Je sors de la maison, après avoir pris mon petit déjeuner – du pain, de l'huile d'olive et du thé… comme toujours -, et je plonge dans le rythme effréné de la vie citadine. J'arrive à l'arrêt de bus, il n'y a que des visages grincheux, de mauvaise humeur ; mais qu'ont-ils donc ?… Quelques minutes se sont passées, je suis maintenant encore plus grincheux que les autres. EURÊKA… je comprends maintenant !!! D'une part, tous ces véhicules qui nous jettent rageusement leur fumée noire sous le nez, et d'autre part, tous les bus qui passent sont plein à craquer, au sens propre du terme, car la plupart de leurs portières ne sont pas complètement fixées. Et quand, par un heureux hasard, ou par une intervention divine, un bus était un peu vide, le chauffeur avait la gentillesse de… griller l'arrêt… !? Finalement, après une longue attente qui a vu ma mauvaise humeur augmenter, un bus se décide de s'arrêter. Tout le monde se rue dessus, et joue des coudes ; en voilà un qui tombe, et un autre, oups, la charmante fille, elle est tombée sur son mignon derrière. Eh bien ; laissons-les se bousculer. Entrer le premier ou le dernier, quelle différence. Oh oh ! finalement, il y a une différence ; les premiers montés ont comblé le vide qui restait dans le bus, et il n'y a plus un endroit ou mettre les pieds. Pff, retour à la case départ. La prochaine fois, j'irai à pieds. Après une deuxième longue attente, je suis à l'intérieur de cette ferraille tant convoitée. Je pousse un ouf de soulagement, croyant que le plus dur était révolu. Je paye le ticket, et surprise, le prix a encore augmenté, et la seule parole que je pus articuler dans mon embarras fut : ENCORE !!! Mais le regard méchant du receveur coupa court à mon exclamation. Ce n'est pas grave, faisons cette dernière concession, puisque je ne remettrais jamais les pieds dans leur maudit bus. Je me place comme je peux dans un coin bien étroit, entre deux passagers, mais qui avait l'avantage d'être près de la fenêtre ; avantage bien médiocre, chose dont je me rendis compte très vite après. Donc, je me mets près de la fenêtre, et je me mets à tourner mon regard à droite et à gauche dans l'espoir de trouver quelque chose qui fasse plaisir à mes yeux ; hélas, rien, carrément rien à voir. Que du ciment et du goudron à perte de vue, et une fille à moitié nue de temps en temps. A quoi bon fatiguer mes yeux par ce triste spectacle… je tourne mes yeux vers l'intérieur du bus ; ce n'est pas très réjouissant comme spectacle, que des visages abrutis par le manque de sommeil ; ils auraient mieux fait de ne pas tarder devant la télé. Et puis il y a aussi cette mauvaise humeur que j'avais remarquée dans l'arrêt de bus, et qui m'avait gagné aussi ; elle régnait aussi dans le bus. Quel début de journée ! elle paraît très prometteuse !! Le bus continue sa route, et à chaque arrêt, il se remplit encore plus. Jusque là, on m'avait laissé tranquille dans mon petit coin. Mais voilà qu'une fille monte dans le bus, une fille canon comme on dit, un beau visage, une belle tournure. Je détourne les yeux pour ne pas réveiller le démon qui sommeille en moi. Elle regarde de mon côté, et je ne sais quel esprit maléfique lui murmura de se placer près de moi, chose qu'elle fit immédiatement. Je la voyais venir avec angoisse, mais heureusement, elle ne fit pas comme certaines filles, c'est-à-dire venir coller son corps contre le mien ; mais le chauffeur avait décidé autrement, et au lieu de rouler lentement, et de ne pas accentuer les virages, il faisait tout le contraire, et à chaque virage, à chaque freinage, la belle fille se jetait contre moi. Il fallait agir, car je sentais que mon démon se réveillait, et s'il venait à le faire complètement, la pauvre fille se repentirait d'avoir causé son réveil. Heureusement, je descends dans le prochain arrêt. Le bus s'arrête, et je suis… expulsé hors du bus. Voyons voir, où est le passage pour piétons… aucune trace. Que faire ?? Bof, traversons, et si je suis percuté, l'Etat sera moralement