Suite au départ d'Uber, son concurrent Careem a su remplir le gap laissé sur le marché marocain pour les voitures de transport avec chauffeurs (VTC). Si certains syndicats ont réussi à trouver un accord avec la compagnie, d'autres voient les décisions de leurs confrères de s'allier à la compagnie d'un mauvais œil. Careem a procédé récemment au lancement de ses services à Tanger, devenant ainsi le premier opérateur de son genre à s'installer dans le nord du royaume. L'opérateur VTC est ainsi présent à Casablanca, Rabat et Marrakech, et compte bien étendre son réseau à travers l'ensemble du royaume. Par ailleurs, Careem avait procédé, le 20 juillet, à la signature d'un accord avec deux syndicats de taxis du Maroc, à savoir l'Union Nationale des Taxis (UNT), et le Syndicat démocratique des transports (SDT), à travers lequel, la compagnie s'engage à collaborer de près avec les chauffeurs adhérents aux deux entités. L'accord concernera dans un premier temps la ville de Casablanca. Ainsi, les chauffeurs de l'UNT et de la SDT pourront profiter de formations organisées par Careem pour le développement personnel, mais aussi de bénéficier d'une couverture médicale, partenariats scellés entre Careem et plusieurs institutions financières, sociétés pétrolières, concessionnaires automobiles ou encore opérateurs de téléphonie. Les syndicats se désunissent Malgré le fait que ces engagements ont tout pour plaire sur le papier, certains syndicats du royaume ne semblent pas très chauds face aux promesses de Careem. Contacté par Hespress FR, Mohamed El Harrak, secrétaire général du syndicat des taxis, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), nous a déclaré que l'accord signé entre Careem, la SDT et l'UNT ne représente pas l'ensemble des syndicats de taxis du Maroc. Que ce soit, Careem, Heetch ou tout autre opérateur VTC, personne ne dispose encore des autorisations nécessaires pour exercer son activité au sein du royaume. Il nous a indiqué que les taxis, qui travailleront via les applications mobiles de VTC, devront disposer d'une autorisation spéciale délivrée par la wilaya afin d'exercer, sans quoi, ils seront en situation illégale, ajoutant qu'aucun opérateur VTC ne dispose actuellement des autorisations nécessaires. Pour lui, ce qui dérange dans le deal est surtout le fait que ce dernier a exclu plusieurs syndicats des négociations. Pour lui, le plus important est d'offrir la possibilité aux chauffeurs de taxi d'avoir accès à la couverture sociale. Il nous a déclaré que certains syndicats « ont vendu la mèche en acceptant de travailler avec les opérateurs VTC contre des sommes d'argent. Une honte pour le métier ». Pour El Harrak, Careem ne peut pas exercer au Maroc, du fait que le modèle de la société est basé sur le transport de particuliers par des particuliers que la société gère. Cela est donc contraire aux dispositions du Dahir n° 1-63-260, relatif aux transports par véhicules automobiles sur route. Le syndicaliste nous a déclaré qu'il faut d'abord arranger l'état des taxis et des routes du royaume, avant de penser à passer par des applications mobiles pour transporter les particuliers. Careem serait-il de mauvaise foi ? La situation est très confuse dans ce sujet. En effet, selon Abdelmajid Malhin, secrétaire de l'UNT pour la région Casablanca-Settat, l'accord conclu en juillet avec la société basée à Dubaï ne peut pas être pris pour acquis. En effet, il nous a déclaré que les représentants de la société « ont disparu » de la scène, malgré la poursuite de leurs activités. Ainsi, selon les termes de l'accord, Careem s'engageait à abandonner toute possibilité d'avoir recours à des particuliers pour le transport de particuliers. L'opérateur VTC devrait exclusivement offrir ses services à travers des taxis et des chauffeurs professionnels dans les différentes villes du royaume. Malhind nous a ainsi déclaré que les représentants de la société se sont désistés à poursuivre les dispositions de l'accord, chose due, selon lui, au fait que le management de la société à Dubaï n'était pas pleinement au courant de l'accord. De plus, il nous a déclaré que les deux syndicats signataires n'ont reçu aucune motivation en argent de la part des représentants de Careem au Maroc pour collaborer avec eux. Pour ce qui est du mécontentement des autres syndicats, il nous a déclaré que le royaume compte actuellement 37 syndicats de taxis, et que « malheureusement, on ne peut pas prendre en considération tous les représentants du secteur lors des décisions importantes». Selon ses déclarations, Careem aurait fait preuve de mauvaise foi, chose qui l'a poussé à leur lancer un ultimatum de 15 jours pour se conformer aux dispositions de l'accord, sous peine de l'annuler officiellement au-delà de ce délai.