Les élèves et leurs enseignants, ont repris officiellement les cours hier, jeudi 5 septembre, dans l'ensemble du territoire marocain. Et qui dit reprise des cours, dit aussi rencontre entre enseignants et étudiants, découverte des nouveaux manuels scolaires et du nouveau programme d'enseignement, notamment après l'entrée en vigueur de la loi-cadre 51.17 relative au système d'éducation. Pour en savoir plus sur cette rentrée scolaire un peu «polémique», Hespress Fr s'est entretenue avec Mohamed Aderdour, Directeur de l'AREF de Rabat-Salé-Kenitra qui nous a livré plusieurs détails au niveau de sa région. La rentrée scolaire au titre de l'année 2019-2020, et qui a démarré le 5 septembre, s'est déroulée, dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, dans une ambiance conviviale couronnée par l'enthousiasme et la discipline des élèves, nous affirme Mohamed Aderdour, Directeur de l'AREF de Rabat. En début de matinée, les élèves ont commencé leur journée par la levée des couleurs et l'hymne national. Le premier jour de la rentrée scolaire a été consacré à la découverte de l'établissement par les élèves, des enseignants et encadrants, mais aussi des discussions autour des engagements des étudiants au sein de l'école et les règles à suivre, nous explique Aderdour. Ainsi, un engagement écrit a été donné par les établissements aux élèves et que les parents doivent signer. Cet engagement comporte un grand nombre d'obligations et de règles à suivre, à savoir la ponctualité de leurs enfants, l'achat des fournitures scolaires, la discipline des enfants (absence, attitude au sein de la classe…). « Une sorte d'accord entre les familles et l'établissement afin qu'il n'y ait pas de problème par la suite et éviter les malentendus entre les deux parties », avance notre interlocuteur. Vient par la suite l'engagement que signent les élèves, et qui consiste au respect des heures de classe et des enseignants et encadrants au sein de l'établissement, la discipline, le respect des camarades ainsi que la réalisation des devoirs à temps. Il y a également une étape importante que doivent passer les élèves du primaire, collège et lycée qu'on appelle «le test de positionnement standardisé» et qui consiste à évaluer le niveau des étudiants pour chaque matière. Prévu pour le lundi 9 septembre prochain, le test a tout d'abord « été conçu à tête reposée par les cadres de l'enseignement. Il répond aux normes nationales. Il sera corrigé par les enseignants pour qu'ils aient connaissance du niveau de chaque élève. Comme ça, les élèves faibles et moyens dans telle ou telle matière pourront bénéficier d'un soutien particulier en avisant, bien évidemment, leurs familles ce qui est très important pour nous ». « Le test nous permet de créer un pacte et un lien avec les familles des élèves, pour que par la suite on ne reçoive pas de réclamation de leur part, et qu'ils soient conscients des difficultés de leurs enfants dans telle ou telle matière et qu'ils nous apportent l'aide nécessaire de leur côté en révisant avec eux un peu plus à la maison», nous explique le directeur de l'AREF-Rabat. En ce qui concerne les manuels scolaires, des changements ont été introduits sur ceux du primaire ( 3e et 4e). Le changement n'a pas été fait bien sûr au niveau du curriculum, mais une mise à jour de ses manuels, suite aux nouveautés constatées et qu'il fallait intégrer, poursuit-il. «L'année dernière ont a réalisé ces mises à jour pour le CP et 2e année primaire, cette année ça concerne la 3e et 4e années du primaire, et l'année prochaine ça sera le tour de faire la mise à jour au niveau des manuels de 5e et 6e années. Comme ça, l'année prochaine, ont aura achevé la mise à jour des manuels scolaires pour l'ensemble du cycle du primaire», détaille-t-il. Une révision qui a donné suite à un retard d'édition et une pénurie des manuels scolaires de la 3e et 4e année du primaire sur le marché. Un retard