Certains propos sont venus dulcifier la polémique farouche qui a accompagné la sortie nationale du film « Marock ». Comme avant-goûts, on a eu droit à « Marock est un film qui occulte l'image de l'islam », « la réalisatrice est née en Israël » ou encore le fait que c'est un film qui incite à la prostitution. Moi je tire un chapeau à ces gens qui se sont inutilement cassé la tête pour imaginer de telles affabulations avant même d'avoir regardé le film. Mais parallèlement à cela, que voulez-vous qu'un certain PJD (parti de la justice et développement /pour ne pas dire autre chose/) réagisse à tout cela, sans oublier les deux scènes fatidiques du film ; Quand Youri (le juif) met l'étoile de David autour du coup de l'actrice. Et Quand Morjana Alaoui (Rita dans le film) surprend son frère entrain de prier. Des raisons entre autres pour lesquelles la sortie du film a été retardée, et finalement confirmée le 10 Mai. La foule s'est entretuée pour aller découvrir à quoi ressemblerait ce dit « MA-ROCK ». Mais « entretuer » cela serait trop dire, surtout pour un film aussi simpliste ; Une banale amourette entre un juif et une Marocaine. Les seules petites originalités (tacitement considérées comme telles) ce sont : Deux ou trois gros mots crûment darijistes, quelques substances et bouteilles qui donnent des « couleurs » au scénario, une demi scène de sexe et la bande son avec -sad soul-, -shake your groove- et l'envoûtante -I've got the power-. Pas vraiment de quoi justifier l'exagéré bouche-à-oreille qui a précédé le film. « Marock » est certes un film qui parle réalité, la réalité d'une certaine jeunesse illuminée et libertine. Des gens qui n'ont pas les mêmes problèmes que Ouled Chaâb, des gens à qui les 90's n'étaient ni fatales ni déplaisantes, des gens qui ont un ou deux chauffeurs pour les déposer à leur Nième société (de textile) ou à un lycée type mission. Ces personnes n'ont pas besoin de faire le Ramadan pour réussir. Heureusement que Laila Marrakchi n'a pas oublié que la dualité existe encore, d'ailleurs elle le fait savoir dans la scène ou Rita (l'héroïne du film et cousine de la réalisatrice aussi) est attendue par le chauffeur de la famille alors qu'à l'autre bout du trottoir sa camarade de classe est entrain d'attendre le bus. A la fin, le film prend une tournure peu subtile sans prendre de position convaincante ou décisive ; la réalisatrice positive en choisissant (trop) facilement le boniment de l'envol. Malgré tout, pour un premier long métrage, cela reste un film assez bon, osé et courageux. Bravo Laïla... à quand « Marock 2 » ? Par : Oussama Benjelloun