Dans le cadre de l'entrée en vigueur de la loi cadre 51-17 sur l'enseignement, l'Académie régional de l'enseignement et de la formation (AREF) de Rabat-Salé-Kénitra a lancé, cette fin de semaine, le programme régional de la formation continue en méthodes d'enseignement en langues étrangères au profit enseignants des matières scientifiques dans l'enseignement public. Lors de la rencontre de communication, Mohamed Aderdour directeur de l'AREF Rabat, a indiqué qu'il s'agit, aussi bien pour l'Académie que pour le ministère de l'éducation nationale, d' »un événement d'une grande importance » qui va leur permettre de « partager le bilan de mise en oeuvre des mesures concernant l'adoption des langues étrangères pour l'enseignement des matières scientifiques ». Au niveau de la région Rabat-Salé-Kénitra, ces mesures ont commencé depuis l'année 2014/2015, rappelle Mohamed Aderdour, en parallèle avec l'implémentation des sections internationales du Baccalauréat marocain et le lancement du Parcours International du cycle secondaire collégial en 2017. Ainsi, 2.000 enseignantes et enseignants des matières scientifiques au primaire, collège et lycée ont reçu une formation approfondie en langue française, anglaise et espagnol, tandis que 6.000 enseignants seront formés dans les mois à venir, a expliqué Aderdour à Hespress FR. « Depuis l'arabisation de l'enseignement au Maroc au début des années 90, les enseignants sont partis dans la direction de la langue arabe. C'est pour cela, qu'aujourd'hui il faut absolument qu'ils suivent une formation linguistique afin qu'ils puissent enseigner les matières scientifiques en langues étrangères à savoir le français, l'anglais et l'espagnol ». Il précise à cet égard, que « dans notre région par exemple, on est à 66% des élèves qui étudient les matières scientifiques en français (collège-lycée). Ce qui fait, un recyclage linguistique de nos cadres s'impose. Et aujourd'hui on a évalué ce qu'on a fait lors de la formation des enseignants l'année dernière ». « La rencontre d'aujourd'hui a permis à l'AREF de Rabat d'évaluer le niveau des 2.000 enseignants formés, mais également de mettre en place le programme de formation pour cette année qui va permettre à l'académie de former 6.000 enseignantes dans les prochains mois, à raison de 6H de formation/semaine. « Tout cela a été fait avec, bien-évidemment, le soutien du ministère de l'éducation national, mais aussi l'institut français du Maroc et le British Council qui nous ont beaucoup aidés. Et la rencontre d'aujourd'hui, où nous avons délivré aux enseignants formés leur diplôme, est un message qui j'espère mettra fin au débat sur le niveau linguistique des enseignants, que les académies du Royaume accompagnent avec des formations tout au long de leur parcours ». Cette initiative permettra à l'AREF de Rabat « d'estimer le bilan à sa juste valeur tant important que satisfaisant du volet de la consolidation de l'enseignement et de l'apprentissage des Langues étrangères dans la région et la valorisation des acquis au niveau des formations au profit des enseignants des matières scientifiques (mathématiques, sciences, physique-chimie). Cela permet de même de relever le défi de la qualité de la formation continue et l'encadrement avec le perfectionnement pérennisé de l'action des acteurs pédagogiques dans la région, tout en ciblant l'acquisition des compétences linguistiques et professionnelles nécessaires pour la pratique enseignante en langues étrangères », ajoute notre interlocuteur. La formation en langue française des enseignantes et enseignants cadres des AREF a été assurée par l'Institut français du Maroc (IFM), partenaire de longue date des AREF. Philippe Milloux, attaché de coopération éducative au sein de l'institut français du Maroc a déclaré à Hespress Fr que le partenariat avec l'AREF existe depuis longtemps et il se met sur place à différents niveaux et de façon régulière. « On a environ 5.000 à 6.000 enseignants de nos collègues marocains qui viennent à des formations mises en oeuvre par l'institut français, soit à la carte soit des formations qui sont faites sur des modules qui existent déjà. C'est une action qui est régulière. Et depuis 2018, nous avons mis en oeuvre un programme qui s'appelle ASTRE, qui est en direction des enseignants des disciplines non linguistiques de ce qu'on appelle les DNN, afin de les aider à enseigner dans leurs classes en commençant depuis le lycée puis le collège et maintenant on arrive au primaire, à savoir l'enseignement des matières scientifiques dans la langue de molière », a-t-il confié à Hespress Fr. Tout en rappelant que les enseignants qui seront formés « sont déjà à un nombre important : 33.000 », il a fait savoir qu'un test « Evalangue », a été opéré sur un peu plus de 4.025 au mois de février, et parmi ces 4.025 enseignants les directeurs des AREF ont choisi de monter des groupes pour qu'une formation de 30h intensives ait lieu entre juin et juillet. Et ce faisant, nous avons pu toucher 1.500 enseignants dans un temps très court. Rabat, c'est par exemple 10 groupes de 165 enseignants qui ont pu bénéficier de cette formation », a t-il détaillé. Interrogé sur le niveau des enseignants évalués avant le début de leur formation, Philippe Milloux, relève que le niveau était plutôt bon dans le sens où « on est dans un pays où le français est une langue qui est présente du fait de notre histoire commune et l'amitié entre nos deux pays. On part du niveau débutant A1 et on a jusqu'au niveau expert D2, et donc sur les 4.000 ont a eu à peu près les deux tiers qui se situaient dans le niveau intermédiaire, voire supérieur ce qui fait qu'ils sont tout à fait outillés pour pouvoir enseigner dans la langue cible. Ensuite, les enseignant sont extrêmement motivés d'après ce que j'ai remarqué lors de la formation, parce qu'ils ont besoin d'outils ». Et d'estimer: « Je crois que le métier d'enseignants est celui qui exige que l'on se forme tout au long de la vie et l'initiative de l'AREF de lancer des assises régionales de la formation continue, c'est en effet une excellente initiative que nous allons bien sur continuer à accompagner avec toute notre énergie et notre expertise ». Au final, la bonne formation des enseignants et leur motivation se reflétera positivement sur le niveau des élèves. Aziza Housni, jeune lycéenne en 2e année baccalauréat, sciences mathématiques section française, qui a assisté à la rencontre de communication, a affirmé à Hespress Fr qu'elle n'a pas trouvé une grande difficulté à étudier les matières scientifiques en français. « D'ailleurs, pour ne pas trouver de difficulté après l'obtention de mon bac, j'ai opté pour la section française car comme vous le savez, les matières scientifiques sont enseignées dans le cycle supérieur en français. Lors de ma première année du lycée, nos enseignants nous ont énormément aidés. Quand on ne comprenait pas un mot scientifique en français, il nous l'expliquaient minutieusement. Et avec le temps on s'est adapté », a fait noter la jeune lycéenne.