Sans grande démagogie, chaque année ou presque, à l'annonce de cette compagne, je fais ce même raisonnement et je me résous à la même conclusion : les pauvres du Maroc ont besoin de notre solidarité, peu importe la manière ! Un petit « Unis » (même si je ne suis pas très solidaire de la démarche) par SMS au 530 (quelque soit votre opérateur au Maroc) serait utile. Mounir BENSALAH