Une nouvelle flambée des prix frappe de plein fouet les cafés et restaurants marocains. Depuis le 1er avril, le prix du café a enregistré une augmentation brutale de 25 %, une décision qui suscite l'indignation de la Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants au Maroc. Son coordinateur national, Ahmed Boufekrane, a alerté dans une déclaration à Hespress FR sur les conséquences alarmantes de cette hausse, qu'il juge injustifiée et liée à une entente flagrante entre les principaux fournisseurs du marché. « Les sociétés se sont réunies et ont conclu à une hausse de 25 % sur leurs produits« , dénonce Bouferkane. Concrètement, le kilo de café vendu auparavant à 120 dirhams est désormais commercialisé à 150 dirhams. Celui à 160 dirhams est passé à 200 dirhams, et le plus cher, initialement à 200 dirhams, atteint désormais 250 dirhams. Une augmentation linéaire qui n'a épargné aucun produit. Les entreprises concernées justifient cette hausse, dans leur visuel parvenu à Hespress FR, par des facteurs extérieurs : une demande internationale en forte croissance et une baisse de la production dans les pays producteurs. Elles assurent avoir tout mis en œuvre pour absorber cette pression, mais précisent que, afin de préserver la qualité de leurs produits, elles ont été contraintes d'augmenter les prix. Une version que rejette en bloc Ahmed Bouferkane. Pour lui, il n'existe actuellement aucun déséquilibre majeur sur le marché mondial du café. « Nous suivons de près ce qui se passe à l'international, mais aussi dans les pays voisins. En Afrique, par exemple, d'où nous importons, il n'y a aucun problème. Même en Europe, il n'y a pas de tension particulière« , précise-t-il. Il ajoute que les importations marocaines passent essentiellement par la France, où transitent les produits en provenance d'Afrique ou tout autre pays. Ce détour logistique est lui aussi mis en cause. « Les produits africains ou même ceux qui viennent de Colombie passent d'abord par la France avant d'arriver au Maroc, en raison de l'absence d'une station logistique nationale. Cela n'est pas nouveau. Nous avons même demandé qu'il y ait une station de logistique en Afrique, pourquoi pas au Maroc, pour éviter ce détour, mais en vain« , a-t-il souligné. Au cœur de la critique figure surtout l'attitude des sociétés dominantes du secteur, accusées de pratiques anticoncurrentielles. « Il s'agit clairement d'une entente entre ces sociétés. L'augmentation a eu lieu le même jour. Où est passé le Conseil de la concurrence ?« , se demande-t-il. Face à cette situation, la Fédération nationale des cafés et restaurants appelle à une intervention urgente de l'État. Pour Bouferkane, une première mesure concrète serait de revoir les taxes d'importation du café. « Si les taxes sont trop élevées, le gouvernement doit agir. Le café est une matière largement consommée au Maroc, et nous n'arrivons plus à tenir« , relève-t-il. Un appel est également lancé au Conseil de la concurrence, ainsi qu'à l'Association de protection du consommateur, pour qu'ils prennent position face à cette augmentation jugée « abusivement concertée« . Hespress FR a tout de même soulevé une question de fond : le café sera-t-il considéré par le gouvernement comme un produit de première nécessité ? « C'est là que se situe le vrai débat« , tranche-t-il. À ses yeux, la réponse est sans ambiguïté : « Qui consomme donc ces tonnes de café que nous importons ? Moi, par exemple, et je ne fais pas exception, je bois deux à trois cafés par jour. Le café est devenu une matière essentielle dans notre consommation quotidienne, et ce, dans le monde entier. Il comporte d'ailleurs énormément de bienfaits« . Déjà en difficulté depuis plusieurs années, le secteur des cafés et restaurants fait désormais face à une nouvelle menace. « Notre situation est critique, et nous l'avons soulevée à maintes reprises. Cette hausse de prix, c'est l'agonie du secteur« , conclut Bouferkane.