Le hooliganisme continue de tuer le football à petit feu. Les derniers incidents en date prouve que ce fléau n'a pas fini de faire des dégâts au Maroc. En effet, dimanche 22 décembre, des scènes de violence graves ont éclaté entre les supporters lors du match opposant le Chabab Atlas Khénifra et son invité du Kawkab de Marrakech sur la pelouse du stade municipal de Khénifra. La rencontre, qui s'inscrivait dans le cadre de la 10e journée du championnat professionnel de deuxième division a été marquée par des incidents d'une violence sans nom. Cela a commencé lorsque des supporters du Chabab Atlas Khénifra ont envahi le terrain, engageant un échange de jets de pierres avec les fans de l'équipe marrakchie. Une scène qui ternit l'image des supporters du football national. Les forces de l'ordre sont intervenues pour tenter de rétablir le calme après cette intrusion sur le terrain, mais cela n'a pas empêché des blessures parmi les supporters des deux camps. Ces violences ont entraîné une interruption temporaire du match, retardant le début de la seconde mi-temps jusqu'à ce que les forces de sécurité reprennent le contrôle de la situation. La rencontre s'est finalement soldée par un match nul sans but (0-0). Ces événements remettent en lumière le phénomène de la violence dans les stades, soulevant de nombreuses interrogations sur cette problématique qui freine le développement du football dans le pays, notamment à l'approche de grands événements footballistiques. Ce phénomène qui s'est accru depuis des années, prend aujourd'hui des allures dangereuses avec des proportions à chaque match de football. Toutes les villes du Royaume sont concernées, que ce soit à Marrakech, à Tanger, à Safi, à Agadir ou Fès... et ailleurs, toutes sans exceptions sont touchées par ce phénomène. En effet, des meutes d'excités envahissent ou s'approprient des lieux qui initialement sont prévus pour être de fêtes sportives et y sèment peur et terreur sous fond de règlements de comptes, souvent à coups de couteaux, de pierres, de tessons de bouteilles d'alcool et autres armes confectionnées, bravant parfois pour ne pas dire souvent les forces de l'Autorité. Une étude pour mettre en lumière les lacunes à corriger pour mettre fin à ce phénomène Conscients des lacunes du dispositif en vigueur, le Centre d'études sur les droits de l'homme et la démocratie (CEDHD) et le Centre de Genève pour la gouvernance du secteur de la sécurité (DCAF) ont présenté, jeudi dernier à Rabat, une étude intitulée « Gestion sécuritaire de la violence et du hooliganisme dans les stades au Maroc : une approche globale ». Cette étude ambitionne de soutenir l'expérience marocaine en matière de gestion des violences dans les stades en s'appuyant sur les meilleures pratiques internationales. Elle prône une stratégie globale pour lutter contre le hooliganisme et garantir un environnement sportif sûr, intégrant non seulement des mesures répressives, mais aussi des actions éducatives, de sensibilisation et d'amélioration des infrastructures sportives, tout en impliquant l'ensemble des parties prenantes. Parmi les recommandations clés de l'étude, figurent : Renforcer le cadre législatif : coordonner, développer et évaluer les lois relatives à la sécurité dans les événements sportifs, tout en les alignant sur les normes internationales. Promouvoir l'éducation et la sensibilisation : ouvrir des canaux de communication avec les supporters pour bâtir une relation positive entre le public et les acteurs sportifs, en reconnaissant les supporters comme partie intégrante de l'identité des clubs. Le président du CEDHD, Habib Belkouch, a souligné que cette initiative vise à accompagner les grands projets sportifs du Maroc dans leurs dimensions sécuritaire et sociale. Il a insisté sur la nécessité d'adopter une approche ouverte et intégrée en matière de sécurité pour assurer le succès des événements sportifs prévus entre 2025 et 2030. Cécile Lagoutte, responsable des programmes Maroc au DCAF, a quant à elle mis en avant l'importance d'une approche multidimensionnelle basée sur la gouvernance sécuritaire et le dialogue. Elle a souligné que cette étude constitue un outil essentiel pour renforcer les acquis des politiques publiques tout en proposant de nouveaux mécanismes pour mieux faire face au phénomène de la violence dans les stades.