Google vient d'indiquer sa volonté de ne pas supprimer une application saoudienne à controverse pour les défenseurs des droits de la Femme. En effet, « Absher » permet d'avoir un suivi en temps réel aux Saoudiens de l'emplacement de leurs femmes. Chose jugée d'esclavagisme moderne par certains groupes. L'application en question est une extension 2.0 des lois et des coutumes de l'Arabie Saoudite concernant le traitement des femmes, notamment pour ce qui est d'être accompagnées ou sous la tutelle de leurs maris ou gardiens légaux. Absher compte ainsi une large base de données de Saoudiennes qui dépendent encore d'un système patriarcal « très restreint ». Cela dit, elle permet d'effectuer d'autres tâches, notamment le paiement de contraventions à distance, de renouveler ou demander certains documents administratifs, ainsi que d'enregistrer les nouveau-nés au registre civil. Ce qui dérange avec Absher, c'est surtout le fait que l'application se veut comme une sorte de chaine virtuelle qui est imposée aux femmes du pays. En effet, Absher permet aux Saoudiens d'indiquer quand et où leurs femmes peuvent se déplacer seules, au sein du pays ainsi qu'à l'étranger, mais surtout de leur interdire tout déplacement en quelques clics. L'application permet ainsi aux autorités de traquer les femmes concernées par les refus de déplacement de leurs tuteurs au niveau des différents aéroports du pays. De plus, une fonction SMS permet aux tuteurs d'être informés en temps réel des aléas de leurs femmes. L'application permet aux tuteurs d'enregistrer le nombre de personnes qui dépendent d'eux, notamment en indiquant leur nom, prénom, numéro de CIN, de passeport, le nombre de journées réservées aux voyages ainsi que le nombre de déplacements permis. Tout roule pour Google Malgré les nombreux appels des activistes des droits de la Femme à ce que l'application soit retirée de Google Play, Google a tout de même décidé de garder Absher sur son catalogue. Cela est justifié selon le géant d'Internet par le fait que l'application « respecte toutes leurs conditions générales d'utilisation ». L'élue démocrate, Jackie Speier, avait en effet adressé une lettre aux DG de Google et Apple, en février dernier, afin de retirer Absher de leurs catalogues d'applications, sauf que cela a été tout simplement refusé, sans commentaire des deux parties. « Cher M. Cook et M. Pichai, À présent, vous avez été informé que vos magasins d'applications proposaient actuellement une application mobile pour le site Web du ministère saoudien de l'Intérieur, Absher. Bien que l'application permette à des millions d'utilisateurs d'effectuer diverses tâches de routine, nous écrivons pour exprimer notre inquiétude face aux fonctionnalités de l'application qui empêchent la libre circulation des femmes saoudiennes et des travailleurs migrants. En envoyant un message informant un "tuteur" masculin lorsque la carte d'identité nationale ou le passeport d'une femme est utilisé dans un aéroport, l'application sert de dispositif de suivi. Dans quelques cas connus, des femmes fuyant la persécution en Arabie saoudite ont dû faire échec à cette demande de quitter le pays et demander asile. En plus de faciliter les atteintes aux droits humains des femmes saoudiennes, l'application permet aux hommes saoudiens de limiter les mouvements des travailleurs migrants qui travaillent pour elles. Human Rights Watch a documenté les abus et l'exploitation de travailleurs domestiques migrants en Arabie saoudite, dont certains équivalent à du travail forcé, à la traite ou à des conditions analogues à l'esclavage. En touchant du doigt une application proposée dans les magasins d'applications de votre entreprise, un Saoudien peut exercer un contrôle quasi total sur les moyens de subsistance de ces travailleurs migrants vulnérables. L'ingéniosité des entreprises technologiques américaines ne doit pas être pervertie pour violer les droits humains des femmes saoudiennes. Les innovations du XXIe siècle ne doivent pas perpétuer la tyrannie du XVIe siècle. Garder cette application dans vos magasins permet à vos entreprises et à vos employés américains d'être des complices de l'oppression des femmes et des travailleurs migrants saoudiens. Nous demandons à vos entreprises de supprimer Absher de vos magasins d'applications. Nous espérons recevoir une réponse de votre part à tous les deux sur les prochaines étapes de votre entreprise d'ici le 28 février 2019 ». Selon des ONG pour la lutte des droits des Femmes, 1.000 Saoudiennes tentent de fuir le pays, et l'emprise de leurs familles, annuellement. Le dernier cas en date est celui de Rahaf Mohammed Al-Qunun, qui avait fui sa famille en Thaïlande, avant d'être recueillie par le Canada sur ordre de Justin Trudeau.