La Cour constitutionnelle du Zimbabwe a commencé, mercredi 22 août, à examiner une requête de l'opposition visant à annuler l'élection du président sortant Emmerson Mnangagwa, un recours qui semble toutefois avoir peu de chances d'aboutir malgré les accusations de fraude. Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) accuse le parti au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980, la Zanu-PF, d'avoir truqué le scrutin du 30 juillet, le premier depuis la chute de Robert Mugabe il y a huit mois. Installé à la tête du pays en novembre par l'armée et la Zanu-PF, M. Mnangagwa l'a officiellement emporté avec 50,8% des suffrages et évité de peu un second tour face à son rival du MDC, Nelson Chamisa, crédité de 44,3% des voix. Dans une salle d'audience pleine à craquer dans la capitale Harare, en présence des avocats des nombreuses parties au dossier, le président de la plus haute instance juridique du Zimbabwe, Luke Malaba, a ouvert les débats. « Pour nous, c'est je jour J », a déclaré à la presse un dirigeant du MDC, Morgan Komichi, en arrivant au tribunal. « Nous disposons de tous les éléments pour prouver que notre demande est justifiée: c'est notre parti qui a gagné les élections », a-t-il plaidé. « Notre équipe est prête à défendre votre vote et votre victoire », a renchéri sur Twitter M. Chamisa. YOU WIN, WE WIN & ZIMBABWE WINS…The 'A' legal team minus the SA team who are at court to secure their permits..The team is ready to defend your vote & victory to reveal God's Glory!!#Godisinit pic.twitter.com/56M1PWMGKh — Nelson Chamisa (@nelsonchamisa) August 22, 2018 Le chef de l'Etat, surnommé « le crocodile », a plusieurs fois rejeté les arguments de son adversaire. « J'ai gagné ce procès avant même qu'il ne commence », a-t-il plastronné le week-end dernier. « Ce scrutin a été jugé libre et honnête », a-t-il poursuivi, « pourquoi voulez-vous que je perde ? » Depuis novembre, cet ancien proche de Robert Mugabe a promis de tourner le dos à son régime autoritaire et corrompu et de relancer l'économie d'un pays au bord de la faillite. Mais la sanglante répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition dans les rues de Harare deux jours après le scrutin, qui s'est soldée par six morts, a ravivé le spectre du passé.