Au Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa – qui a succédé à Robert Mugabe à la suite d'un coup de force de l'armée – a été élu dès le premier tour de la présidentielle avec 50,8% des suffrages, contre le chef de file de l'opposition, Nelson Chamisa, (44,3%) qui a crié à la « triche ». Nelson Chamisa avait revendiqué la victoire avant l'annonce des chiffres officiels. Le président élu Emmerson Mnangagwa avait pourtant promis des élections justes et pacifiques pour ce double scrutin présidentiel et législatif du 30 juillet 2018. Le scrutin de lundi était le premier après la fin du régime de Robert Mugabe, tombé en novembre 2017 après trente-sept ans au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980. Mercredi, l'armée et la police ont maté à Harare une manifestation de l'opposition qui dénonçait des fraudes lors des premières élections de l'ère post-Mugabe. Au moins six personnes ont été tuées, rappelant douloureusement les pratiques du temps de Mugabe. L'action du gouvernement pour faire face aux protestations de l'opposition au Zimbabwe a suscité des appels au calme au plan international. Dans un communiqué, le Département d'Etat américain a invité l'opposition zimbabwéenne à faire preuve de mesure, en acceptant les résultats proclamés vendredi dernier. Quant au vainqueur (50,8% des voix) il a été appelé par le porte-parole du Département d'Etat Américain, Heather Nauer, de « faire preuve de plus de tact dans sa gestion de la situation post électorale« . Après un vote dans le calme, la situation a dégénéré La justice zimbabwéenne n'a pas tranché samedi le cas de la vingtaine d'opposants emprisonnés depuis jeudi, après la victoire contestée du président sortant Emmerson Mnangagwa. Après un vote dans le calme, la situation a dégénéré mercredi quand la police et l'armée ont réprimé une manifestation de l'opposition, faisant au moins six morts. Le lendemain, la police a perquisitionné les locaux du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), arrêtant une vingtaine de personnes, inculpées de violences sur la voie publique. Samedi, 24 personnes dont huit femmes ont comparu devant le tribunal de Harare, qui a renvoyé l'audience à lundi 06 août pour décider de leur éventuelle mise en liberté provisoire. « Ils savent qu'ils sont innocents mais ils veulent juste les punir et nous faire peur », a réagi Gideon Pate, un militant du MDC. De son côté, Emmerson Mnangagwa, 75 ans, joue la carte de l'apaisement. L'élection marque « un nouveau départ » pour « construire un nouveau Zimbabwe pour tous », a-t-il déclaré vendredi. Il a promis une enquête indépendante sur les violences et dénoncé certaines méthodes policières. Il a aussi défendu son élection, assurant qu'elle avait été « libre, juste et crédible ». Sans convaincre Nelson Chamisa, le jeune chef de l'opposition, âgé de 40 ans, qui a de nouveau dénoncé samedi des fraudes. « Nous avons gagné, mais ils ont déclaré le contraire. Vous avez voté et ils ont triché », a-t-il estimé sur son compte Twitter. Le MDC a promis de saisir la justice, assurant avoir des « preuves » des fraudes. Une fois saisie, la justice a 14 jours pour se prononcer. Le vainqueur sera alors investi président dans les 48 heures. Arrivé à la présidence en novembre après un coup de force de l'armée qui a renversé Robert Mugabe, Mnangagwa a légitimé son pouvoir avec ce double scrutin, confortant même sa position à l'Assemblée: son parti a raflé les deux-tiers des sièges lors des législatives. Amnesty International, qui s'est inquiétée de « l'arrestation arbitraire d'au moins 60 personnes », a appelé Mnangagwa à « tenir ses promesses », en « ordonnant aux forces de sécurité de mettre fin à leur campagne brutale de torture, d'intimidation et de suppression de voix dissidentes ».