Monsieur le président du Conseil d'Etat, Tous les regards sont aujourd'hui tournés vers votre pays, Cuba, où les signes du changement le plus prometteur sont enregistrés et où les portes de l'espoir semblent s'ouvrir sur l'avenir. Vous avez annoncé le 26 juillet 2007, dans la ville de Camagüey, à l'occasion de la fête nationale cubaine, des « changement structurels et conceptuels » et vous avez dit devoir « prêter une oreille à la souffrance du peuple » cubain. Cette perspective ne peut que réjouir le peuple cubain ami qui aspire à plus de prospérité économique, de bonheur et de paix. Par cette missive, Monsieur le Président, c'est sur une autre souffrance, toute particulière, une souffrance humaine intolérable que j'aimerais attirer votre attention et solliciter votre réaction la plus prompte. Depuis des années des enfants sahraouis marocains sont arrachés dès leur 8 ème ou 9 ème anniversaire à leur terre et à leurs familles et envoyés à Cuba en particulier à ''l'Ile de la Jeunesse'' à partir des camps de Tindouf en Algérie. Ils y demeurent durant de longues années coupés de leurs racines historiques et affectives. Théoriquement, ces enfants sahraouis sont envoyés à Cuba par le « Polisario » pour la poursuite de leur éducation et de leur formation. Mais, en réalité, leur déportation n'a de but que d'exercer un contrôle étroit sur les camps de Tindouf et de pratiquer un chantage honteux sur les familles qui y sont retenues contre leur volonté. Leur formation n'a de contenu que la fabrication de bombes et le maniement des armes. L'enseignement qu'ils subissent n'a pour finalité que de « faire d'eux des propagandistes et des espions ». Employés dans les usines de la Havane, ou dans les champs de tabac ou de canne à sucre des campagnes cubaines, ils sont victimes des formes d'exploitation les plus intolérables. Plusieurs de ces enfants sont morts à cuba et leurs corps se trouvent toujours sur place, au grand désespoir de leurs familles installées de force à Tindouf. Monsieur le président, Cette situation dramatique que vivent des milliers d'enfants sahraouis sur le sol cubain a ému l'opinion internationale et a suscité sa réprobation. Elle a été évoquée plusieurs fois devant la Commission Européenne (Bruxelles) et lors des sessions annuelles de la Commission des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies. Des ONG indépendantes à vocation humanitaire, culturelle ou religieuse ont alerté l'opinion mondiale sur leur sort et appelé à leur libération rapide et leur retour à leurs familles et à leur mère patrie, le Maroc. Les témoignages de personnes qui ont vécu de longues années, jusqu'à 15 ans, à Cuba à « l'Ile de la Jeunesse », montrent bien l'étendue de ce drame humain et l'ampleur de la souffrance qu'elles ont endurée sur place. Monsieur le président, C'est au nom de centaines de familles sahraouies, de parents qui souffrent de l'éloignement de leurs enfants que je vous adresse, à l'occasion de votre élection à la présidence de l'Etat Cubain, cette supplique sollicitant votre intervention afin de mettre un terme à ce système de déportation qui n'a que trop duré. Il constitue une honte inqualifiable pour tous ceux qui s'y prêtent et représente une atteinte aux droits fondamentaux de ces enfants et cela en totale infraction avec les principes proclamés par l'ONU et par toutes les chartes des droits humains. Permettre aux enfants sahraouis marocains de retrouver leurs proches et leur mère patrie, rendre aux familles retenues à Tindouf les corps de ceux qui sont morts sur place c'est faire, Monsieur le président, preuve de bonté et de justice, c'est accomplir un acte historique qui vous honorera et donnera à votre gouvernance un retentissement et une aura internationale incomparables. Que Dieu accorde au peuple Cubain ami paix et prospérité et qu'Il bénisse ce geste humanitaire et cet acte de justice que vous ne manquerez pas d'accomplir en ordonnant la libération rapide et inconditionnelle de ces enfants sahraouis au grand bonheur de leurs familles et à la grande satisfaction de tous les défenseurs des droits humains dans le monde. Source : Mohammed MRAIZIKA (Chercheur en Sciences Sociales et en Droit International Humanitaire, Consultant, Directeur du ICLH, Président d'almohagir) Copies adressées ce jour à son Excelentísimo Señor Rogelio SÁNCHEZ LEVIS Ambassadeur de Cuba en France - Paris - Monsieur José Manuel Barroso Président de la Commission européenne, - Belgique- Monsieur Khalihenna Ould Errachid - Rabat, Maroc - AMNESTY INTERNATIONAL - Royaume-Uni- Human Rights Watch -France- Human Rights Watch - USA -