responsable. Je traverse heureusement, et je me dirige d'un pas lourd vers l'école, car, même si on n'est qu'au début de la journée, mes nerfs sont passés par tellement d'épreuves, que je me sens accablé. Un autre boulevard à traverser, ici au moins il y a un passage pour piétons, mais qui est presque invisible sous les voitures dont les conducteurs, ignorent ou feignent ignorer qu'ils ne doivent pas s'arrêter sur notre passage. Ce n'est pas grave ; après un tel début de journée, je suis devenu insensible à tout. Voilà enfin l'école. J'y entre, mais avec une humeur à tout casser. Je suis en retard de dix minutes, et malgré cela, la moitié de la classe n'est pas encore là, et le pire, le professeur non plus. Drôles de mœurs, on a presque honte d'arriver à temps. Après dix autres minutes, tout le monde est là, et le cours commence. Le prof commence à parler … parler … parler … mais où veut-il en venir ? j'ai la triste impression qu'il ne parle que pour la forme, il bourre un peu… non, trop son idée initiale, sa toute petite idée, par d'insignifiantes phrases et formules qui ne font qu'embrouiller l'esprit. Après un bout de temps, le prof remarque enfin que la majorité ne lui accorde aucune attention, et alors il se met à parler juste pour entendre sa voix ; après un moment, il commence à s'échauffer, et à accompagner ses paroles vides de sens par des gestes grossiers. Le tableau est complet !! Cela ne m'étonne pas, plus rien ne m'étonne, je me dis simplement ''Pourquoi Dieu m'a fait naître dans le plus beau pays du monde, je me serais contenté d'un coin qui soit un peu plus au nord''. La journée d'étude s'écoule dans l'ennui, et chaque professeur fait comme le précédent, ou pire – tout ceci ne valait pas la peine que j'aie prise pour venir -. Pour amortir le poids de l'ennui sur mon esprit, je me mets à rêvasser d'un ''beau pays – un vrai -, où les gens sont souriants, sympathiques, où il y a de la verdure à perte de vue, où on respecte les lois, où les bus sont confortables, où les études sont sérieuses …'' et des stupidités du genre qui ne font que fatiguer le cerveau et augmenter la frustration. La quête du savoir est suspendue, rendez-vous le lendemain. Je sors de l'école, accablé par l'insouciance des étudiants et l'incompétence des profs. Je prends le chemin du retour, mais cette fois-ci, à pieds - il vaut mieux marcher et laisser tomber le bus, que de monter dans ce maudit tas de ferrailles et laisser tomber sa dignité en y restant entassé comme du bétail -. Pendant que je marche, j'essaie de faire le bilan de ma journée, conclusion : Une journée perdue en vain, une journée de moins dans ma vie, une journée de plus vers la mort. J'entrevois la maison familiale, cette vue réveille des douleurs qui s'étaient éclipsées pour laisser le champ aux incommodités de la journée, et qui revenaient maintenant avec force. J'entre à la maison avec un pas plus lourd que celui avec lequel j'en suis sorti, avec l'âme cassée. Minuit, tout le monde dort, aucun bruit. Je jouis de ce calme et de cette solitude tant attendue. Seul avec mes pensées, je pense, j'essaie de penser, mais hélas, à quoi bon. Toutes ces pensées sont stériles, et n'aboutissent à rien, sauf peut-être à blanchir un peu mes cheveux, ou à les faire tomber s'ils s'obstinent à garder leur couleur. On m'a souvent reproché ma mauvaise humeur, et ma solitude excessive ; entre nous, après une telle journée, ne seriez vous pas maussade, et ne deviendriez vous pas jour après jour un misanthrope effréné ? Non ! … vous êtes alors un des deux : soit vous êtes assez sage pour vous détacher de tout ce qui est terrestre, et donc rien ne peut vous affecter ; soit vous êtes assez stupide pour ne pas vous rendre compte de la boue où vous mettez les pieds chaque jour. vraiment tu nous a dit que la vérité. bravo !! c'est ce qui se passe chaque jours, mais que doit-on faire ?? y a pas de solution, notre destin c'est vivre dans ce maudit ou plutôt comme tu as dit le plus beau des pays........dommage