Les relations entre la France et le Brésil nagent en eaux troubles depuis la réunion du G7. Deux jours qui ont marqué un tournant dans l'accentuation des tensions déjà fortes entre Brasilia et Paris. Le conflit entre les deux capitales n'est pas près de trouver une fin heureuse, car, c'est devant l'ONU que le règlement de compte se fera. Cherchant à asseoir une certaine « souveraineté » et force du Brésil au niveau mondial, à faire de son pays un Etat parmi les leaders, le tonitruant président brésilien surnommé le « Trump tropical » s'est attaqué à un adversaire de taille mais pas des plus redoutables en prenant en grippe son homologue français. Jair Bolsonaro a visé la France, l'un des pays les plus exposés médiatiquement, la deuxième puissance européenne, un pays écouté aux Nations Unies, présent dans toutes les hautes sphères mondiales, mais un pays qui préfère toujours des solutions diplomatiques plutôt que des faces à faces dangereux que seul Donald Trump peut se permettre. Après s'être moqué sur Facebook de la première dame française, l'épouse du président, Emmanuel Macron, après avoir critiqué ce dernier, et après avoir annulé son rendez-vous avec le chef de la diplomatie française pour cause d'un agenda trop chargé alors qu'il se trouvait chez le coiffeur, Bolsonaro en remet systématiquement des couches pour envenimer encore plus la situation. Pour lui, Emmanuel Macron a dépassé ses limites en parlant de l'Amazonie, ravagée par des départs de feux enregistrés par milliers en une seule journée. Jair Bolsonaro qui a été pris à part par son homologue français lors du sommet du G20 à Osaka, pour lui rappeler ses obligations et ses engagements environnementaux signés lors de la COP 21 à Paris, a estimé que la France ne respectait pas la souveraineté du Brésil sur l'affaire des incendies en Amazonie dont Brasilia réclame la souveraineté sur 60% des forêts. Bolsonaro à l'ONU pour tacler Macron Et c'est en ce sens que le président brésilien a affirmé plus d'une fois qu'il n'acceptera l'aide internationale d'un montant 20 millions de dollars collectée par les pays du G7 que si Emmanuel Macron s'excuse et se rétracte. Jair Bolsonaro avait bien fait comprendre au chef d'Etat français que l'Amazonie n'était pas « sa » maison, mais bien celle du Brésil, en réagissant à un tweet d'Emmanuel Macron qui affirmait que la maison de tous les citoyens de la Terre était en train de brûler. « Nous n'accepterons l'aumône d'aucun pays dans le monde au prétexte de protéger l'Amazonie », a réitéré Jair Bolsonaro. Le 24 septembre, alors que le Brésil doit donner le coup d'envoi de l'Assemblée générale de l'ONU avec un discours du président brésilien, Jair Bolsonaro entend bien défendre sa position sur l'Amazonie et continuer ses passes d'armes avec la France, histoire de marquer la rupture officielle. Le président brésilien qui doit subir une nouvelle opération dimanche, la 4ème depuis la tentative de meurtre dont il a été victime l'année dernière avant son élection, compte bien défendre les couleurs jaunes, vertes et bleues devant les Nations Unies. « Je vais me présenter devant l'ONU même si ce doit être en fauteuil roulant ou sur un brancard, je vais y aller parce que je veux parler de l'Amazonie », a-t-il déclaré aux journalistes. Jair Bolsonaro qui se livre désormais à un bras de fer avec la France à cause des mots utilisés par Emmanuel Macron après son investiture, notamment lorsqu'il a souhaité continuer la coopération entre la France et le Brésil dans « le respect de la démocratie » (alors que Bolsonaro est un nostalgique de l'époque de la dictature militaire au Brésil) ou encore lorsqu'il a déclaré que la souveraineté du Brésil sur l'Amazonie restait « une question ouverte », est complètement décidé à aller défendre ses intérêts en Amazonie devant l'ONU et à continuer de jeter de l'huile sur le feu avec Paris. Pour rappel, la dernière trouvaille du président brésilien pour alimenter les tensions avec la France a été d'annoncer un boycott des stylos français BIC au profit d'une marque brésilienne. « Un stylo Compactor, à la place de Bic, fera l'affaire », a-t-il déclaré à des journalistes à Brasilia. Une idée qu'il avait déjà annoncée sur Facebook en déclarant que « maintenant ce sera Compactor, parce que Bic est français ».