La banque mondiale vient de publier une étude intitulée « Se soustraire à la pauvreté au Maroc ». Le rapport de 119 pages, téléchargeable sur le lien : Rapport Banque Mondiale a pour objectif « de ces études est de comprendre quelle est la combinaison de facteurs individuels, familiaux, communautaires et nationaux qui aiderait la population à se soustraire d'une situation de pauvreté et à ne plus y retomber. » Contexte général Le dudit rapport fait le bilan social des couches défavorisées et leur évolution dans la dernière décennie. L'importance de ce bilan vient du fait qu'il retrace une époque très intéressante du Maroc contemporain : l'alternance politique et le règne de SM Mohamed VI. Le dernier rapport du PNUD sur le développement humain a été une dure appréciation du Maroc, pourtant engagé dans une politique sociale à haut niveau de la hiérarchie de l'Etat. Le classement du Maroc au 126ème rang n'encourage en rien l'engagement politique de cette époque en vue de combattre la précarité. Bien sur, nombre d'observateur ont critiqué vivement ce classement, qui malgré tout, ne reflète pas réellement la position du Maroc. Par contre, nous n'arrivons pas, suivant la philosophie de l'Indice de Développement Humain du PNUD à traduire notre mouvement du progrès en retombées sociales, éducatives, sanitaires,… car l'héritage en déficit est gigantesque. Moralité, juger une époque par de simples indices généraux serait alors une aberration, outre le fait que nos statistiques sont réels, tenus à jour et fiables contrairement à beaucoup de pays dans ce classement. Le rapport de la banque mondiale, vient lui pour comparer 15 pays sur le thème de mobilité. Tout en reconnaissant que malgré le fait que 14% des ménages se sont soustraits à la pauvreté, 7% s'y sont retrouvés, le rapport affirme que « La population évalue la prospérité de la communauté par rapport aux opportunités économiques – mais aussi par rapport aux changements intervenus dans leur bien-être ». En effet, « Bon nombre ont décrit leurs communautés en meilleure situation qu'il y a 10 ans sur la base de l'amélioration des conditions de vie, qu'ils ont corrélée avec l'expansion des réseaux d'électricité et d'eau potable aux districts antérieurement sous-desservis. » L'étude a concerné les 9 communautés de : Aït Hammi, Aït Messaoud, Ait Yahya-Ait Abdellah-Ait Mechkok, Bir Anzarane, Foum Zaouia, Igourramene-Tizi, Khalouta, Oufla N'talat, Tamessa-Tissyan-Azendo, dont le taux de pauvreté varie entre 4,43% et 34,1%. Principales conclusions Le rapport liste une série de facteur de mobilité ascendante et descendante des ménage sur l'échelle de la pauvreté : • La pauvreté est multidimentionnelle : L'exclusion, la précarité, la pauvreté, … sont perçues autrement. Le bien-être ne dépend pas nécessairement des revenus, il est aussi fonction de l'insertion dans les réseaux, de la relation équitable avec les gouvernants, de l'intégration dans les rapports sociaux. • La mobilité contre la pauvreté : l'étude conclut que la mobilité des membres du ménage est un important facteur pour sortir de la pauvreté. L'émigration à l'étranger ou dans d'autres région du Maroc s'avère une opportunité pour demeurer dans une situation de non pauvreté. • La femme : les foyers où la femme est active sont plus mobile pour sortir de la pauvreté. Qu'elle soit en fonction ou en aide à son mari, ce facteur est déterminant pour nombre de ménage pour une meilleure situation. • La précarité est structurelle : Même les ménages à situations aisées peuvent fatalement tomber dans la pauvreté pour des raisons simples : perte d'emploi, décès/maladie/invalidité du membre actif, manque à gagner agricole du à la sécheresse, … • L'accès au financement : la facilité de l'accès au financement (banque, micro-crédit ) a contribué à l'investissement des ménages dans des activités productrices de revenus. • L'éducation, ascenseur social : malgré que les interviewés ont été presque unanime sur le fait que le niveau de l'enseignement a baissé, l'éducation est toujours perçue comme un moyen efficace pour la mobilité ascendante. • La corruption, un facteur d'appauvrissement : la corruption est cité comme étant une entrave à l'ascension sociale par la discrimination et la compromission des chances des plus démunis à se placer dans le bien-être. Les sondés ont recommandé des mesures nécessaires pour la lutte contre la pauvreté au Maroc. Ces recommandations vont de la poursuite, voire l'accélération, de la généralisation de l'accès des populations aux infrastructures de bases ( eau, électricité, route, rail ) et aux services sociaux ( retraites, AMO, … ), à la poursuite des efforts pour une politique visant à combattre les inégalités genre ( émancipation de la femme ), à l'intégration des jeunes dans l'action économique et politique, à généraliser le bénéfice communautaire des fonds des migrants, à la diversification des moyens de gagner sa vie et l'appui à l'entreprenariat. Mounir BENSALAH, Ingénieur