Selon le dernier rapport sur l'état du climat mondial en 2018, les concentrations record de gaz à effet de serre entraînent la hausse des températures mondiales qui atteignent des niveaux inquiétants. Au Maroc, cette hausse des températures pourrait se situer entre 2,5 et 3.8°C à l'horizon 2050, selon Nezha El Ouafi. L'Organisation météorologique mondiale (OMM) vient de rendre public son rapport sur l'état du climat mondial en 2018 et la mise à jour sur les événements climatiques extrêmes en 2019. Il a été présenté, samedi à New York, par la présidente de l'Assemblée Générale de l'ONU María Fernanda Espinosa Garcés et le Secrétaire exécutif de l'OMM, Petteri Taalas, lors d'une conférence de presse organisée en marge de la réunion de haut niveau sur «le climat et le développement durable pour tous». Le rapport souligne que les indicateurs clefs du changement climatique sont de plus en plus révélateurs. Il explique que la concentration de dioxyde de carbone, qui était de 357,0 parties par million (ppm) en 1993, première année faisant l'objet de la Déclaration sur le climat, ne cesse de croître, se chiffrant à 405,5 ppm en 2017. Pour 2018 et 2019, les valeurs devraient être encore plus hautes. Vagues de chaleur extrême L'année 2019 a débuté par une douceur record, en moyennes journalières, sur le continent européen, par un froid exceptionnel en Amérique du Nord et des vagues de chaleur extrême en Australie. Quant à l'étendue de la banquise arctique et antarctique, elle est une fois encore bien inférieure à la normale. D'après le dernier bulletin saisonnier de l'OMM sur le climat (période mars–mai), l'anomalie positive affichée par les températures de surface de la mer, en raison notamment d'un épisode El Niño de faible intensité dans le Pacifique, devrait se traduire par des températures supérieures à la normale à la surface des terres, en particulier sous les tropiques. De plus, quelque 4,5 milliards de personnes à travers le monde sont aussi exposées à des événements climatiques extrêmes, comme en témoigne le dernier cyclone dévastateur qui a frappé récemment le Mozambique. Diminution des précipitations moyennes Pour la Secrétaire d'Etat chargée du développement durable, Nezha El Ouafi, c'est l'augmentation des températures et la diminution significative des précipitations constatée au cours des quarante dernières années, qui ont réduit de façon significative les apports d'eau, la recharge des nappes souterraine, les fournitures d'eau d'irrigation et la production hydroélectrique. Mme El Ouafi intervenait, le week-end dernier, lors d'une réunion de haut niveau sur « les liens entre l'eau et l'action climatique », co-organisée par le Maroc dans le cadre des préparatifs au sommet sur le climat en septembre prochain à New York, à l'initiative du Secrétaire général des Nations-Unies. Elle a fait remarquer que les études réalisées en matière de changement climatique et les projections issues de l'utilisation des plateformes disponibles pour le Maroc, décrivent par rapport à la période de référence, une hausse des températures qui pourrait se situer entre 2,5 et 3.8°C à l'horizon 2050 et une diminution des précipitations moyennes qui pourrait être comprise entre 10 % et 15 %. En effet, le changement climatique a accentué la dynamique de pression sur les ressources naturelles en général et a affecté la résilience des écosystèmes forestiers et du secteur agricole à cause notamment de la raréfaction des ressources en eau dont la disponibilité est passée de 2 560m3/habitant/an en 1960 à 730 m3/habitant/ an actuellement. Cette quantité d'eau pourrait chuter à 500 m3 à l'horizon 2030 sous la pression du changement climatique, souligne le secrétariat d'Etat chargée du développement durable. Raréfaction des ressources en eau L'avantage que tire le Maroc de sa position privilégiée et de son littoral de 3500 km, sur lequel sont installées 80% de ses infrastructures industrielles et énergétiques, peut devenir un grave handicap du fait des risques de remontée du niveau marin et de raréfaction des ressources en eau, conséquences probables des changements climatiques. La prise de conscience de cette vulnérabilité s'est confirmée au fil des nombreuses années de sécheresse qui ont frappé le pays à la fin du siècle dernier et ont lourdement affecté l'économie nationale, largement dépendante de l'agriculture, secteur sinistré par cette sécheresse récurrente. Conjuguée à une désertification et à une déforestation de plus en plus accentuées, ainsi qu'à la déplétion de la couche d'ozone et à la pollution des nappes, cette sécheresse, devenue structurelle, constitue un lourd fardeau qui tend à freiner le développement du pays. Le Maroc n'est pas le seul dans la région méditerranéenne à souffrir de la hausse des température. Notre voisin ibérique est aussi confronté à ce phénomène. Selon les résultats d'une étude sur l'impact du changement climatique en Espagne durant les 40 dernières années, réalisée par l'Agence étatique de météorologie (AEMET), la température de la surface de la Méditerranée est en train d'augmenter à raison de 0,34 degré celsius par décennie depuis le début des années 1980. Cette hausse contribue à l'élévation du niveau de cette mer. Une température de plus en plus chaude de la Méditerranée a des conséquences sur les zones côtières des pays, notamment à travers la hausse du nombre des « nuits tropicales », définies comme celles durant lesquelles la température minimale est égale au supérieure à 20°C, constate l'étude. Les quatre dernières années sont les plus chaudes D'après le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, António Guterres, «les données divulguées dans le présent rapport sont très inquiétantes. Les quatre dernières années sont les plus chaudes jamais répertoriées, et la température moyenne à la surface du globe en 2018 était supérieure d'environ 1 °C aux valeurs préindustrielles ». «Ces données confirment qu'il est urgent d'agir pour le climat, comme l'a souligné récemment le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son rapport spécial sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C. Le GIEC fait valoir que pour limiter à 1,5 °C le réchauffement du climat, il faudra procéder à des transitions rapides et de grande envergure dans les domaines de l'aménagement du territoire, de l'énergie, de l'industrie, du bâtiment, du transport et de l'urbanisme », a observé Guterres. Et d'ajouter: « les émissions mondiales nettes de dioxyde de carbone (CO2) d'origine anthropique devront être réduites d'environ 45 % par rapport aux niveaux de 2010 d'ici à 2030, et il faudra atteindre un «bilan nul» des émissions aux alentours de 2050».