qui est devenu sujet à polémique, qui a provoqué non seulement la panique chez les familles d'élèves, mais aussi la colère des libraires. Dans ce sens, Mohamed Aderdour a tenu à faire une mise au point. Il a expliqué à Hespress Fr que le nombre de manuels que compte le système d'enseignement au Maroc s'élève à 390. « Les manuels qui ont connu une révision, ce qui a provoqué ce retard d'édition, sont au nombre de 49 pas plus, le reste est disponible sur le marché », souligne-t-il. «Il y a effectivement un retard d'édition d'une semaine, mais uniquement dans des manuels de 3e et 4e années du primaire, parce que le processus de révision prend un peu plus de temps. Ils seront disponibles la semaine prochaine ou maximum avant le 25 septembre. Les parents nous demandent pourquoi la rentrée est prévue le 5 alors que les manuels ne sont même pas encore disponibles, on leur dit que le 5 septembre, l'élève ne commence pas à étudier directement le contenu des manuels, mais découvre d'abord son école et ses enseignants, fait connaissance avec ses nouveaux camarades. De notre côté on effectue la répartition des élèves dans les classes, etc. Donc on demande aux parents d'être patients », explique-t-il. Interrogé sur le chamboulement que peut provoquer cette révision des manuels chez les élèves, Aderdour nous assure qu'il ne peut être que minime car le curriculum n'a pas changé. «Ce qu'on a fait, c'est qu'on a augmenté le nombre d'heures de français. Une heure a été ajoutée au CP et une heure en 2e année primaire. A cet effet, l'élève du CP étudiera 4 heures de français par semaine, et 5 heures en 2e année primaire ». Dans ce sens, Aderdour nous fait savoir que l'heure de plus ajoutée au niveau de ces deux classes intervient dans le cadre de l'application la nouvelle stratégie pédagogique nationale et la loi-cadre 51.17 relative au système d'éducation qui est rentrée en vigueur et qui « encourage l'ouverture sur les langues étrangères, et aussi parce que la loi-cadre insiste sur le fait que l'étudiant du Bac doit maîtriser l'arabe et aux moins deux langues étrangères. Et cela se construit dès le jeune âge ». Le Directeur de l'AREF de Rabat est également revenu sur l'alternance linguistique qui apparaît également dans la loi-cadre. « Les matières scientifiques sont enseignées en arabe depuis le primaire. Mais cela fait 3 ans que l'alternance linguistique existe. L'année dernière, en 3e année primaire, les enseignants ont intégré un lexique français, afin que l'élève, une fois au collège puis au lycée, détienne d'ores et déjà un bagage français dans ces matières-là. C'est une initiation. Cette année, l'alternance est appliquée dans l'ensemble des matières scientifiques depuis le primaire. Toutefois, les parents qui ne désirent pas que leurs enfants étudient en français, on respecte leur choix. Mais il y a d'autres parents qui souhaitent que leurs enfants étudient depuis le collège les matières scientifiques en français. On a donc ajouté les classes pour enseigner les matières scientifiques en français, à la demande des parents. Cette stratégie ne date pas de cette année, elle n'a pas commencé avec l'entrée en vigueur de la loi-cadre, mais remonte à 2013-2014 », explique-t-il. En outre, Aderdour insiste sur le fait que l'alternance linguistique ne concerne pas uniquement l'enseignement des matières scientifiques en français. Il donne l'exemple d'un établissement à Rabat (lycée Abi Dar AL Ghifari), qui enseigne les matières scientifiques en anglais , mais aussi plusieurs établissements au nord du Maroc, où les parents ont souhaité que leurs enfants étudient ces matières-là en espagnol vu qu'ils maîtrisent la langue. « Donc il ne faut pas dire que la loi-cadre se focalise que sur l'enseignement de ces matières en français, car ils sont enseignés également en anglais et en espagnol, selon le choix des parents et des élèves, que nous sommes tenus de respecter » affirme-t-il.