C'est un constat alarmant et une mise en garde des plus sérieuses qu'a lancées une étude conduite par un groupe de chercheurs et publiée, ce mercredi 13 mars dans la revue « European Heart Journal ». Les particules fines se sont avérées être plus menaçantes pour la vie de l'Homme que la cigarette, pourtant longtemps pointée du doigt. En effet, soulignent les chercheurs, « La pollution de l'air pourrait être deux fois plus meurtrière que ce que l'on pensait: Elle est responsable de près de 8,8 millions de décès de par le monde». Entre 40 et 80% de ces décès prématurés sont dus à des maladies cardiovasculaires . Et cela veut dire, estiment-ils, que « la pollution de l'air fait plus de morts chaque année que le tabac, responsable de 7,2 millions de décès en 2015 selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ». Le problème, avancent les auteurs de l'étude, est qu' »on peut éviter de fumer, mais on ne peut pas éviter d'être soumis à un air pollué ». Les auteurs de l'étude estiment donc « urgent » de baisser les seuils d'exposition aux particules fines. En termes plus clairs, l'OMS recommande aux pays la réduction de la pollution de l'air pour atteindre des valeurs annuelles moyennes de 20 μg/m3 (microgramme/m3), pour les particules fines (PM10) et de 10 μg/m3 pour les particules spécifiquement constituées de sulfate, des nitrates et du carbone noir (dites PM2,5). Et pourtant, la limite annuelle moyenne pour les PM2,5 fixée par l'Union européenne est de 25 microgrammes par mètre cube, soit 2,5 fois plus que les recommandations de l'OMS. Bons élèves, mauvais élèves Multiple Coal Fossil Fuel Power Plant Smokestacks Emit Carbon Dioxide Pollution Dans son dernier rapport, l'OMS a indiqué qu'à peu près 90% des habitants de la planète respirent un air pollué. Au cours des 6 dernières années, les niveaux de pollution de l'air ambiant sont restés élevés et plus ou moins stables, avec des concentrations en baisse dans certaines régions d'Europe et des Amériques. Ainsi, les niveaux les plus élevés de pollution de l'air ambiant sont enregistrés dans les Régions de la Méditerranée orientale et de l'Asie du Sud-Est, avec des niveaux annuels moyens dépassant souvent plus de 5 fois les limites fixées par l'OMS. Ce sont ensuite les villes à revenu faible ou intermédiaire d'Afrique et du Pacifique occidental qui sont les plus concernées. Le manque de données relatives à la pollution de l'air est criant en Afrique et dans une partie du Pacifique occidental. En ce qui concerne l'Afrique, les villes transmettant à la base de données des mesures relatives aux particules fines sont plus de deux fois plus nombreuses que dans les versions précédentes, mais ces données ne couvrent que 8 des 47 pays de la région. C'est l'Europe qui concentre le nombre le plus important de villes notifiant des données. En général, ce sont les pays à revenu élevé qui présentent les niveaux de pollution de l'air ambiant les plus faibles, en particulier dans les régions de l'Europe, des Amériques et du Pacifique occidental. Dans les villes des pays européens à revenu élevé, il a été prouvé que la pollution de l'air diminuait l'espérance de vie moyenne de 2 à 24 mois, en fonction des niveaux de pollution. Les pays sub-sahariens sont particulièrement touchés par la pollution ambiante, bien plus que ceux du bassin méditerranéen. Cependant, l'OMS précise que certaines pollutions atmosphériques ne sont pas dues à une activité humaine et peuvent être parfois être causées par des tempêtes de sable. Le Maroc, pas encore clean En dépit de grands efforts déployés à l'échelle gouvernementale pour développer des énergies propres, le Maroc demeure un mauvais élève en matière de pollution de l'air. Ainsi, la capitale économique du Royaume, Casablanca n'a guère amélioré ses performances et affiche un coupable taux de particules fines de 27PM2,5, sachant que dans une intervalle de 26 et 35 PM2,5, la one est jugée à air « très pollué ». Selon les rapports, ce taux peut parfois atteindre, dans le sud du pays, un alarmant 34PM2,5. Pour ce qui est des autres villes marocaines, Benslimane est dans le rouge avec une moyenne de 39 μg/m3, et Fès affiche une moyenne limite de 22μg/m3, Marrakech est à 28 et Meknès à 29. Les seuls bons élèves au niveau du royaume sont Safi et Salé avec des moyennes, de respectivement 9μg/m3 et 13μg/m3. En vue de prendre la mesure de la situation dans chaque pays, l'OMS propose une carte interactive sur la pollution atmosphérique. Il en ressort que depuis 2016, le Maroc stagne dans l'orange, voire le rouge. Un plan stratégique destiné améliorer la qualité de l'air au Maroc, est en phase d'adoption. Il prévoit à l'horizon 2030, la mise en place de nouvelles stations fixes de mesure de la qualité de l'air, qui seront portées à 81, contre seulement 29 actuellement. Qu'est-ce qu'une particule fine ? Il s'agit d'une catégorie de particules en suspension dans l'air ambiant, d'un diamètre inférieur à 2,5 microns.À l'intérieur de cette catégorie dite PM 2,5 (de l'anglais Particulate Matter), on distingue en outre les PM 1 au diamètre inférieur à 1 micron dites ultrafines. Contrairement aux poussières d'un diamètre supérieur, les particules fines sont d'une masse trop faible pour chuter au sol par simple gravité. D'autres facteurs (précipitations, agrégation) sont donc nécessaires à leur sédimentation. Les particules fines peuvent être d'origine naturelle (notamment les éruptions volcaniques) ou liées à l'activité humaine, en particulier les rejets de l'industrie (fumées et poussières) et de l'agriculture intensive, les modes de chauffage par combustion (bois, charbon, fuel...) et les moyens de transport (principalement les gaz d'échappement des moteurs à explosion). Impact sanitaire De par leurs dimensions et leur persistance durable à l'état d'aérosols, les particules fines, et a fortiori ultrafines, s'infiltrent en profondeur dans les voies respiratoires. Selon leur degré de concentration et de toxicité, elles peuvent provoquer à court ou long terme des pathologies qui vont de la simple inflammation aux affections les plus graves. À noter qu'une particule fine agit également comme noyau de condensation, auquel s'agrègent d'autres polluants qui en accentuent encore la toxicité.